Prise en compte des particules les plus fines et les plus dangereuses, baisse des seuils maximums des polluants : le nouvel indice de qualité de l’air, déployé en France par ATMO ce mardi 5 janvier 2021, a pour but de coller à la réalité sanitaire et de faire réagir les élus et la population
Vous avez sans doute vu au moins une fois ces cartes ou ces petits bonhommes sur les écrans de publicité lumineuse dans votre ville. Ils vous indiquent chaque jour si la qualité de l’air dans votre ville est bonne, moyenne ou mauvaise.
Depuis 1994, cet indice calculé par le réseau de surveillance atmosphérique ATMO, et prenait en compte quatre polluants différents : l’ozone, les oxydes d’azote, le dioxyde de soufre et les particules fines les plus grosses les PM 10. Mais depuis le 5 janvier 2021, son calcul est modifié pour s’adapter à la réalité sanitaire. Désormais il inclut aussi les particules les plus fines, les PM 2,5.
48.000 décès prématurés
Pourquoi les PM 2,5 ?
Ces microparticules seraient les premières responsables des 48.000 décès prématurés en France dus à la mauvaise qualité de l’air, dont 5.000 dans le Grand Nancy. Elles sont principalement émises par les veilles cheminées, et les véhicules à combustion (essence ou diesel) et sont invisibles à l’œil nu. Le souci, c’est qu’elles pénètrent profondément dans nos alvéoles pulmonaires, passant dans le sang, et entrainant avec elles d’autres substances chimiques potentiellement toxiques pour notre organisme, et pouvant déclencher des allergies, de l’asthme, voire des cancers…
Les PM 2,5 sont des particules extrêmement fines, de l’ordre du micron, invisibles à l’œil nu, et qui sont principalement à l’origine des 400.000 décès prématurés en Europe.
Qu’est-ce-que cela change ?
Dans le Grand-Nancy les cartes étaient souvent de couleur "vert clair", signalant une qualité de l’air plutôt bonne. Désormais, les couleurs des cartes risquent de virer au vert foncé (moyen), jaune (dégradé), orange (mauvais) voire même rouge (très mauvais) plus rapidement. Il faut dire que les seuils maximum des polluants ont été abaissés pour permettre d’alerter les habitants et les décideurs, et leur permettre de prendre les bonnes décisions pour tenter de réduire la pollution atmosphérique de leur ville.
Dans le Grand Est, ce sont surtout les villes de Reims et de Strasbourg qui vont passer plus régulièrement dans le rouge. En modifiant l’indice, la France s’aligne ainsi sur les recommandations européennes, et sur le mode de calcul pratiqué par les pays voisins.
Quelles conséquences pour ma ville ?
Grâce à cet indice, qui colle davantage à la réalité de la pollution atmosphérique, les allergologues pourront désormais travailler en amont avec leur patients les plus fragiles, afin qu’ils anticipent leurs traitements, ou qu’ils modifient leur activité physique lorsque l’air est plus pollué.
Mais le but avoué de ce nouvel indice, c’est surtout d’enclencher chez les élus, et les décideurs de nouvelles actions politiques en faveur de la qualité de l’air. Pour la vice-présidente du Grand Nancy, Chaynesse Kirouni, "cet indice est un véritable levier qui va accompagner et justifier la diminution de la place de la voiture en ville". La métropole travaille en effet sur un grand plan vélo, mais aussi sur des zones à faibles émissions, une réorganisation des transports en commun qui "pourraient bien être gratuits les jours de pic de pollution".
Cet indice est un levier pour expliquer l’urgence de mettre en place un plan de circulation des automobile plus strict et des alternatives de déplacement plus douces comme le vélo et un réseau des bus plus efficace.
Objectif 55% de morts prématurés en moins
L’idée est bien sûr de réduire le nombre de malade et de morts prématurés, qui ont un coût humain, social et économique.
Comme l’indique le dernier rapport de l’Union Européenne paru ce vendredi 8 janvier 2021 : le nombre de décès prématurés dus à la pollution atmosphérique pourrait être réduit d’environ 55% en 2030 par rapport à 2005, si les États membres mettaient en œuvre toutes les mesures convenues et annoncées au titre de la législation de l’UE en vigueur sur la pollution atmosphérique. Le rapport souligne également qu’il est possible d’en faire davantage. Il existe en effet de nombreuses mesures de réduction de la pollution atmosphérique dont les avantages seraient supérieurs aux coûts, si elles étaient correctement mises en œuvre.