Novacarb, une des entreprises les plus polluantes de France, installée à Laneuveville-devant-Nancy, va sortir du charbon d’ici 2025 pour produire son bicarbonate de soude. Un virage vertueux obligatoire pour ne pas péricliter.
En novembre 2022, les dirigeants de Novacarb avaient été reçus par Emmanuel Macron avec les 50 entreprises les plus émettrices de gaz à effet de serre de France, le gouvernement les incitant à la décarbonation pour lutter contre le réchauffement climatique. Cette transition énergétique, les responsables de Novacarb disent y penser depuis longtemps, mais il fallait trouver une alternative au charbon pour faire tourner les chaudières nécessaires à la production du bicarbonate de soude. À Laneuveville-devant-Nancy où est installée l'entreprise, ce sont 1.600 tonnes de bicarbonate qui sortent de l'usine chaque jour.
"Notre modèle n'était plus possible, il fallait se réinventer" affirme Benoit Vercherin, directeur Energie et RSE pour Humens, dont Novacarb est une filiale.
La transition a bien été amorcée, car depuis janvier 2023 après deux ans de travaux, une centrale à biomasse remplace désormais deux des six chaudières à charbon.
Un système de cogénération
La centrale à biomasse, qui aura coûté 100 millions d'euros, fonctionne avec des déchets de bois. 50 % d’entre eux sont des traverses de bois de la SNCF, avec qui l’entreprise a passé un contrat pour 25 ans, le reste est constitué de déchets de bois de construction et de mobilier. Et les besoins sont énormes : 135.000 tonnes par an pour produire 115 gigawatts, l'équivalent de la consommation en énergie de 65.000 logements.
"Le bois broyé est acheminé dans la chaudière où il est brûlé à plus de 800 degrés" nous explique Simon Maget responsable énergie chez Novacarb, "la vapeur générée est ensuite utilisée par l’usine pour son procédé de fabrication mais cette vapeur est aussi turbinée pour produire de l’électricité revendue au réseau". Un système gagnant-gagnant qui permet à Novacarb d'amortir en partie l'investissement de la construction de la centrale.
La fin du charbon en 2025 ?
Frédéric Louis est directeur du site de Novacarb qui fonctionne 24 heures sur 24 : "notre objectif est de sortir du charbon en 2025, d'une part pour réduire nos émissions de CO2 et d'autre part car économiquement le système charbon n'est plus viable avec des quotas d'émissions en forte hausse".
Les quotas carbone qui étaient encore de cinq euros la tonne il y a quelques années avoisinent en effet les 90 euros aujourd'hui et devraient atteindre les 100 euros d'ici 2030. Le facteur économique prime ici sur le facteur écologique.
Pour pouvoir fermer les autres chaudières à charbon, une autre centrale va voir le jour d'ici 2025 : Novasteam, une centrale d'énergie combustibles solides de récupération né d'un partenariat avec Suez.
Mais la décarbonation a un prix : 200 millions d'euros pour l'ensemble des installations dont une partie aidée par l'Etat et la région Grand-Est."Notre objectif est de réduire nos émissions de CO2 de 60% d'ici 2025 et d'atteindre la neutralité carbone entre 2035 et 2050".
Une neutralité carbone encore lointaine mais avec la planification d'un mix énergétique, Novacarb va réellement sortir de l'ère des énergies fossiles et décarboner en partie ses activités.