Sonia Heckel, championne d'Europe de boccia, a de très grandes chances de participer aux Jeux paralympiques de Paris. La Nancéienne rencontre néanmoins de vraies difficultés à financer sa préparation. Elle multiplie les actions pour trouver de nouveaux sponsors.
Le 5 avril 2024, Sonia Heckel saura officiellement si elle est sélectionnée pour les Jeux de Paris. Sauf énorme surprise, la championne d'Europe de boccia BC3, devrait être retenue avec l'équipe de France et participer à ses deuxièmes jeux paralympiques, après ceux de Tokyo en 2021.
Éliminée dès le premier tour au Japon, la Nancéienne de 34 ans était rentrée frustrée et bien décidée à tout mettre en œuvre pour briller en 2024. L'été dernier, elle a ainsi choisi de quitter son emploi de secrétaire comptable, pour se consacrer à 100% à la préparation des Jeux.
Numéro 2 mondiale
"Concilier le travail, avec les compétitions et les entraînements, pour moi, c'était beaucoup trop fatigant, explique la jeune femme, atteinte d'une myopathie génétique depuis l'âge de 8 ans. Je n'avais vraiment pas envie de mettre la boccia et les Jeux de côté, c'est beaucoup trop important pour moi".
La Boccia est un sport paralympique à cheval entre la pétanque, le curling et le billard. Sonia, qui ne peut se déplacer qu'en fauteuil électrique, le pratique depuis 2006. Son assistant, Florent Brachet, se charge de monter et d'orienter la rampe depuis laquelle elle propulse ses balles à l'aide d'une tige qu'elle tient dans sa bouche."C'est comme aux échecs : pour battre son adversaire, il faut toujours réfléchir à plusieurs coups en avance. J'aime beaucoup ce côté stratégique !" raconte-t-elle.
Le choix de carrière fait par Sonia s'est avéré payant sur le plan sportif : elle a remporté les championnats d'Europe au mois d'août à Rotterdam, puis une Coupe du monde au Portugal cet automne, avant de terminer l'année 2023 au deuxième rang mondial.
Participer à une compétition en Grèce cet automne, nous a coûté 5 000 euros
Sonia Heckel, championne d'Europe de boccia
Malgré cela, la Lorraine rencontre de grandes difficultés pour financer sa saison et se préparer correctement pour les Jeux. Suite à sa rupture conventionnelle, elle vit aujourd'hui grâce à ses allocations chômage et adultes handicapés (AAH). Mais la pratique de son sport lui coûte cher.
"La boccia est affiliée à la Fédération française handisport (FFH) qui n'a pas beaucoup de moyens. Pour les compétitions de référence (championnats du monde, d'Europe et Jeux paralympiques), nous sommes pris en charge à partir de Paris, mais avec mon fauteuil et mon matériel, je suis contrainte de prendre un taxi pour rallier la capitale et cela me coûte près de 1 000 euros à chaque fois, détaille Sonia. Le reste du temps, nous devons presque tout payer de notre poche. À titre d'exemple, participer à une compétition en Grèce cet automne, nous a coûté 5 000 euros".
Des aides insuffisantes
Depuis plusieurs saisons, Sonia ne perçoit plus d'aide personnalisée de la part de l'Agence nationale du sport (ANS), qui a durci ses critères d'attribution. Pour financer ses voyages, elle est soutenue au coup par coup par les comités handisports du Grand Est et de Meurthe-et-Moselle. Elle perçoit également une dotation annuelle de la part du Département (1 500 euros) et la Région (1 500 euros). Mais cela ne suffit pas.
Il y a quelques mois, Sonia Heckel et Florent Brachet ont donc lancé un appel sur les réseaux sociaux pour trouver des sponsors. Quelques entreprises de la région ont répondu favorablement, mais cela reste limité.
Une soirée pour attirer des mécènes
"Si je suis sélectionnée à Paris pour la compétition par équipe, il va falloir que je m'entraîne avec mon coéquipier, qui viendra soit de Bretagne, soit du nord de la France, explique-t-elle. Nous aurons des rassemblements avec l'équipe de France, mais si nous voulons viser le podium, il faudra qu'on organise des stages pour travailler ensemble et cela va coûter de l'argent".
Pour attirer de nouveaux mécènes, Sonia va passer à la vitesse supérieure. Le 16 avril, dans la salle des fêtes de Gentilly à Nancy, elle participera avec deux autres athlètes paralympiques à une soirée organisée par le comité départemental handisport. Une soirée qui vise à sensibiliser des entreprises ou des particuliers à son projet sportif, en espérant les voir sortir leurs carnets de chèques.
"L'idée, c'est de nouer de nouveaux partenariats pour me placer dans les meilleures dispositions en vue des Jeux, mais aussi pour pérenniser ma carrière sportive, assure-t-elle. Les conventions avec mes sponsors actuels s'achèveront pour la plupart après Paris et pour continuer la boccia à haut niveau, il faut aussi que je prépare l'avenir."
Un avenir sportif qui pourrait devenir un peu plus simple, si Sonia décroche l'or paralympique à l'Arena Sud de Paris début septembre.