VIDEO. Pénurie d’eau : comment s’organise l'industrie lorraine face à la baisse de la ressource ?

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L'usine sidérurgique Saint-Gobain (Pont-à-Mousson) investit pour réduire ses prélèvements d''eau dans la Moselle ©Emmanuel Bouard/Mohamed Errami/France 3 Lorraine

Le gouvernement a annoncé lundi 21 août 2023 qu'il compte mettre en place "un dispositif d’accompagnement ciblé de 50 sites à forts enjeux eau". Deux industriels lorrains figurent dans la liste : ArcelorMittal (Florange) et Saint-Gobain (Pont-à-Mousson). Pour les deux groupes sidérurgiques, il s'agit de réduire les prélèvements hydriques, qui servent principalement à refroidir leurs outils de production.

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Le gouvernement veut inciter les industriels à mieux gérer leur consommation d'eau : c'est ce qu'a affirmé Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique lundi 21 août 2023.

Son activité l’oblige : Saint-Gobain produit à Pont-à-Mousson des tuyaux de canalisation en fonte pour l’eau potable et l’assainissement. Difficile de ne pas vouloir être vertueux en la matière ! Neill Mac Donald, directeur adjoint R&D développement durable du groupe indique que si les prélèvements sont massifs, de l’ordre de trois millions de m³ par an, l’industriel en rejette la quasi-totalité. Selon nos informations, le ratio serait de 90%. PAM pompe dans la Moselle, mais l’activité n’est pas en soi consommatrice d’eau, puisqu’elle n’intervient pas comme matière première des produits élaborés sur le site.

La ressource hydrique est utilisée pour refroidir les installations en contact direct avec la fonte liquide, soit le haut-fourneau et le four électrique : "on monte à 1500 degrés, donc il faut beaucoup d’eau, mais on fonctionne en circuit fermé. Nous la récupérons et la réinjectons dans le circuit plusieurs fois". Le responsable affirme que des efforts conséquents ont déjà été effectués pour réduire de 75% les prélèvements, et que l’objectif dans les années à venir est de les réduire encore de 50%.

La lutte contre les fuites du réseau interne figure aussi au programme des investissements qui vont surtout se concentrer sur le site de Foug : le groupe veut remplacer son cubilot alimenté en charbon par un four électrique tout neuf en 2025, qui intégrera également un circuit de refroidissement fermé. "Toutes les aides sont les bienvenues" explique Neill Mac Donald, "qu’elles soient financières, ou dans le montage des dossiers. Nous avons pris l’initiative il y a quelques années, et nous continuerons à réduire nos prélèvements".

ArcelorMittal et la neutralité carbone en 2050

Le cas d’ArcelorMittal (AM) est un peu plus complexe car l’activité du numéro 1 mondial de l’acier à Florange diffère totalement. Le groupe lamine d’abord à chaud des brames qui viennent notamment de Dunkerque. Un mélange d’eau et d’huile sert à refroidir les cylindres. Lors du laminage à froid des bobines d’acier utilisées ensuite dans l’industrie automobile, ArcelorMittal utilise également la ressource hydrique lors des différentes phases de traitement de la tôle.

Dans le dossier de presse du gouvernement, il est écrit que "le site d’ArcelorMittal à Florange est un grand consommateur d’eau (environ 9 millions de m³ par an)". Il prélève en grande majorité des eaux de surface dans la Moselle, mais aussi des souterraines dont les eaux d'exhaure des anciennes mines de fer à Fontoy. L'industriel nous précise que "plus de 70% des volumes prélevés sont restitués au milieu : rejets dans les cours d’eau après traitement".

AM affirme avoir déjà procédé à plusieurs actions dont "le recyclage d’environ 30% de l’eau prélevée, soit environ 3 millions de m³ par an, la réduction de plus de 20% des volumes prélevés entre 2018 et 2022, en lien avec des optimisations de procédés, des chasses aux fuites et une sensibilisation accrue du personnel, la réalisation de diagnostics eau, et l’obtention de la certification RSE Responsible Steel dont la gestion planifiée de la ressource eau est un des piliers".

L’industriel devrait mettre en place les "leviers d’efficacité hydrique et projets" suivants : "l’optimisation des cycles de lavage des équipements de filtration de l’eau de Moselle, une utilisation différenciée des ressources superficielles / souterraines pour réduire les tensions lors des périodes de sécheresse et des études pour l’augmentation du recyclage des eaux de rejets internes en lieu et place de l’eau industrielle".

Pour ArcelorMittal, l’enjeu en termes d’image est également très fort. D'abord parce qu'il doit faire oublier les épisodes de pollution de la rivière Fensch, pour lesquelles l'Etat l'avait plusieurs fois mis en demeure.

Ensuite parce que le groupe est engagé massivement sur le front des réductions d'émissions de CO2 en Europe. Sur son site internet, le troisième onglet est entièrement dédié aux efforts du groupe en matière de neutralité carbone. Il détaille l’ensemble des initiatives que le sidérurgiste veut mettre en œuvre sur le continent pour y parvenir en 2050. Ces projets de rupture technologique, comme la captation et l’enfouissement du CO2, ou l’utilisation de l’hydrogène pour la réduction directe du minerai de fer, sont également financés avec de l’argent public : les dix milliards d’investissements nécessaires seront couverts pour moitié par des subventions selon nos confrères des Echos.

Si la gestion de la ressource hydrique est un enjeu pour PAM comme pour ArcelorMittal, les prélèvements dans le Grand Est sont surtout le fait du secteur de l’énergie avec près de 293 milliards de m³ d’eau prélevés chaque année en moyenne selon une étude de la région Grand Est sur la période 2012-2017. Sur la même période, l’industrie dans le Grand Est n’en a prélevé que 702 millions de m³ par an. Une goutte d’eau.

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