Pénurie de carburant : inquiétude des professionnels du tourisme à l'approche des vacances de la Toussaint

La crise des carburants se poursuit en France. Dans les Vosges, elle fait craindre à certains professionnels du tourisme des vacances de la Toussaint moins prometteuses que les années précédentes. Les clients français et étrangers hésitent à venir, quand d’autres préfèrent tout simplement annuler leurs réservations.

Selon les résultats d’une étude publiée début octobre par la plateforme de location saisonnière Abritel, un tiers des Français envisageait de partir en vacances à la Toussaint. Notamment dans le département des Vosges, classé, par ce site web, dans le top 15 des destinations préférées pour cette période.

Mais c’était sans compter la crise actuelle des carburants en France qui se poursuit depuis plusieurs jours et qui fait craindre aux professionnels du tourisme une baisse des réservations, voire même des annulations.

On est à 20% de réservations pour ces prochaines vacances, alors que d’habitude, à cette période, on est pas loin des 100% de remplissage

Laetitia Bourgeois, cogérante Hôtel des bains

C’est d'ailleurs le cas à l’Hôtel des Bains de Gérardmer. Dans cet établissement situé à deux pas du centre-ville, Laetitia Bourgeois a reçu dernièrement plusieurs appels de clients qui ont déjà fait marche arrière. "Ils ont peur de ne pas avoir d’essence pour venir, ou pour repartir. La première question que les gens posent c’est : est-ce qu’il y a de l’essence chez vous ?", explique la cogérante de ce logis de 29 chambres, dont seulement une quinzaine est louée pour la Toussaint, soit presque la moitié toujours en attente de trouver preneurs. "On est à 20% de réservations pour ces prochaines vacances, alors que d’habitude, à cette période, on est pas loin des 100% de remplissage", nous confie-t-elle.

Dans cette commune de la région Lorraine, surnommée "la Perle des Vosges", les touristes viennent pour profiter des activités de montagne ou admirer le lac d’origine glaciaire à 660 mètres d'altitude. C’est sans doute ce que recherche la clientèle de l’Hôtel des Bains en séjournant dans ce bâtiment qui jouit d’un emplacement stratégique à proximité du lac, des commerces et à quelques minutes seulement des sentiers de randonnées.

Sa codirectrice espère donc rapidement une amélioration de la situation, pour son chiffre d'affaires mais aussi pour son personnel. "Il faut que ça s’arrête. On comprend les revendications des grévistes mais cette grève a trop de répercussions. On a des employés par exemple qui n’habitent pas Gérardmer et qui commencent à nous dire qu’ils ne savent pas comment ils vont pouvoir faire, pour venir travailler sans essence", raconte Mme Bourgeois.

Et la responsable n’a pas besoin d’attendre les premières vacances scolaires de l’année 2022-2023 pour constater cette tendance négative sur son carnet de commandes. Même si la météo de cet automne est plutôt clémente, elle confirme que "généralement quand il fait beau, le téléphone sonne, mais là c’est calme."

Un "effet carburants"

Par téléphone ou en accueil physique, la question sur toutes les lèvres est la même : "Est-ce que les stations sont à secs chez vous ou pas ?", demandent les curieux aux deux bureaux de l’office de Tourisme du département.

Qu’il s’agisse de son agence de Gérardmer ou bien encore de celle du Tholy, le centre d'information touristique de ce territoire constate dans ses locaux une baisse de 20% d’affluence du public ces derniers temps. "C’est certainement l’effet carburants. Les gens hésitent à prendre la voiture pour les loisirs", rapporte Jean Le Gehin, le responsable accueil chez Gérardmer Hautes-Vosges Tourisme. "On sent qu’il y a quand même un frein psychologique par rapport à ça“, affirme le professionnel.

Un "effet carburants" comme il l'appelle et qui a plus d’impact pour le moment sur le "tourisme de journée" et ses touristes de proximité qui privilégient un lieu de vacances pas très loin de chez eux, nous précise-t-il.

Par rapport à celle de l’année dernière, la saison de la Toussaint 2022 enregistre d’ores et déjà des baisses de fréquentation à venir. De moins 4% sur la première semaine, celle à partir du 22 octobre prochain, et de moins 7% sur les jours suivants jusqu’au 7 novembre, selon Hautes-Vosges - Gérardmer.