Pesticides : "aujourd'hui, des intérêts économiques veulent la peau du plan Écophyto", déclare le député PS Dominique Potier

Le député Dominique Potier dénonce la décision du gouvernement de "mettre en pause" le plan de réduction de l'usage des pesticides. Cette décision, censée calmer la colère des agriculteurs, aura pour l'élu de graves conséquences pour l'environnement et la santé publique.

Parmi les concessions faites aux agriculteurs en colère, le gouvernement a annoncé jeudi 1ᵉʳ février 2024 "mettre en pause" le plan Écophyto qui vise à réduire de 50 % l'usage des pesticides d'ici à 2030. Dominique Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle, dénonce un recul préjudiciable pour la santé publique et les agriculteurs eux-mêmes : "c'est une immense tristesse. J'observe qu'il est plus facile de faire de la démagogie sur l'écologie que de s'attaquer au désordre économique". 

L'élu connaît bien le dossier. Il a été membre de la Commission d'enquête parlementaire sur l'usage des pesticides. Dans son rapport rendu public le 21 décembre 2023, elle pointe la responsabilité des industries de la pétrochimie et de l'agroalimentaire dans l'échec de la mise en œuvre d'un plan de réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires : "il y a un mouvement libéral qui veut s'affranchir de toutes normes et casser le pacte qui unit la Nation à l'agriculture. Il y a aujourd'hui des intérêts économiques qui, clairement, veulent la peau du plan Écophyto".

Décidé en 2008, ce plan qui devait réduire de 50 % l'usage des pesticides à l'horizon 2018 est allé d'échec en échec. Pire, au lieu de diminuer, leur utilisation a augmenté de 5 % par an entre 2009 et 2013 selon l'indicateur officiel "NODU" ( NOmbre de DOses Unités). Le rapport pointe aussi la responsabilité des décideurs politiques qui seraient influencés par "la puissance de lobbying" des industriels.

Nous allons remettre sur l'ouvrage le plan Écophyto , le mettre donc en pause, le temps d'en retravailler un certain nombre d'aspects, de le simplifier.

Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture

Pour Dominique Potier, la transition agroécologique passe par une remise en question du modèle de production agricole actuel, une réorganisation des marchés et de l'attribution des aides publiques : "ce plan, c'est la santé de la terre, des hommes et parmi les premiers exposés, celle des paysans et des paysannes. Elles sont les premières victimes de ces pesticides. On marche sur la tête, au contraire, on devrait consolider le plan Écophyto, le réarmer pour reprendre le mot du Président de la République".

Pour l'élu, il faut des indicateurs de marché plus forts pour récompenser les producteurs qui font des efforts en matière de qualité et de respect de l'environnement. 

On peut appuyer sur "pause" pour le plan Écophyto, mais on ne fait pas "pause" sur le dérèglement climatique, ni sur les atteintes à la santé publique, ni sur l'effondrement de la biodiversité.

Dominque Potier, député PS de Meurthe-et-Moselle

Face aux protestations des écologistes et des ONG environnementales, la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot a annoncé, que la pause a pour but de "sortir de l'écologie punitive", tout en reconnaissant l'inefficacité des plans successifs depuis quatorze ans.

Elle précise que : "le gouvernement travaille sur le plan Écophyto 2030, mais souhaite se poser un mois de plus pour faire en sorte qu'il soit parfaitement compris, dans le cadre d'un accompagnement et pas d'une punition". Cette pause est aussi l'occasion de définir un nouvel indicateur pour mesurer l'usage des molécules par les agriculteurs. L'indicateur NODU actuellement en vigueur est très contesté par la FNSEA.

Lutter contre les concurrences déloyales

Dominique Potier ne veut surtout pas que cette décision du gouvernement entraîne une démission des agriculteurs engagés dans la transition agroécologique, car dit-il, "ce sont eux qui ont raison et ce n'est pas aux paysans seuls de payer la facture de la transition agroécologique. On peut appuyer sur "pause" pour le plan Écophyto, mais on ne fait pas "pause" sur le dérèglement climatique, ni sur les atteintes à la santé publique, ni sur l'effondrement de la biodiversité".

Le parlementaire est convaincu qu'il est possible de concilier la lutte contre le dérèglement climatique, contre l'effondrement de la biodiversité, une production de qualité pour tous avec le revenu des paysans. Il entend aussi lutter contre les concurrences déloyales. Il a déposé, avec quatre-vingts députés, une proposition transpartisane de lutte contre l'importation de pesticides dans des produits alimentaires qui viennent de pays tiers. 

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