Le procès de l’assassinat du père Jacques Hamel continue à la Cour d’assises spéciale de Paris. Le Nancéien Farid Khelil est le premier des accusés à être auditionné sur les faits, mercredi 2 mars 2022.
La parole est à la défense. C’est le début, ce mercredi 2 mars 2022, de l'interrogatoire des accusés au procès de l'assassinat du père Jacques Hamel. Le prêtre a été assassiné le 26 juillet 2016 dans son église de Saint-Etienne du Rouvray, près de Rouen (Seine-Maritime). Les deux jeunes djihadistes de 19 ans, Adel Kermiche et Abdel Malik Petitjean, avaient été abattus par les forces de l'ordre.
Six ans après le meurtre du prêtre, la cour décortique l’attaque terroriste. Au total, quatre membres de l'entourage des assaillants sont jugés pour complicité d'assassinat et association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste. Rachid Kassim est le grand absent de ce procès, présumé mort en Syrie. Il est considéré comme l’instigateur de l’attentat.
Farid Khelil est le premier à venir s’expliquer à la barre, mercredi 2 mars. Il est le cousin du terroriste Abdel-Malik Petitjean. L’accusé vit dans la banlieue nancéienne entre Liverdun, Vandoeuvre et Heillecourt. La cour lui reproche d’avoir été au courant des projets terroristes de son cousin.
Une rétrospective de son parcours
Plus de quinze jours après l'ouverture du procès, le jeune homme de 36 ans reconnaît les faits qui lui sont reprochés. Il est incarcéré depuis cinq ans et demi. "Je me vois comme quelqu’un avec un grand cœur, je n’ai jamais eu d’a priori sur les personnes quelle que soit leur religion", confie-t-il. Il assure n'avoir reçu aucune éducation religieuse dans son enfance.
En mai 2016, Farid Khelil est en difficulté sentimentale et professionnelle. Il se tourne vers son père, qu'il n'a pas vu pendant dix ans. Ce dernier a insisté pour que son fils "prie, fasse le ramadan". Abdel-Malik Petitjean lui a parlé également de religion. "Il se réjouissait des attentats. Il disait que c’était normal parce que les armées occidentales font la même chose là-bas (en Syrie/Irak)".
L’enquête se concentre également sur la messagerie cryptée Telegram. Le 25 juillet 2016, Abdel Malik Petitjean qui a rejoint Adel Kermiche à Saint-Etienne du Rouvray, envoie un message à son cousin dans lequel il annonce qu'il veut faire un "crac boum badaboum". Khelil explique qu’il se définissait comme tel par mimétisme avec Petitjean.
L’ancien chauffeur routier est également soupçonné d’avoir voulu rejoindre la Syrie. Il avoue "y avoir pensé mais je ne l’aurais jamais fait. C’était un fantasme" Le jour de l’attentat, l'accusé se rend au commissariat de Nancy pour indiquer qu’il détient des informations sur un attentat en préparation en région parisienne. Il dit ne pas savoir qu’un attentat a eu lieu le matin même à #SaintEtienneDuRouvray.
Farid Khelil risque jusqu'à 30 ans de réclusion criminelle.