Ingride Jesus Van Der Kellen a été condamnée ce vendredi 13 décembre à 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté de 15 ans. Elle était jugée devant la Cour d'assises de la Meurthe-et-Moselle pour le double meurtre de ses enfants en 2022.
Ingride Jesus Van Der Kellen a été reconnue coupable d'un double infanticide. Elle a été condamnée ce vendredi 13 décembre à 30 ans de réclusion criminelle, assortie d'une peine de sûreté de 15 ans. Elle était jugée devant la Cour d'assises de la Meurthe-et-Moselle pour le meurtre de ses deux enfants en 2022, âgés de 8 mois et de 2 ans et demi.
Elle n'a pas bénéficié de circonstances atténuantes. Le trouble psychique altérant le discernement au moment des faits n'a pas été reconnu par la Cour. Elle écope de la peine maximale, celle qui a été requise par l'avocate générale. Ingride Jesus Van Der Kellen a maintenant 10 jours pour faire appel.
"En matière d'infanticide, c'est une peine qui doit s'envisager", a estimé l'avocate générale ce vendredi après-midi, qui indiquait requérir cette lourde peine pour la première fois de sa carrière. "C'est normal pour un infanticide, et a fortiori pour un double infanticide ! Un enfant n'est pas censé rester éternellement un enfant (...) et pourtant Emma n'aura jamais trois ans, Edwin ne marchera jamais. C'est une peine qui doit s'envisager", a ajouté Elise Pincet.
Juste avant que la cour ne se retire, vers 14h30, Ingride Jesus Van Der Kellen s'est adressée à l'assemblée pour ses dernières paroles : "Je demande pardon à toute ma famille, de vous avoir privé de la vie de mes enfants." Elle confesse : "J'ai aimé mes enfants, je ne sais pas pourquoi j'ai commis un tel acte, je ne le comprendrai jamais".
Pourquoi Ingride Jesus Van Der Kellen est-elle passée à l'acte ?
L'avocate générale admet deux hypothèses : la mère avait l'intention de se suicider et de ne pas abandonner ses enfants, ou souhaitait ainsi atteindre leur père. Elise Pincet s'engage alors dans une démonstration à l'issue de laquelle elle tranche : "Au moment où elle tue ses enfants, elle gagne", estimant que l'accusée cherchait à faire souffrir Jean, son compagnon. Le passage à l'acte relève de la logique criminelle, d'après le ministère public qui ne retient pas l'abolition ou l'altération du discernement.
Jeudi, les experts psychiatres avaient rendu des avis opposés sur l'accusée, ancienne chercheuse de 37 ans, titulaire d'un doctorat en sciences. L'un des psychiatres estimait que son discernement était aboli au moment du passage à l'acte, ce que contestait le second expert. Le 15 février 2022, l'accusée avait été interpellée au volant par les gendarmes, alors qu'elle venait d'étrangler ses deux enfants de neuf mois et deux ans et demi, récupérés à la mi-journée à la garderie.
Une mère fragile et alcoolique
Auparavant, elle avait essayé d'assommer son conjoint avec un marteau, après qu'il lui eut annoncé son intention de quitter le domicile familial avec les enfants en raison de l'alcoolisme de la mère de famille.
Très fragile psychologiquement, l'accusée a fondu en larmes régulièrement au long des débats. Affirmant vouloir se suicider, elle n'avait pas pu aller au bout de son interrogatoire mercredi. Des soignants avaient dû intervenir et lui administrer un calmant.
Son ex-compagnon était venu témoigner mardi. "Mes enfants me manquent, tous les jours", avait-il déclaré, les traits marqués. Depuis deux ans, il a perdu 15 kilos et abandonné sa thèse.