Quand le travail devient détestable, le burn out est-il inévitable ?

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Quand le burn out survient. ©reportage Grégory Boileau / Eric Bertrand

Le burn out est un diagnostic de plus en plus souvent posé. Un mal-être au travail qui ne se cache plus. En 2022, près d'un salarié sur deux a fait l'objet d'un arrêt maladie et l'absentéisme est en large hausse. Enquêtes de région, notre magazine d'actualités, fait le point sur ce mal du travail et les solutions proposées.

Les chiffres sont implacables : en 2022, près d'un salarié sur deux a fait l'objet d'un arrêt de travail. Les causes de ces arrêts sont multiples, mais les médecins sont de plus en plus souvent amenés à poser des diagnostics de burn out. Cette hausse des arrêts maladie et par conséquent de l'absentéisme qui en découle touche toutes les tranches d'âges, mais elle est spectaculaire chez les moins de 40 ans. Les plus jeunes salariés cherchent davantage que leurs aînés un sens et une reconnaissance dans leur travail. 

Voici trois raisons de regarder notre nouveau magazine Enquêtes de région intitulé "Peut-on être heureux au travail ?", avec notamment un reportage de Grégory Boileau et Eric Bertrand sur le burn out. 

Voici le lien vers le magazine complet

1. Pour admettre que ça peut arriver à tous

C’est une reconstruction lente et difficile  : devoir se relever après avoir sombré. Tiphaine a été victime d’un burn out, un épuisement professionnel. Pendant deux ans, cette ancienne responsable commerciale a multiplié les déplacements sur plusieurs départements. Elle a surtout vu son métier évoluer avec des tâches de plus en plus importantes et des journées sans fin. 

Maman, tu es plus souvent à la maison, mais tu n'es jamais avec nous, tu es tout le temps au travail

la fille de Tiphaine

"Au bout de six à huit mois, explique Tiphaine, les actions qu'on me demandait ont commencé à être un peu différentes. Ils nous ont imposé des réunions le vendredi après-midi, de plus en plus de tableurs Excel, de dossiers à rendre. Je n'arrivais pas à les rendre à échéance. Je me suis mise à travailler le samedi et le dimanche. Ma fille m'a dit "Maman, tu es plus souvent à la maison, mais tu n'es jamais avec nous, tu es tout le temps au travail"". Un électrochoc pour cette mère de famille.

Peu à peu, Tiphaine ne parvient plus à gérer son travail et sa vie personnelle. La jeune femme de 35 ans, mère de trois enfants, est de plus en plus fatiguée, et les crises d’angoisse se multiplient. 

Elle poursuit "quand j'ai envisagé de changer de travail, mon corps a dit stop. Je suis tombé à neuf de tension et j'ai commencé à avoir des nausées et des vomissements. Mon médecin, qui me connait bien, m'a dit "je ne te reconnais pas ; qu'est-ce qui se passe ?". Le diagnostic de burn out est posé.

Vont suivre plusieurs semaines d’arrêt de travail avant de partir se reconstruire dans une structure spécialisée, un centre médico-psychologique.

2. Parce que les mots ont un sens et qu'il ne faut pas les faire mentir

Bienveillance, le mot est tellement entendu, tellement galvaudé dans le milieu professionnel, qu'on ne sait plus très bien à quoi il fait référence. Il ne suffit pas de le brandir en étendard pour qu'il prenne son sens. La cohérence entre les actes et les paroles des uns et des autres n'est pas toujours au rendez-vous dans l'entreprise.

Gilles Caumont, président du MEDEF 54 précise de son côté "on est dans une optique d'améliorer les conditions de travail, de réduire les accidents, d'améliorer la fameuse qualité de vie au travail (autrement nommée QVT). Mais je ne suis pas sûr que ça suffise. Il y a un problème complémentaire de la place du travail par rapport à la vie personnelle."

Car en plus de la bienveillance présupposée, pour un climat de travail serein, les salariés sont de plus en plus en quête de reconnaissance, voire de sens. À Nancy, Eric Brangier, professeur d'ergonomie, explique : "quand mon travail n'est pas satisfaisant, quand la question du sens, je me la pose, qu'est-ce que je deviens ? L'arrêt de travail est recherché par l'individu parce que c'est une échappatoire possible à son travail qui est devenu détestable".

3. Parce que des solutions existent

Si l'arrêt de travail est une échappatoire, elle n'est en aucun cas une solution. Et la succession d'arrêts de travail mène tout droit dans le mur. Les services de ressources humaines mettent en place des stratégies pour aider les salariés à se sentir bien dans leur contexte professionnel. Ils proposent des stages de cohésion d'équipe et font appel à des coachs, comme Mireille Tritz-Kayser. Cette dernière précise : "On travaille sur la cohésion. Ça ne peut qu'aider au niveau de l'ambiance de la performance. Ça permet aussi de se dire des choses qu'on ne se dit jamais habituellement ; ça permet de traiter des questions de fond et de redonner du sens au travail".

Les possibilités de stage de cohésion d'équipe ou "team building" sont une des pistes pour aider à recréer une ambiance et un sens collectif au groupe de travail. En amont, d'autres mesures pour éviter les risques psycho-sociaux deviennent des préoccupations majeures des grandes sociétés. 

Mais quand le mal est fait, des centres d'accueil psychosociaux, des centres médico-thérapeutiques peuvent apporter leur aide aux salariés victimes de surmenage professionnel. Une des solutions qu'ils proposent, c'est la reconversion professionnelle. Le docteur Olivier Gosselin, chef du service psychiatrie adultes du centre hospitalier de Bar-le-Duc Fains-Veel, en témoigne : "on voit arriver des patients sous tonnes d'anxiolytiques, de somnifères, alors que parfois la simple écoute suffit. La solution pour un soin de burn out, c'est un plan B, trouver une autre orientation. C'est certes plus difficile pour les quinqua et les sexagénaires et beaucoup plus facile pour les plus jeunes qui se sont habitués à la flexibilité de l'emploi".

Remettre le sens du travail à la bonne place dans sa vie et se dire que changer de métier, loin d'être un échec, est un nouveau défi.

Enquêtes de région, un magazine à revoir sur france.tv

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