La réforme de l’assurance chômage, qui entrera en vigueur le 1er juillet, ne passe pas. Notamment auprès des intermittents du spectacle qui appellent à la mobilisation de tous les salariés précaires vendredi 23 avril 2021 à Nancy. Parmi les manifestants : Joséphine et Roberto.
"Notre statut est remis en cause tous les deux ans. C’est une lutte sans fin pour nos droits". Joséphine est comédienne. Et comme intermittente du spectacle expérimentée, elle a plusieurs cordes à son arc. Elle est aussi chargée de production et assume d’autres fonctions quand la nécessité l’exige. La première nécessité dans le monde des intermittents du spectacle consiste à travailler suffisamment d’heures dans l’année, en l’occurrence 507 heures, pour ouvrir ou simplement conserver ses droits à l’assurance chômage pendant les périodes sans activité.
Joséphine est dans le circuit depuis 2003. Elle participe depuis 17 ans à toutes les mobilisations contre les projets de réforme du statut des intermittents voulus par les gouvernements successifs. Elle avoue que cet état d’alerte permanent finit par fatiguer. Comment faire des projets professionnels ou simplement de vie avec une telle épée de Damoclès au-dessus de sa tête ?
Joséphine s’inquiète aussi des conditions de réouverture des lieux de spectacles. Ils réouvriront un jour mais cela sera-t-il possible pour tout le monde ? Elle n’exprime pas de crainte pour les centres dramatiques nationaux comme le théâtre de la Manufacture de Nancy mais pour les petites structures. Cela peut engendrer une rupture d’égalité et surtout un risque pour la diversité culturelle: "Il n’y a pas de culture pour tous(.tes ) sans droits sociaux."
Joséphine est en colère. Elle enrage à l’instar de ses collègues de ne pas être entendue par le gouvernement. Pour les intermittents, cette surdité est incompréhensible car la précarité ne sévit pas que dans le monde de la culture. Ils pensent que l’occupation du théâtre de la Manufacture depuis le 19 mars doit être le point de ralliement des salariés concernés par la réforme de l’assurance chômage. Ils appellent à la convergence des luttes.
Roberto Toscano est documentaliste dans un collège, il est aussi militant à SUD éducation. Son syndicat va se joindre au mouvement avec cet argument massue : "l’Education nationale est le premier employeur de salariés précaires, un sur cinq est dans cette situation !" Les catégories les plus touchées sont les assistants d’éducation, les accompagnants d’élèves en situation de handicap et les enseignants contractuels. Pour les deux premières catégories, il s’agit de contrats renouvelables à l’année, souvent à mi-temps pour une rémunération de 1.000 €.
Il estime que la convergence des luttes des précaires est la bonne stratégie pour espérer modifier voire supprimer la réforme de l’assurance chômage qui doit entrer en vigueur le 1er juillet 2021.
Outre l’Union syndicale Solidaires, la CGT et le collectif "occupons Nancy" participeront à la mobilisation organisée au théâtre de la Manufacture vendredi 23 avril 2021 à 14 heures 30. Des gilets jaunes souhaitent aussi se joindre au mouvement.