Pour les parents, le pire a été évité. Se retrouver avec deux classes à quatre niveaux. Six mois de combat et de procédure pour les parents et les élus de la petite commune de Rogéville en Meurthe-et-Moselle. Et une victoire à la clé. La troisième classe est maintenue.
Lorsqu'en février 2024, le rectorat de l'Académie de Nancy-Metz décide de supprimer un poste d'enseignant et de fermer l'une des trois classes de l'école du village de Rogéviller (Meurthe-et-Moselle) situé à une trentaine de kilomètres de Nancy, la population locale se mobilise immédiatement. Un grand classique lors de ce type d'annonce. Un regroupement des enfants en classe de quatre niveaux : impensable et inacceptable pour les parents et les élus locaux de mélanger les CP avec les trois niveaux de maternelle. Un tel fonctionnement compliquerait fortement le travail des enseignants.
Les actions s'enchaînent. Blocus de l'école, manifestation devant le rectorat... et même une action auprès du tribunal administratif. Les plaignants obtiennent gain de cause. L'organisme suspend l'arrêté pris par le directeur académique. La rentrée s'effectue bien avec trois classes pour les trois années à venir. "C'est une rentrée d'émotion pour tous, on est conscient d'avoir une trêve." explique ce parent d'élève au micro de France 3 Lorraine.
Trêve de trois ans
Une trêve néanmoins festive en ce lundi 2 septembre 2024, jour de rentrée. Elle est célébrée avec un petit-déjeuner où tout le monde se retrouve. "On voulait marquer le coup" explique Amélie Denis, représentante des parents d'élèves, "on fête aussi une victoire. Celle de toutes les manifestations qu'on a organisées contre ces fermetures de classe". La situation a tout de même poussé plusieurs parents à désinscrire leurs enfants durant l'été. La rentrée se fait donc avec 46 élèves au lieu de 57.
On fête aussi une victoire. Celle de toutes les manifestations qu'on a organisées contre ces fermetures de classe
Amélie Denis, représentante des parents d'élèves
"C'est vrai, fermer une classe, c'est dégrader l'enseignement mais aussi pousser les parents à partir" reconnaît Didier Pierrot, le maire de Rogéville, "mais aujourd'hui, c'est néanmoins une double victoire, la classe est sauvée et l'institutrice qui devait partir est revenue. Ça démontre que le combat est légitime mais aussi que notre école est une excellente école. Une institutrice ne reviendrait pas si le projet n'était pas bon, si elle n'avait pas les parents derrière elle, si on n'avait pas un périscolaire de qualité... C'est une très grande joie, c'est exceptionnel".
"On est tous très heureux de se retrouver et on a la chance de se retrouver dans une école à taille humaine où tout le monde se connaît" ajoute une parent d'élève, "on est soulagé mais le combat n'est pas fini".
Pour motiver sa décision de conserver cette classe rurale, le tribunal administratif de Nancy a notamment mis en avant un mauvais comptage et un manque d’étude d’impact sur les conséquences d'une telle décision. Il a également condamné l’État à verser 1.000 euros d’indemnité à la commune.