La country dance, c’est avant tout un état d'esprit. Populaire et accessible à tout le monde. A Champigneulles, près de Nancy (Meurthe-et-Moselle), "Les Amis " du club de danse se retrouvent une fois par semaine pour les répétitions. Immersion.
"Pas chassé du droit, et tout de suite pas chassé du gauche. Et c'est parti !". C'est Dominique qui donne le top départ du cours de danse country du mercredi soir. Le cours des débutants. "On recule, on recule, on recule et hop petit saut". Le petit saut qui se fera automatiquement avec la musique. "Il faut faire des petits pas, c’est beaucoup plus facile". Tous les adhérents du Club de Country de Champigneulles (Meurthe-et-Moselle) se retrouvent ici, dans une petite salle, derrière le collège. Les femmes sont légèrement plus nombreuses que les hommes.
Le bonheur est dans le Rockstep
Dominique anime le cours. Ce soir, ils sont 46. "Ils sont tous là. Et pas tous des débutants. Je ne suis pas prof de danse. Non, je suis animatrice". Ce qui me plaît ? "C’est de transmettre tout ce que j’ai appris et c’est convivial. On est content, on danse. C’est un moment de partage. Souvent, on nous dit : vous faites toujours la même chose, mais ce n’est pas vrai, y a des pas, des gestes très précis. Chaque musique a une chorégraphie très précise". Alors, d'où vient la country ? "Ce sont tous les migrants qui ont amené chacun leur musique, il y a longtemps au XVIIe siècle".
Les mains qui tapent en rythme. "On refait tout depuis le début et puis on tape dans les mains". Les petits sauts et on y va, sur un air de musique irlandaise. Puis on attaque le Rockstep, "un ensemble de deux pas qui peut se faire en avant ou en arrière, à gauche, à droite, croisé devant ou derrière".
On est bien en appui sur la jambe gauche parce qu’on repart avec le pied-droit. C’est le début. Il faut vraiment bien faire attention
Dominique, animatrice
Aujourd'hui, c'est l’anniversaire d’Audrey. Elle a apporté des nounours en chocolat. "Oups... J'en ai trop mangé ! Mais j’adore ça", dit Joel. Cela fait quatorze ans qu'il est inscrit. Ce soir, il porte un tee-shirt noir avec le logo Country Station dans le dos. "Dans la country, il n'y a jamais de problème, jamais ! Et les gens viennent tous pour s’amuser et danser. C’est un état d’esprit". "Moi je viens de la Meuse", dit Lionel juste à côté de lui. Une heure de route de déplacement. Il est âgé de 69 ans, "ça fait aussi 15 ans que je viens, mais j’aime bien l’ambiance des débutants. C’est pour ça que je viens. Je ne me prends pas la tête, je suis détendu. Aujourd'hui, j’ai bossé douze heures, alors...."
Après une courte pose, "allez on redémarre. Pour tout le monde, je vais montrer la Rumba Box. On ramène le pied pour faire la longueur. Comme si c'était une boîte", dit Dominique.
Les bals populaires du dimanche
Monique vient de Seichamps, dans la banlieue de Nancy, "c'est pas loin. C’est la troisième année. Comme les autres, ici, j'oublie tout et surtout je me fais plaisir. C’est très sympa et tout le monde s'aide quand on n’y arrive pas. Et on rigole bien". Tous les week-ends, deux à trois bals sont organisés dans la région de la Lorraine. Le prochain sera à Villey-Saint-Etienne chez les Country Road. Entrée : 10 euros.
Dans la country, il n'y a jamais de problème, jamais ! Et les gens viennent tous pour s’amuser et danser
Joel, danseur depuis 14 ans
Dans son livre, La France sous nos yeux, le politologue Jérome Fourquet s'est intéressé au succès de la danse country. Selon lui, "les gens qui s’inscrivent à la country recherchent cette convivialité. On est dans une société où les structures d’appartenance individuelle, comme les syndicats, les Églises, les usines, se sont effondrées en plusieurs décennies, il n’en reste plus que des cendres. Donc on bricole. Pour se construire une identité sociale, ils sont obligés de se raccrocher à autre chose, comme à leur bande de potes, aux amis de la country". D'après une enquête de l'Ifop pour journal L'Express, près d'un Français sur dix pratique cette danse née dans le Grand-Ouest américain.
A Champigneulles, il y a aussi des cours les lundis et jeudis. "Le vendredi, c'est avec Rémi qui fait en plus des danses de couple". Au club, il y a une centaine d'adhérents, "ils sont de plus en plus nombreux". Dans un mois, un petit groupe d'entre eux partira en Italie. "Il y a un bus qui part en Sicile avec Giuseppe. On dormira chez l'habitant".