Face à la dégradation de la santé mentale des élèves, l'Education nationale manque de psychologues scolaires. Des parents d'élèves se mobilisent afin d'obtenir des moyens à la hauteur des enjeux. Exemple à Malzéville près de Nancy
Richard Laganier, le recteur de la région académique Grand Est ouvre Mercredi 12 avril 2023 à la faculté des sciences de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle), le premier séminaire consacré à la santé mentale des élèves. Une santé mentale qui s'est fortement dégradée suite aux confinements dus au Covid et au climat général délétère actuel (guerre en Ukraine, réchauffement climatique, etc...)
Un climat anxiogène qui a des répercussions négatives au sein des familles et dans la communauté scolaire. Cette situation réclame une attention toute particulière de la part des autorités. Sauf que, sur le terrain, cette attention louable se heurte aux contraintes budgétaires et au manque d'attractivité pour une profession jugée pourtant indispensable au sein des établissements scolaires. Pour preuve, des banderoles ont fleuri aux grilles des écoles primaires de Malzéville. Installées par les parents d'élèves, elles dénoncent le poste de psychologue scolaire non pourvu et pire, en voie de suppression.
Une situation paradoxale alors que tout le monde s'accorde sur l'urgence de la prise en charge des élèves en souffrance. Gaël Lehmann, représentant des parents d'élèves de l'école Jules Ferry explique qu'en l'absence de psychologue de secteur, des dossiers MDPH (Maison départementale des personnes handicapées) n'ont pas pu être instruits pour des élèves nécessitant un accompagnement scolaire renforcé.
Les enfants qui en ont le plus besoin ne sont pas accompagnés, pas écoutés, pas orientés vers les services sociaux adaptés pour répondre à leurs besoins.
Gaël Lehmann, représentant des parents d'élèves à l'école primaire Jules Ferry de Malzéville
Depuis le mois de mars, un psychologue contractuel qui n'est pas spécialisé dans le milieu scolaire, occupe le poste vacant jusqu'à la fin de l'année. Une réponse tardive et insatisfaisante pour Bérengère Goossens, élue au sein du conseil d'école : " Les maitresses se retrouvent avec deux ou trois enfants qu’il faut suivre d’un peu plus près et elles n’en peuvent plus. Elles ne peuvent pas faire le travail du psychologue scolaire en plus de leur travail d’enseignantes ! " Pour le syndicat SNUipp-FSU 54, le problème des postes non pourvus est ancien et particulièrement criant dans le nord de la Meurthe-et-Moselle. Il est dû au manque d'attractivité et à des conditions de travail dégradées.
Isabelle Nicolas représentante des personnels au SNUipp-FSU explique que " le fait qu'il y ait de moins en moins de psychologues entraîne une surcharge de travail pour ceux qui restent. Ils ont des secteurs de plus en plus grands et un nombre d'élèves à suivre de plus en plus important. Ils ne peuvent pas accomplir correctement leur mission."
Interrogé ce matin par notre équipe de France3 présente au séminaire consacré à la santé mentale des élèves, le recteur Richard Laganier rappelle que l'effectif des psychologues internes à l'Education nationale dans l'académie reste stable et que de nouveaux dispositifs sont déployés pour répondre aux situations de détresse psychologique : " Nous avons mis en place des équipes mobiles en charge de l'accompagnement en milieu scolaire avec l'Agence régionale de santé (ARS). Il est important d'avoir cette mise en lien avec le secteur du médico-social pour pouvoir là aussi accompagner les élèves dans une démarche totalement inclusive."
Au même moment, une délégation de parents d'élèves de la circonscription de Pompey dont dépendent les six écoles de Malzéville ont rencontré ce matin Philippe Luscan, adjoint au directeur académique chargé du 1er degré. Ils étaient accompagnés du maire de la commune Bertrand Klein et de Marie-José Amah, conseillère départementale du canton Val-de-Lorraine.
Le service continuera d'être assuré par les autres psychologues du secteur
Philippe Luscan leur a confirmé la suppression pour la prochaine rentrée scolaire de trois postes de psychologues à Frouard, Cirey-sur-Vézouze et Longuyon. Ces postes restent vacants car aucun titulaire ne postule pour les occuper. Malgré ce constat, il se veut rassurant : " pour Malzéville nous avons trouvé un contractuel mais c'est pour un an seulement. Il n'est pas sûr qu'il reprenne l'année prochaine. (...) mais le service continuera d'être assuré par les autres psychologues du secteur."
Dans la circonscription de Pompey, il ne restera plus que trois psychologues sur quatre actuellement. Pour les parents d'élèves le compte n'y est pas d'autant plus que 28 postes d'enseignants vont aussi disparaitre à la rentrée prochaine dans le département. Ils ont fait part de leur intention de continuer la mobilisation jusqu'à ce que les postes qu'ils considèrent indispensables au bien-être des enfants et au bon fonctionnement des écoles soient pourvus.