Stationnement payant dans les hôpitaux : les concessions se multiplient et les tarifs flambent

Après Brabois, à Nancy, c'est au tour des parkings de l'hôpital central et de la maternité de devenir payants. La gratuité doit être la règle, clame la CGT. Ce n'est pas notre métier de gérer le stationnement, rétorque le CHRU qui a confié la gestion de ses parkings à un opérateur privé qui fait flamber les prix.

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"Payer pour se faire soigner" et "payer quand on va se faire soigner". Cherchez la différence. Pas toujours évident de saisir la nuance jusqu'au jour où vous vous rendez à l'hôpital pour un rendez-vous. La plupart du temps, en voiture. Le stationnement qui était gratuit est souvent devenu payant. Un modèle qui se généralise, il touche de nombreuses villes et de plus en plus de sites hospitaliers, aussi bien dans le public que dans le privé.

C'est le cas depuis mars 2023 à Nancy où la société Q-Park a été choisie pour la gestion des 2707 places du parking du CHRU de Nancy-Brabois. À lui seul, cet exploitant gère 15.000 places réparties entre une douzaine de sites hospitaliers publics et quelques cliniques privées dans l'hexagone. À Nancy, la première heure est gratuite mais au-delà, pour les patients et les visiteurs, la facture est salée. Jusqu'à 30 euros pour quelques heures. Sur son site, Q-Park a le sens de la formule : "pour vos déplacements, vous trouverez forcément une formule de stationnement répondant à vos besoins". Oui mais à condition de payer.

Cette pratique du stationnement payant à l'hôpital est scandaleuse

Sophie Perrin-Phan Dinh, secrétaire CGT au CHRU de Nancy

Cette externalisation touche désormais deux autres sites hospitaliers à Nancy : l'hôpital central (160 places) et la maternité (365 places). Et là aussi, les tarifs ne font pas concurrence à ceux de Brabois. Toujours 60 minutes gratuites mais au-delà, ça flambe. Jusqu'à 10 euros les 3 heures. Et attention à la note en cas de perte du ticket, le site de Q-Park joue la transparence, ce sera 50 euros. "La femme d'un patient qui était hospitalisé à Brabois m'a expliqué qu'elle ne pouvait plus venir le voir tous les jours", explique Sophie Perrin-Phan Dinh, infirmière au CHRU de Nancy et secrétaire CGT au sein de l'établissement, "vous imaginez la note tous les jours ? Il y a un impact sur les patients, la famille et même les collègues. Cette pratique du stationnement payant à l'hôpital est scandaleuse. Il faut sortir du fric, toujours".

Ce mardi 23 avril 2024, elle tracte avec quelques collègues près de Central. "C'est une honte que la direction a signé un tel accord avec une société privée sur le dos du personnel et des patients. On nous affirme que l'hôpital n'a pas vocation à entretenir et gérer la voirie, que nous n'avons pas les compétences ! Mais c'est un tout. Se soigner représente un coût, se déplacer à l'hôpital aussi maintenant. On marche sur la tête. Et puis, le forfait maternité cinq jours à 26,30 euros, tout cela pourrait être risible si ça n'était pas la triste réalité", poursuit Sophie Perrin-Phan Dinh.

20 années de délégation

La gestion du stationnement ne fait pas partie des missions de l'hôpital public et les établissements peuvent donc choisir librement de confier la gestion de leur parking à des opérateurs privés. Voilà ce que répond la direction du CHRU. Pour Benoit Lebrun, responsable exploitation-maintenance au CHRU, "c'est un choix pour des raisons diverses mais un hôpital n'a pas vocation à gérer du parking ou de la restauration. Ce sont des métiers contraignants et spécifiques".

Ce système permet d'avoir des pros qui maîtrisent les équipements et mettent de l'ordre dans ce qui ressemblait parfois à du chaos

Benoit Lebrun, responsable exploitation-maintenance au CHRU

À Nancy, Q-Park a signé une délégation de service public pour 20 ans. "La société ne se contente pas d'encaisser le stationnement" poursuit le cadre hospitalier, "il y a un service avec des agents présents, certains parkings qui ont été rénovés avec des prestations qu'on n'avait pas auparavant comme l'installation de bornes de recharge électriques. À Brabois par exemple, il y avait des problèmes de civisme avec des gens qui se garaient n'importe où, sans se soucier du temps. Les fameuses voitures-ventouses. Ce système permet d'avoir des pros qui maîtrisent les équipements et mettent de l'ordre dans ce qui ressemblait parfois à du chaos".

Des critères d'attribution des places de stationnement ont été mis en place. "Il y aura des dérogations comme par exemple le fait de venir seul avec un enfant ou les personnes qui ont des difficultés à se déplacer. On y travaille". Pour le personnel, "on ne peut pas garantir un accès à tous nos salariés comme auparavant d'ailleurs" précise Benoit Lebrun, "mais le personnel de santé ne paiera pas. Nous travaillons sur des solutions d'optimisations des flux de circulation".

"Faux" lui rétorque Sophie Perrin-Phan Dinh, "le nombre de places est restreint pour le personnel. Et entre les places payantes et leur nombre insuffisant aux alentours du CHRU, il est inacceptable de perdre du temps. Des parkings alentour gratuits vont, eux aussi, devenir payant comme boulevard Lobau"

Cette semaine, c'est répétition générale à Central et à la maternité. L'entrée en vigueur du dispositif est prévue à partir du lundi 29 avril.

En dehors de Q-Park, d'autres groupes privés, comme Indigo ou Effia, proposent également des solutions clés en main en échange d’une concession.

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