Près de Nancy, une habitante d'un petit village vit un cauchemar. Sa maison est construite sur un sol argileux et des grosses fissures sont apparues à cause de la sécheresse. Sa maison est inhabitable. Mardi 1er octobre, elle demande à être relogée en raison de son état de santé.
Sarah Gatinois a 37 ans. Elle habite dans une maison à Clerey-sur-Brémond dans la grande banlieue de Nancy en Meurthe-et-Moselle depuis six ans. "C’est un gros corps de ferme dans le Saintois". Elle est venue habiter ici car "c’est le village où ma grand-mère est née". Mais rapidement, à cause de la sécheresse, les dégradations se multiplient. "Tout d’abord, il y a eu des petites fissures et puis des très grosses fissures sont apparues en 2022". Cette année-là, le cauchemar de Sarah Gatinois commence. "On peut passer les mains, on peut passer le bras entre les fissures", dit-elle. La maison est devenue inhabitable.
Je veux être relogée car la maison s’effondre. C'est un cauchemar.
Sarah Gatinois, propriétaire sinistrée
Ce phénomène est lié au changement climatique. Sarah contacte donc son assurance en juillet 2023, "pour une reconnaissance de catastrophe naturelle". L'assurance missionne un expert. Et puis plus rien, "l'assurance reste très évasive".
Jour après jour, Sarah a vu les murs de sa maison se fissurer, "la cuisine, la salle de bain, le salon". Elle s'inquiète et veut partir. "Je veux être relogée car la maison s’effondre. Je fais du camping. C’est un cauchemar".
Puis, elle craint que la situation ne s’aggrave encore un peu plus avec la météo. "Mon état de santé m’oblige à rester chez moi. Je dois être près des chevaux pour mon bien-être, ce qui m’aide à éviter d’aller à l’hôpital".
Je comprends la gravité de la situation. Je rédige un courrier officiel aux ACM, la compagnie d'assurance. Je demande une prise en charge urgente du dossier.
José-Manuel Oliveira, avocat
Alors devant l'immobilisme de la situation, et en raison de son état de santé, au printemps 2024 elle est allée voir un avocat, José-Manuel Oliveira près de Nancy. Il est spécialisé en droit public des affaires. Il confirme que l’urgence "c’est de reloger sa cliente car elle a des soins à domicile tous les jours qu'elle ne peut plus faire". Pour évaluer la gravité de la situation, par téléphone, il lui demande une photo. Et là "je comprends la gravité de la situation. Je rédige un courrier officiel aux ACM, la compagnie d'assurance. Je demande une prise en charge urgente du dossier". Dans son courrier du 3 avril 2024, il demande que "l’origine du sinistre de Madame Gatinois étant indubitablement lié à l’état de catastrophe naturelle, il vous appartient dès lors de procéder à l’indemnisation des préjudices".
Assèchement des sols
La réponse de l’assureur ne tarde pas. Elle confirme la prise en charge du sinistre au titre d'arrêt de catastrophe naturelle. Mais sept mois plus tard, "rien n'est fait pour changer les conditions de vie de ma cliente. Les études du sol viennent seulement d'être réalisées. Ainsi avant l'hiver, il faut une solution de relogement temporaire", dit José-Manuel Oliviera. Dans son courrier, en date du 18 avril, l'assurance précise que "nous prendrons en charge les dommages liés à la sécheresse qui affectent l’habitation". Et elle indique "nous ne pourrons intervenir pour aucun préjudice accessoire réclamé notamment les frais de déplacement, de relogement, pour la perte d’usage de la maison".
Toutes ces fissures sont causées par un sol argileux qui se contracte sous l’effet de la sécheresse. Toute la structure de la maison est maintenant très fragilisée. Et malgré ce constat, l’assurance ne soutient pas Sarah Gatinois. Même l’expert souligne que "l’habitation est prête à s’effondrer".
En France, les propriétaires de maisons fissurées restent impuissants face au dérèglement climatique. "Je voudrais sortir la tête de l’eau et voir le bout du tunnel de ce cauchemar", dit Sarah. Selon une étude, plus de dix millions de maisons individuelles subissent les aléas des sécheresses.