Toilettes sèches, vaisselle consignée : comment le festival Nancy Jazz Pulsations veut limiter son empreinte carbone

Depuis plusieurs années, le Nancy Jazz Pulsation s'engage en matière de réduction des déchets, d'émissions de CO2 et de sobriété énergétique. Une politique de développement durable de plus en plus visible du public, y compris dans la programmation.

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Il n'y a pas que les artistes qui comptent désormais au Nancy Jazz Pulsation, qui fête cette année ses 50 années d'existence, il y a aussi le développement durable. Initiées en 2019 à l'occasion d'un changement de direction, les actions en faveur d'une réduction de l'empreinte carbone du festival sont devenues de plus en plus concrètes, au point d'en faire un rendez-vous sinon exemplaire, du moins de plus en plus vertueux.

L'action la plus visible de tous, c'est le passage en leds de tout l'éclairage des scènes éphémères du parc de la pépinière qui a permis de réduire les factures et la consommation énergétique. Une belle avancée quand on sait que 90% du parc d'éclairage des équipements scéniques français est encore constitué de projecteurs halogènes.

Autre initiative récente, la signature d'un contrat avec un fournisseur d'énergie verte : Enercoop. L'origine de l'électricité est donc entièrement renouvelable.

On incite le public à venir à vélo, on a un parking éclairé et les cyclistes peuvent même bénéficier d'un petit cadeau au stand développement durable.

Justine Loubette, directrice adjointe du NJP

Côté transports, le point noir des émissions de CO2, le public du festival est incité à venir à vélo ou en transport en commun.

"On a un parking à vélo éclairé et des bénévoles qui accueillent les cyclistes qui peuvent bénéficier d'une boisson sans alcool ou d'un petit cadeau au stand développement durable. On a également un partenariat avec Keolis avec des navettes qui circulent à 5 heures du matin à la fin des soirées au Magic Mirrors pour sécuriser aussi le public", nous explique Justine Loubette, directrice adjointe en charge du développement durable au NJP.

L'an dernier 583 vélos avaient été comptabilisés sur le festival, ce vendredi 20 octobre le chiffre de 600 a été atteint, parmi eux 400 spectateurs à deux roues se sont rendus sur le stand.

La nourriture et ses contenants ont aussi été étudiés. "Toute la nourriture du snack a été conçue avec des producteurs locaux, c'est 40% pour le restaurant. Du côté du catering, la restauration pour les équipes et artistes, on limite l'utilisation de viande à cause de l'impact carbone, tous les midis les plats sont uniquement végétariens. Et pour le public, on est passé des saucisses frites et des plats plus équilibrés et moins carnés".

En dehors des traditionnelles Ecocups désormais obligatoires pour remplacer les gobelets jetables, la vaisselle est entièrement consignée, cela contribue à réduire la masse de déchets sur le site. Des déchets qui sont également triés avec six flux : du compost à la récupération d'huiles.

Pour aller au bout de la démarche, de plus en plus de toilettes sèches sont accessibles sur le site ainsi que des urinoirs féminins.

Une sensibilisation accrue du public 

Le stand développement durable a évolué pour devenir un lieu incontournable à visiter entre les concerts. On peut par exemple tirer sur une cible qui rappelle les actions phares du festival sur l'écologie, découvrir une batterie solaire, apprendre à fabriquer un cendrier de poche ou s'en procurer. Gros succès du festival, des paillettes bio et biodégradables pour mettre de la lumière sur les visages des festivaliers.

Deux journées "virages" ont également eu lieu pendant cette deuxième semaine de festival avec le réseau Grabuge et L'Autre Canal pour réfléchir à la sensibilisation de tous les acteurs. Le secteur culturel se pose en effet beaucoup de questions. Autre action en faveur de la sensibilisation du public : une soirée BD concert sur la question écologique soulevée par l'enquête "Les algues vertes" d'Inès Léraud, mercredi 18 octobre.

"À Nancy, on n'est pas un énorme festival, on n'a pas de camping, on génère moins de trafic et de déchets que d'autres, mais ces questions environnementales sont essentielles" rappelle Justine Loubette qui va bientôt rejoindre la salle de musiques actuelles de Nancy, L'Autre Canal, pour développer cette politique en faveur de l'écologie toute l'année.

Le NJP accueille tout de même 100 000 festivaliers sur six scènes pendant onze jours, mais à titre de comparaison, il est en effet plus petit que le festival Cabaret vert à Charleville-Mézières.

La question de l'exclusivité des artistes

Les moyens de transport doux pour accéder aux sites du festival peuvent encore être améliorés avec le soutien des collectivités, mais la question qui se pose de plus en plus dans les festivals, c'est celle de l'exclusivité des artistes. 

"Cette année, on a refusé les artistes qui venaient de loin en avion pour une seule date. Nous ne l'avions jamais fait avant, c'est très nouveau et en même temps le festival a toujours fait en sorte que les artistes aient plusieurs dates quand ils venaient sur le festival, donc on était un peu précurseur. Cette année, c'est le cas pour deux musiciens venus du Ghana qui restent en France un mois", précise la responsable développement durable.

Seuls les artistes qui participent à la création spéciale 50 ans NJP ont pu déroger à cette nouvelle règle. Le bilan carbone s'en trouve augmenté au regard de tous les efforts consentis, preuve que ces questions de sobriété restent éminemment complexes.

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