Ukraine : Des crayons contre la guerre, le dessinateur Hector au musée de Kyiv

Hector est dessinateur de presse en Lorraine. Juste avant l’invasion russe en Ukraine, il a commencé une série de dessins d’actualité. Un an après, ils sont exposés dans une galerie virtuelle d’un musée de Kyiv.

Dessiner pour ne pas oublier ! Pour Hector, c’est aussi une façon de résister. Surtout connu pour sa série BD les Z'aventures d'Oscar et Mauricette, le messin Hector est également dessinateur de presse. En février 2022,  comme le reste du monde, il est percuté par l'événement. "J’ai commencé à faire des dessins sur cette actualité un peu avant l’invasion russe. Je faisais mon job. Au Centre Mondial de la Paix de Verdun, il y avait une exposition intitulée "drôle de paix". Philippe Hansch, le directeur a vu un de mes dessins, intitulé "Poutine est une bombe".

Il m’a demandé s'il pouvait accrocher ce dessin dans son exposition. Il était aussi en contact avec le musée de Kyiv et m’a demandé l’autorisation de leur montrer. Les dessins se sont retrouvés postés sur leur Facebook tout au long de l’année. Et récemment, ils m’ont demandé l’autorisation d’ouvrir une galerie virtuelle. C'était un grand honneur pour moi."

J’ai eu l’idée de ce dessin où Poutine éjecte des bombes par son arrière-train. Ce n’est pas mon style de dessin. Je l’ai trouvé dégueulasse. Mais c’est à ce moment-là ce que la situation m’a inspiré.

Hector

Hector dessine jour après jour l'actualité qui surgit et qui le heurte. Le fait que ces dessins soient repris par le Musée, à qui il en a fait don, l'honore : "Le dessin d'humour est une façon de les soutenir. Ils ont besoin de soutien humanitaire, militaire, mais aussi culturel. C'est ma modeste contribution. En fait, on est un soutien graphique à ceux qui résistent. J'ai eu des retours très sympas, mais aussi quelques messages de haine sur les réseaux sociaux. Il y a des situations que je n'arrive pas à dessiner. C'est trop dur."

Depuis le début, le dessinateur met en scène un seul personnage ou presque : le président russe. "Je n'ai rien contre le peuple russe. Il est victime de son président. Je ne dessine que Poutine ou son état-major. J'ai fini par trouver comment le dessiner : Des yeux en amande, des paupières lourdes, un menton un peu carré, une coupe de cheveux dégarnie". Comme pour tout dessin d'humour, Hector force un peu le trait.

Hector se surprend lui-même à faire des dessins qui ne lui ressemblent pas. 'Ils sont plus durs, plus gores voire pire. C’est vraiment une sale guerre. Mais il n’y a pas de guerre propre. J’ai été surpris par ce dessin, dans lequel Poutine éjecte des bombes par son arrière-train. Ce n’est pas mon style de dessin. Je l’ai trouvé dégueulasse. Mais à ce moment-là, c'est ce que la situation m’a inspiré."

Mon grand-père a été victime du nazisme. Il était résistant. J'ai du mal à raconter son histoire. Même en dessinant, je n'y arrive pas encore. Alors, quelque part, s'il me regarde, j'espère qu'il est fier de moi. Je contribue à la résistance

Hector

"J’ai dessiné quelques soldats ukrainiens. On m’avait demandé des dessins compréhensibles par les soldats russes sur le front pour leur faire comprendre qu’ils allaient commettre des crimes de guerre. Mais je ne sais pas si ceux-là ont servi." Un dessin a particulièrement plus aux gens du musée : " C’est celui où Vladimir Poutine gonfle le drapeau en ballon de baudruche et le président Volodymyr Zelensky arrive avec une aiguille. Celui-là leur a beaucoup plus." 

"Pour moi, ces dessins ont une valeur particulière. Mon grand-père a été victime du nazisme. Il était résistant. J'ai du mal à raconter son histoire. Même en dessinant, je n'y arrive pas encore. Alors, quelque part, s'il me regarde, j'espère qu'il est fier de moi. Je contribue à la résistance."

Hector a aussi un projet de BD en lien avec le Musée de Kyiv et la guerre. Mais pour l'instant, il n'en dira pas plus.

Le reste du Musée de Kyiv se visite aussi en virtuel. Il documente au quotidien cette guerre avec l'aide d'artistes et de volontaires. Il est resté ouvert en ligne et dans la ville ukrainienne depuis le début du conflit.

De son côté, le Centre Mondial de la Paix de Verdun fait aussi un travail colossal de documentation sur ce conflit. Pour marquer le triste anniversaire du début du conflit, le centre organise une série d'événements avec une émission exceptionnelle sur France bleu lorraine nord le jeudi 23 février.