Un cas de rage chez un chiot importé illégalement du Maroc a été confirmé le 5 janvier dernier par le laboratoire national de référence de la rage situé à Nancy en Meurthe-et-Moselle. Un laboratoire qui travaille sur les risques de transmissions des virus de l’animal à l’homme. Tiques, renards, chauves-souris, il est une référence nationale et internationale sur ces sujets.
Dans un communiqué, le ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire rapporte un cas de rage chez un chiot dans le Var. Il a été confirmé, le 5 janvier dernier, par le laboratoire national de référence de la rage situé à Nancy en Meurthe-et-Moselle. L’animal, importé illégalement du Maroc, est décédé treize jours après son introduction sur le territoire. "Toutes les personnes exposées à l’animal ont été contactées par l’Agence régionale de santé Provence-Alpes-Côte d’Azur et prises en charge par un centre antirabique." D'après nos confrères du journal L'indépendant, il s'agissait d'un Border Collie.
Nos collègues de France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur précisent dans un article que c’est une auxiliaire spécialisée qui a été pincée par un chien porteur du virus de la rage dans une clinique vétérinaire.
"La rage est une maladie systématiquement mortelle une fois les symptômes apparus, tant chez l’Homme que chez l’animal. La contamination de l’Homme se fait par morsure, griffure, léchage par un animal, au moyen de la salive sur peau lésée ou sur la muqueuse (œil, bouche)."
Laboratoire national de référence à Nancy
Le laboratoire national de référence de la rage et de la faune sauvage de Nancy est rattaché à l’ANSES, l’agence nationale de sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail. Il a pour mission d’étudier les agents pathogènes, en particulier zoonotiques (qui peuvent se transmettre de l’animal à l’Homme), circulant dans la faune sauvage, avec une approche ciblée sur certains agents pathogènes ou certaines espèces animales. Il est spécialisé dans la rage animale, mais aussi dans d’autres maladies comme les coronavirus, les échinococcoses, la tuberculose bovine, le virus de l’encéphalite à tiques, ou les orthohantavirus.
Depuis, près de 50 ans, le laboratoire participe à la lutte contre la rage, en particulier par la conduite de programmes de recherche et de développement et d’expertise. Il a contribué à son élimination du territoire national.
Le laboratoire dispose de deux unités scientifiques et d’une station expérimentale. Il collabore avec plusieurs partenaires nationaux et internationaux, comme l’Union européenne, l’Organisation mondiale de la santé. Il contribue également à la recherche liée à la pandémie de covid-19 en étudiant le rôle des animaux sauvages dans la circulation des virus.
La rage, la France indemne depuis 2021
La rage est une zoonose, c'est-à-dire une maladie animale transmissible à l'être humain (et inversement), causée par un virus du genre Lyssavirus. Elle est présente d’après l’ANSES sur tous les continents.
En France, le dernier cas mortel remonte à 2019. Il s’agissait d’un cas de contamination en dehors du territoire français. Le site de l’ANSES précise : "La France remplit les conditions de pays indemne de rage selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA). Grâce, notamment, aux campagnes de vaccination antirabique orale, conduites chez les renards, la rage vulpine, touchant le renard, a été éliminée du territoire français, le dernier cas recensé remontant à 1998." Le récent cas déclaré dans le Var en janvier 2024 trouve son origine dans l’importation illégale d’un chiot en provenance du Maroc.
Certaines formes de rage touchant les chauves-souris existent en Europe. Mais indique l’ANSES, "Pour la population générale, le risque de transmission d'un virus d'une chauve-souris à l'humain est cependant considéré comme très faible en raison de sa faible probabilité d'exposition aux chauves-souris."
Rappel des consignes de sécurité lors d’un voyage
Dans son communiqué, le ministère de l'Agriculture et de la souveraineté alimentaire rappelle quelques consignes : "Lors d’un séjour à l’étranger dans un pays à risque, il est fortement recommandé de ne pas toucher d’animal errant ou d’animal ayant pu être en contact d’animaux errants et de ne surtout pas en ramener avec soi. Un tel animal peut en effet se révéler infecté sans présenter d’emblée des symptômes apparents et transmettre la maladie à d’autres animaux ou personnes. En cas de contact avec un animal errant, contacter rapidement un centre antirabique.
Il est interdit de ramener des chiens et des chats sur le territoire français excepté s'il est identifié et dispose d’un carnet de vaccination et d’un certificat sanitaire établi par les autorités sanitaires du pays. Le non-respect de ces prescriptions réglementaires fait l’objet d’amendes.
Pour voyager avec son animal de compagnie en dehors du territoire, des démarches préalables sont obligatoires : prendre contact avec son vétérinaire suffisamment tôt avant le départ (de 1 à 4 mois selon la destination) ; l’animal doit être identifié et accompagné de son certificat sanitaire ; les vaccins de l’animal doivent être à jour, notamment celui contre la rage ; une prise de sang est nécessaire pour doser les anticorps protégeant contre la rage, avant de se rendre dans certains pays à risque. Au retour en France, il faut impérativement présenter son animal de compagnie aux autorités douanières. Le non-respect des obligations réglementaires est passible de sanctions pénales : emprisonnement de six mois et amende de 3 750 euros."
Le laboratoire de Nancy travaille aussi à étudier les virus transmis par les tiques. Sa dernière publication en date du 15 janvier est une étude sur les tiques et le changement climatique en France.