Un "filtre de poche" pour rendre l’eau potable : Lucie Ries, une Lorraine lauréate du "Prix Jeunes Talents L'Oréal-UNESCO" pour les femmes et la science

Lucie Ries vient de se voir décerné, ce mercredi 12 octobre 2022, le "Prix Jeunes Talents L'Oréal-UNESCO" pour les femmes et la science pour ses recherches sur un système portatif pour rendre l’eau potable.

Une jeune chercheuse Lorraine, Lucie Ries fait partie des lauréates du "Prix Jeunes Talents L'Oréal-UNESCO" pour les femmes et la science 2022. Le prix a été remis ce  mercredi 12 ocotobre 2022 à Paris.

Lucie est née à Djibouti dans la corne de l'Afrique. Elle a grandi en Lorraine, à Maxéville, en Meurthe-et-Moselle, où sa famille habite toujours.

J’ai choisi la science des matériaux et je me suis spécialisée dans les plus petits d’entre eux : les nanomatériaux

Lucie Ries

À Nancy, elle s’est très vite plongée dans la science. D'abord, il y a eu un Bac S, "le plus naturellement du monde" pour elle. Après quoi elle intègre l’École Européenne d’Ingénieurs en Génie des Matériaux (EEIGM) : "J’ai rapidement compris que la science est partout. J’ai choisi la science des matériaux et je me suis spécialisée dans les plus petits d’entre eux : les nanomatériaux."

La science est donc présente partout et en particulier dans un domaine qui tient à cœur à Lucie : l’accès à l’eau potable. "Il n’y a pas besoin de partir très loin pour se rendre compte que l’eau est un enjeu important. Cet été en France, on a bien vu qu'il y avait des régions qui étaient en pénurie d'eau potable."

Des filtres innovants

Aujourd’hui, en post-doctorat au sein du Laboratoire de Physique de l’École Normale Supérieure, à Paris, Lucie Ries approfondit ses recherches en science des matériaux, appliquées au traitement de l’eau. Durant sa thèse, la chercheuse a développé des membranes conçues à partir de nanomatériaux. Ces "filtres" disposent de minuscules trous. En ajustant la taille des mailles, ils peuvent ainsi bloquer les plus petits polluants comme les pesticides ou même les hormones.

On travaille au développement d’un système portatif, qu’on pourrait mettre dans sa poche pour traiter l’eau et la transformer en eau potable

Lucie Ries

"On travaille au développement d’un système portatif, qu’on pourrait mettre dans sa poche pour traiter l’eau et la transformer en eau potable. La Terre est recouverte à 70 % d'eau. Pourtant, il y a encore une personne sur trois qui n'a pas accès à de l'eau de qualité suffisante. Mon rêve serait que nos technologies puissent venir en aide aux populations privées de cet accès à l’eau potable".

Un enjeu majeur de ce XXIe siècle auquel Lucie espère pouvoir apporter des solutions : "Des procédés de traitement de l'eau existent déjà pour des actions de désalinisation ou pour traiter l'eau courante. Mais ils sont de très gros consommateurs en énergie ou très coûteux. On a besoin de développer de nouveaux matériaux et de nouvelles techniques. Je travaille donc à fabriquer ces nouveaux matériaux qui pourraient être plus performants avec un impact écologique moindre et des "process" plus avantageux." Lucie souhaite maintenant des applications concrètes de ce système. 

"Il y a beaucoup de résultats en sciences fondamentale qui dorment sur les étagères de laboratoire. Alors qu' ils pourraient amener de l'innovation de rupture. Mon but maintenant, c'est de faire sortir les filtres que j'ai développés et les proposer aux industriels." 

Il y a des opportunités incroyables dans le domaine de la recherche. On a besoin d'aide pour se poser des questions ensemble et pour chercher des solutions

Lucie Ries

Le Prix Jeunes Talents L'Oréal-UNESCO Pour les Femmes et la Science représente une véritable reconnaissance pour elle : "Je suis extrêmement heureuse de ce prix. Je tiens aussi à féliciter les 34 autres lauréates. Il va donner de la visibilité à mes travaux de recherche. Il va aussi me permettre de m'adresser aux plus jeunes générations, aux jeunes filles en particulier, celles qui, peut-être, se posent la question d'entrer dans les sciences."

Les femmes représentent 33,3 % des chercheurs dans le monde, 28 % en France. En Europe, seulement 14 % des hautes fonctions académiques en sciences sont exercées par des femmes. Moins de 4 % des prix Nobel de sciences ont été décernés à des femmes dans le monde. Cet écart de la représentation féminine dans les carrières scientifiques s’est creusé avec la crise de la COVID-19.

Lucie Ries veut être un modèle  pour les jeunes filles. "J’ai envie de leur faire passer un message. Elles peuvent faire de grandes choses. Il y a des opportunités incroyables dans le domaine de la recherche. On a besoin d'aide pour se poser des questions ensemble et pour chercher des solutions."

Lucie Ries est aussi maman de deux petites filles. Elle s’engage dans des missions humanitaires. Elle s’est récemment remise à la boxe française, qu’elle avait mise entre parenthèses pour se consacrer à ses travaux. Elle revient régulièrement à Nancy "dans le cocon familial", là où elle se sent le mieux.