Les plants et semences potagères, bulbes et autres plantes aromatiques désormais considérés comme un achat de première nécessité par le gouvernement. Une victoire pour les jardineries indépendantes. Une nécessité pour maintenir les jardins familiaux selon des associations de défense de la nature.

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Dans ses trois jardineries situées à Crévéchamps, Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle) et Sarrebourg (Moselle), l'arrivée du printemps, c'est un peu Noël pour David Fischer. Mais cette année, confinement oblige, les recettes sont quasiment à zéro. “En avril, mai, juin, on réalise jusqu'à 80% de notre chiffre d'affaires annuel” analyse le gérant des Ets Mougenot, “mais la crise du coronavirus nous a obligés en grande partie à jeter toutes les plantes de printemps : des primevères aux pensées... Toute notre production.” Une crise en plein boom de l'activité : le désastre.

Car les horticulteurs et de nombreuses jardineries indépendantes n'étaient pas considérés comme des commerces ou établissements de première nécessité. Problème : le gouvernement n'avait pas pris la pleine mesure des enjeux propres à cette filière. Car le printemps, c'est aussi le moment où les Français se lancent dans la culture de leur potager.

Une erreur d'appréciation aujourd'hui rectifiée. Depuis mercredi 1er avril 2020, après les en avoir dans un premier temps exclus, la secrétaire d'état auprès du ministre de l'Économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, a autorisé “la vente des semences et de plants potagers considérés comme un achat de première nécessité”.
 
Une façon de remettre un peu d'ordre dans un secteur où régnait une certaine cacophonie, la réglementation ayant tendance à favoriser les grandes chaînes aux dépens des petits producteurs.
 

C'est une très bonne nouvelle et mieux vaut tard que jamais
- David Fischer, producteur local


C'est une très bonne nouvelle et mieux vaut tard que jamais” poursuit le producteur local, “nos pertes seront énormes, c'est acquis. Ça ne va pas nous permettre de faire des ventes normales et de combler, c'est une évidence. Disons que ça va surtout servir à amortir les charges fixes et notamment les salaires. Car on continue à préparer l'éventuelle ouverture, l'après confinement avec des plants de légumes, des plantes à massif... On fait aussi un peu de vente en drive, c'est une tolérance de la préfecture... mais les ¾ du personnel sont actuellement en chômage partiel.

Reste que les semences potagères ne représentent qu'une infime partie (en moyenne, 5%) des revenus, l'essentiel étant généré par les fleurs, arbustes ou arbres fruitiers.
 

Les jardins sont une ressource énorme d'approvisionnement alimentaire dont on aura besoin dans quelques mois
- Raynald Rigolot, Président de Flore 54


Militer pour la possibilité de se fournir en plants potagers mais surtout d'avoir accès aux jardins familiaux, c'était l'un des souhaits de l'association Flore 54 (Fédération lorraine de l’environnement pour le département de Meurthe-et-Moselle). “A condition que chacun respecte les gestes barrières“ tient à préciser son président, Raynald Rigolot. “Quand on cumule la masse de gens qui font des jardins, on constate que c'est une ressource énorme d'approvisionnement alimentaire dont on aura besoin dans quelques mois. Aussi bien des légumes que des fruits ! Et dans l'incertitude d'approvisionnement au niveau mondial et même européen avec le transport routier, c'est une mesure de bon sens. A la campagne, de nombreuses familles se nourrissent principalement avec les produits du jardin ! Dans l'agglomération nancéienne, vous avez également beaucoup de jardins potagers de Laxou à Heillecourt, il faut encourager nos jardiniers. Jardiner, c'est une question de survie alimentaire pour les prochains mois et surtout l'automne qui risque d'être difficile.” Un appel que les pouvoirs publics ont entendu !
 
Car le calendrier est impitoyable. “Si vous ne plantez pas les pommes de terre ou les petits pois maintenant, il sera trop tard début juin !” précise Raynald Rigolot, “et passée cette date, si les semis ne sont pas faits... il n'y a aura pas de récolte à l'automne ! Comment fera t-on alors pour compenser si toute cette production ne peut être lancée ? Il faudra trouver d'autres sources d'approvisionnements, ajoutant davantage de confusion et de complexité à la situation. Ça n'a pas l'air mais c'est une vraie question de fond !

L'accès aux jardins familiaux concerne également les petits producteurs. “Il y a encore des maires qui sont hostiles à la tenue de petits marchés locaux“ ajoute le président de Flore 54, “cela met gravement en danger les petits producteurs. Il est possible, sous conditions sanitaires, de les laisser travailler ! C'est d'une extrême importance ! Si les petits producteurs ne vendent pas, ils n'ont pas de trésorerie et dans quatre ou cinq mois, ils mettent la clé sous la porte pendant les vacances d'été ! Rien qu'en France, on nous dit qu'il manque 200 000 personnes pour ramasser des légumes comme les salades, les radis ou les asperges. D'où l'importance de pouvoir produire et vendre local !
 
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