Le dry january ou janvier sans alcool commence à se faire connaître auprès de ceux qui souhaitent réguler leur consommation en particulier après les fêtes. Cette initiative est-elle utile, à qui s'adresse-t-elle, peut-on faire des exceptions ? Michaël Bisch, vice-président de la fédération française d'addictologie répond à ces questions.
Invité du 12/13 ce mardi 3 janvier 2023, Michaël Bisch nous explique les bienfaits du dry january, le défi d'un janvier sans consommer une goutte d'alcool alors que la consommation reste élevée en France et dans le Grand Est.
1- Sommes-nous très touchés par les problèmes d'alcoolisme dans le Grand Est ?
La France entière est très touchée, quel que soit le milieu. Mais on observe un arc Bretagne, Nord, Picardie, Grand Est où les problèmes d'alcool sont importants. Il faut savoir que si globalement la consommation d'alcool est en baisse, la France reste dans le peloton de tête de l'OCDE. La moyenne de consommation d'un français adulte est de 10,5 litres d'alcool pur par an et environ 20% des français consomment les 3/4 de l'alcool vendu en France. Les problèmes d'alcool se mesurent au regard des dommages physiques et psychologiques subis. On sait aujourd'hui de manière scientifique qu'il n'y a pas de consommation sans risque. Le faible risque c'est deux verres par jour pas tous les jours, ce qui revient à dix verres maximum par semaine. Les 3/4 des français respectent ces repères d'usage à faible risque.
2- Le défi de janvier est-il anecdotique ou réellement intéressant pour faire baisser sa consommation d'alcool ?
Cela aide à mieux prendre conscience des consommations qu'on choisit et de celles qu'on ne choisit pas, si elles sont le fruit d'une injonction. Par exemple si je vais en soirée on attend de moi que je consomme de l'alcool mais est-ce que j'en ai vraiment envie. "S'expériencer" pendant un mois sans alcool c'est un bon levier pour mieux gérer ses consommations tout le reste de l'année contrairement à ce que disent les alcooliers qui affirment qu'on va boire énormément dés le premier jour de février pour compenser ce qui est faux.
3-Qui peut participer au défi de janvier, quelles sont les règles ?
Le défi de janvier n'est pas destiné aux gens qui ont une dépendance à l'alcool. Si c'est le cas, la personne doit être accompagnée par des professionnels de santé parce que si on a une dépendance à l'alcool et qu'on arrête sans accompagnement, c'est dangereux physiquement, il y a un risque d'accident de sevrage. Le défi de janvier n'est pas un mouvement hygiéniste qui vise l'abstinence, c'est vraiment une expérience individuelle et collective, ça n'est pas prohibitionniste.
Au niveau des règles justement, on n'est pas obligé d'être dans quelque chose de trop drastique, on peut les assouplir. Il y a assez d'injonctions dans notre société c'est pas pour en rajouter. L'idéal reste le zéro alcool pendant un mois, c'est ce qui marche le mieux dans cette expérience à laquelle environ 10% de la population française participe, un chiffre qui ne cesse d'augmenter.