La première capsule Urbanloop vient de sortir de l’usine située dans le Grand Nancy en Meurthe-et-Moselle. Douze capsules circuleront au printemps 2024 sur la ligne pilote de Saint-Quentin-en-Yvelines pour les Jeux olympiques de Paris.
Jean-Philippe Mangeot, le directeur du projet, a du mal à y croire. Mais ce jour-là, le 10 janvier 2023 est à marquer d’une pierre blanche dans l’agenda Urbanloop. La toute première capsule est en cours d’assemblage. Elle lance officiellement la production industrielle des véhicules. Voyez la vidéo :
La première mise en service d’une flotte de 12 capsules est prévue au printemps 2024 pour les JO de Paris, sur la ligne "pilote" de Saint-Quentin-en-Yvelines. Un parcours d’un kilomètre, qui permettra à Urbanloop de tester les capacités de son véhicule dans des conditions réelles d’obtenir des retours d’usagers pour améliorer son système en vue de son déploiement à grande échelle, à commencer par Nancy en 2026.
1 kilomètre, 1 minute, 1 centime
L'idée d'Urbanloop est une flotte de véhicules électriques autonomes sans moteur et sans batterie, pilotée par une intelligence artificielle. Un projet, qui a battu le record de la plus faible consommation électrique du kilomètre pour un transport autonome le 28 mai 2021 à Tomblaine, près de Nancy, en présence du ministre des transports de l’époque, Jean-Baptiste Djebbari. Ce mode de transport est destiné au marché urbain pour une ville sans voiture. Le projet veut être une alternative économique et écologique pour les villes moyennes. Des capsules individuelles ou en duo pour éviter les bouchons, mais aussi une idée qui en période de pandémie a montré son intérêt. Les capsules circuleront à 50 kilomètres/heure sur des rails connectés. De petits balais frottent sur les rails pour l’alimentation en électricité. Le tout piloté par une intelligence artificielle.
L’IA pour prédire les flux
Depuis le début, l’Intelligence artificielle est au cœur du projet. Un algorithme "d’ordonnancement" détecte les stations où il faut envoyer des capsules vides. "Les probabilités sont calculées à partir de l’apprentissage de données antérieures". Le système s’adapte au flux "à partir de prédictions fournies par un modèle statistique". Il veille aussi au calcul des trajets de chacune des capsules pour éviter tout incident sur le réseau.
Un projet 100% made in Grand Est
Le projet Urbanloop est né en 2017 d’un travail d’étudiants d’une école d’ingénieurs de Nancy à la recherche d’un moyen de transport pour le futur. Il est devenu réalité en quelques années. Urbanloop utilise les savoir-faire du Grand Est : les écoles d’ingénieurs de Lorraine INP sont toutes mobilisées.
Toutes les pièces du véhicule sont réalisées dans la grande région. Les cabines composites sont fabriquées dans les Vosges. Les rails sortent d’une usine dans la Meuse. Les pièces du châssis proviennent d’Alsace. L’ingénierie, l’électronique, l’intelligence artificielle, le pilotage automatique et l’assemblage sont réalisés à Tomblaine en Meurthe-et-Moselle.
Avec cette phase d'industrialisation, une fois de plus, la direction du projet, trouve une façon astucieuse de passer la vitesse supérieure et innove en initiant le "coworking industriel". Urbanloop a négocié avec l’entreprise CINI, spécialisée dans l’outillage de contrôle pour les secteurs de l’automobile et de l’aéronautique d’utiliser une partie du site de Tomblaine.
Les équipes d’Urbanloop profitent des savoir-faire des ateliers CINI et de leurs équipements. "Nous n’avons pas à nous occuper de créer une usine, d’acheter du matériel, nous avons tout sur place, à cinq minutes de notre circuit d’essais, c’est une opportunité exceptionnelle" explique Jean-Philippe Mangeot, PDG d'Urbanloop. Un partenariat gagnant qui permet à CINI de louer une partie de ses ateliers et de contribuer à un projet innovant.
Nancy, première ville à proposer une alternative à la voiture en ville en 2026
Les JO de Paris 2024 serviront de tremplin à la jeune entreprise. Elle pourra faire la démonstration de ses performances. Nancy accueillera la véritable première boucle urbaine en 2026. Elle devrait fonctionner entre Maxéville et la pépinière à Nancy, sur l’ancien site Alstom et futur tribunal de Nancy. L’endroit idéal pour Jean-Philippe Mangeot. "Il sera possible d’y créer une boucle végétalisée parfaitement intégrée au site". L’ancienne voie ferrée est toujours là. Elle sera remplacée par les rails communicants d’Urbanloop.
Nancy sera la première ville à proposer une alternative à la voiture en ville. L’entreprise Urbanloop compte désormais 20 salariés. Elle continue de recruter.