Urbanloop, un projet né à Nancy il y a quatre ans, a été retenu pour les JO 2024 à Paris, dans le cadre de l'appel à innovations mobilités du Ministère de la Transition écologique, chargé des Transports. Les capsules 100% électrique, sans batterie, font partie des 21 lauréats.
"Urbanloop, plus vite en transport public qu’en voiture", c’est avec cet intitulé que le projet est présenté sur le site du Ministère de la Transition écologique, chargé des Transports. Il fait partie des 21 projets lauréats de l'appel à innovations mobilités "Jeux Olympiques et paralympiques 2024" et annoncés par Jean-Baptiste Djebbari, Ministre délégué auprès de la ministre de la Transition écologique, chargé des Transports.
Le projet est décrit comme le "déploiement de flottes de capsules autonomes sur rails pouvant transporter une ou deux personnes, dont des personnes à mobilité réduite ou encore une personne avec un vélo. Les capsules avancent à 60 km/h, elles sont 100% électriques, sans batterie et à très faible consommation. Le réseau dessert plusieurs stations intermédiaires en dérivation de la ligne principale ce qui permet à l'usager de voyager sans attente, sans arrêt intermédiaire et sans correspondance."
Pour Jean-Philippe Mangeot, à l'origine du projet il y a quatre ans avec ses étudiants de l'ENSEM (Université de Lorraine), c'est une grande fierté que Nancy soit représentée à l'occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 dans ce qui sera une vitrine pour de l'innovation dans les mobilités. Une initiative du Ministère qui a pour but d'accélérer l'émergence de ces projets en les exposant. Elle permet aussi de faciliter l'accès aux financements. D'ailleurs, depuis plusieurs mois, déjà, le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a annoncé sa venue à Nancy le 28 mai prochain, jour retenu par l'équipe pour un record du monde.
Un kilomètre, une minute, un centime, le 28 mai, notre objectif est de battre le record du monde de la plus faible consommation énergétique au kilomètre
Le 28 mai, l'équipe d'Urbanloop tentera de battre le record du monde de la plus faible consommation énergétique au kilomètre comme nous l'explique Jean-Philippe Mangeot : "Un kilomètre, une minute, un centime". L'équipe est dans les startings blocks. "On travaille le contrôle commandes. Ce qui signifie que nous envoyons des sortes de feuilles de route aux capsules via l'informatique. Elles doivent atteindre une certaine vitesse. On travaille aussi sur les virages et sur les départs. L'énergie consommée doit être la plus faible possible. L'objectif est de rouler à 60 km/H pour atteindre l'objectif d'un kilomètre, une minute, un centime ou moins".
Le record du monde sera homologué par Certifer, une société spécialisée dans l'évaluation et le contrôle de sécurité des transports ferroviaires. Elle est basée en France, agréée par le ministère et fait partie des leaders mondiaux dans ce domaine.
L'homologation du record du monde, c'est de la rigolade à côté de celle de la sécurité du système
Le 28 mai, le directeur du groupe, mais aussi le directeur de l'innovation seront présents sur le site à Tomblaine. "Certifer travaille aussi sur l'homologation du système Urbanloop qui permettra de transporter du public dans ses capsules en 2024." À quelques jours de cette tentative de record, toute l’équipe d’Urbanloop est sur le pont. Certifer sera sur site quelques jours avant pour contrôler tout le système. "Cela fait déjà plus d'un an que nous travaillons avec eux puisque nous avons eu à rendre un certain nombre de documents détaillés sur le système". "L’homologation du record du monde, c'est de la rigolade à côté de celle de la sécurité du système."
Nous allons démontrer que plusieurs capsules individuelles ne consomment pas plus qu'un seul véhicule de transport en commun du type bus
Pour Jean-Philippe Mangeot, "l'enjeu de ce record du monde est de démontrer qu'aujourd'hui, fractionner le transport en voyage individuel permet de sortir les voitures et leur pollution du centre-ville. Pour cela, il ne faut aucune attente pour monter dans la capsule. Il faut beaucoup de capsules et que le tout ne consomme presque rien. Nous allons démontrer que plusieurs capsules individuelles ne consomment pas plus qu'un seul véhicule de transport en commun du type bus. Il n'y a pas forcément d'intérêt à voyager en commun d'un point de vue énergétique. On va pouvoir aussi réduire la taille des infrastructures de transport."
Jean-Philippe Mangeot et son équipe ne l'avaient pas forcément imaginé au départ, mais avec la pandémie de covid-19 que traverse actuellement toute la planète, des capsules individuelles ou en duo pourraient être une des solutions pour un transport urbain adapté. "On ne peut pas prédire ce que sera l'avenir des transports en commun après la Covid-19. Mais Urbanloop pourrait être une réponse à cette nouvelle contrainte. On a vu les personnes reprendre leur voiture pendant cette période pour éviter les transports en commun. Ce serait en plus une réponse pertinente à l'urgence de la transition écologique."
Nous allons tester nos algorithmes sur la flotte de véhicules dans la réalité
Une fois que la démonstration sera faite de la faible consommation énergétique, le 28 mai prochain, une autre phase débutera pour l'équipe d'Urbanloop. "Il s'agit maintenant de démontrer que l'on arrive à commander l'ensemble de la flotte". Toutes ces capsules, qui vont tourner ensemble sur des boucles, seront pilotées par une intelligence artificielle qui permettra une très grande précision. "Nous allons tester nos algorithmes sur la flotte de véhicules dans la réalité. On a fait toutes les simulations sur ordinateurs. Mais il faut bien maintenant se confronter à la réalité et tester".
Trois capsules en plus de celle du record sont actuellement en fabrication. Elles tourneront sur un circuit d'un kilomètre avec deux boucles et trois stations de sortie. "L'an prochain, nous construirons un tunnel de 100 mètres de long pour tester cette configuration. Une fois que nous aurons validé les capsules, validé l'intelligence artificielle, validé la sécurité, fait un tunnel, nous serons prêts pour le début de l'expérimentation et prêts pour les Jeux olympiques de 2024 à Paris."
On cherche quel site sur la métropole du Grand Nancy serait idéal pour installer une boucle
Le Grand Nancy, pourrait être le premier à avoir une boucle Urbanloop sur son territoire. Mathieu Klein, Maire de Nancy et Président de la Métropole du Grand Nancy, se montre très intéressé par Urbanloop. "Mathieu Klein nous a passé commande d'une étude d'opportunité. Pour le moment, on cherche quel site sur la métropole du Grand Nancy serait idéal pour installer une boucle compatible avec des voies vertes, compatible avec la présence de piétons et de vélos, compatibles avec les contraintes environnementales, etc. L'idée serait de trouver un site pour une mobilité douce efficace et économique."
Plusieurs reportages ont été consacrés au projet Urbanloop, voyez le dernier diffusé sur France 3 Lorraine en février 2021.
Une toute première boucle Urbanloop dans le Grand Nancy, l'idée fait son chemin. En attendant les résultats de l'étude, l'équipe poursuit son petit bonhomme de chemin étape par étape. Elle pourrait révolutionner les transports urbains des villes moyennes pour les prochaines années. D'autres villes dans le monde sont intéressées et suivent de très près le projet Urbanloop.