VIDEO. "On a pour ambition de les porter à 45", les accueillants familiaux, un métier peu connu mais essentiel

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Accueillant familial. Un métier peu connu et peu valorisé, pourtant essentiel pour celles et ceux qui ne veulent pas aller en établissement spécialisé ou sur liste d’attente, qu’ils s’agissent de personnes en situation de handicap ou de personnes âgées. En Lorraine, on compte moins de 200 accueillants.

Avec un peu moins de 200 accueillants familiaux en Lorraine (15 en Meuse, 18 dans les Vosges, 35 en Meurthe-et-Moselle, 104 en Moselle), ce mode de garde est une alternative à l'hébergement en établissement. C'est la formule qu'a choisie Mireille Joignet, 86 ans. Depuis presque trois ans, elle vit chez son accueillante familiale, Sandrine Pariset, à Allain, en Meurthe-et-Moselle. Un métier sacerdoce, un métier passion peu connu et reconnu, qui demande énormément d’investissement, pour le plus grand bonheur des accueillis. 

Sécurité et affection

"J’ai dû me griffer, vous savez bien que je ne vois pas clair". Toutes deux n'ont jamais réussi à se tutoyer malgré une grande complicité. Depuis presque trois ans qu'elles partagent leur quotidien, Mireille se sent comme chez elle chez Sandrine Pariset, son accueillante familiale. Ensemble, elles partagent tout : les loisirs, les repas, les sorties, les rencontres, y compris la vie avec d'autres accueillis. Un mode de garde et d'hébergement choisi pour plein de raisons par Mireille. "La compagnie de quelqu’un, la sécurité d’un point de vue santé, avec mes problèmes de vue. Et la nuit, s’il arrive quelque chose, je sais qu’il y a quelqu’un que je peux appeler. Sans oublier l’affection que j’ai pour Sandrine. Pour moi, elle est comme ma petite-fille", confie-t-elle à Laurence Duvoid et Didier Bert, journalistes à France 3 Lorraine.

Une relation unique, commencée quelques années plus tôt, lorsque Sandrine était auxiliaire de vie à l'ADMR et qu’elle allait faire le ménage chez Mireille et son mari. Puis, après le décès de celui-ci, Sandrine a continué de s'occuper de Mireille.

"Une fois, je l’ai vu mettre la main au-dessus de la gazinière pour voir si elle était éteinte. J’ai commencé à me dire que ça devenait dangereux", se souvient Sandrine Pariset, accueillante familiale. "Ou encore les couteaux par terre parce qu’elle ne les avait pas vus tomber ou encore les lunettes par terre qu’elle a manqué d’écraser", dit Sandrine, qui projette alors de s'installer comme accueillante familiale.

Un accompagnement par le Département

Pour obtenir son agrément du conseil départemental, elle vend sa maison de Neuves-Maisons et rachète celle-ci, à Allain. De plain-pied, conforme à l'accueil de personnes âgées et handicapées, et se lance dans ce métier vocation.

Pour obtenir cet agrément du conseil départemental, "il suffit qu’elles envoient un courrier au département pour demander à être agréées, et qu’elles composent leur dossier, explique Catherine Boursier, vice-présidente à l’autonomie au conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Nous allons être vigilants sur les qualités de la personne qui souhaite accueillir. D’abord, il faut qu’elle ait un casier judiciaire vierge, et qu’elle ait des qualités humaines telles que le respect, la bienveillance, l’estime de soi". Sans oublier le suivi d’une formation et "qu’elle puisse offrir à l’accueilli une pièce d’au moins 9m² si elle est seule et de 16m² si c’est un couple. L’adhésion de la famille complète au projet est essentielle". Pour assurer la mobilité de l’accueilli, l’accueillant doit avoir le permis de conduire

Je ne changerai pas mal place, surtout pas pour un Ehpad

Mireille, accueillie

"C’est du 24h/24, 7j/7. On s’organise relativement bien, si on veut sortir, on ne se gêne pas, si on a envie d’aller au restaurant, pareil. On se fait vraiment une vie de couple. Je pense qu’il n’y a rien de plus beau que d’aider ses anciens, insiste Sandrine Pariset. Il faut avoir le mental mais je pense qu’après, ça se fait naturellement. Et avec mes collègues, on est toutes ravies, on se raconte nos petites histoires et on en rigole parce qu’ils sont merveilleux nos petits accueillis."

Coté salaire, c'est l'accueillie qui finance l'accueillante : 1750 euros par mois pour Mireille, financé aussi grâce aux aides qu'elle perçoit du département. Mais ce n'est pas tant l'argent qui importe, mais l'humanité qui se dégage de ce foyer. "Je suis très très bien comme ça. Je ne changerai pas mal place, surtout pas pour un Ehpad. Moi, je voudrais partir ici, c’est ma dernière station", déclare Mireille Joignet, accueillie.

Objectif 45 accueillants familiaux

En Meurthe-et-Moselle, il y a 35 accueillants familiaux et "ce n’est pas suffisant", affirme la vice-présidente. "On a pour ambition, dans le cadre du prochain schéma "autonomie", de les porter à 45. Pour y arriver, nous allons beaucoup communiquer. Mais il est important de souligner que nous avons beaucoup de personnel, dans des services d’aides à domicile, qui ont déjà cette appétence et qui peuvent avoir envie, à un moment, d’avoir un autre parcours professionnel. Il faut aller chercher les gens", défend Catherine Boursier.

"Il faut leur montrer que même s’ils accueillent seuls chez eux, ils vont être dans une communauté de travail. En effet, ces personnes sont au contact permanent des salariés du conseil départemental, qui viennent voir comment cela se passe au domicile et qui peuvent entourer. Ils sont aussi au contact des professionnels médico-sociaux qui doivent permettre l’accompagnement médicalisé de l’accueilli".

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