C'est un phénomène rare dans le Nord-Est de la France, un agave américain s'est mis à fleurir à Nançois-le-Grand dans la Meuse. Son propriétaire, qui en prend soin depuis 45 ans, découvre émerveillé cette croissance rapide, qui est unique dans la vie de cette plante (première publication en août 2021 avec actualisation).
Etienne Schmitt n'en revient toujours pas. Son agave qui était tout petit dans un pot il y a quelques dizaines d'années est aujourd'hui une plante qui dépasse presque sa maison. "Il s'est mis à pousser d'un coup au mois de juin" explique l'agriculteur retraité, qui a pris soin de cette plante sans relâche.
Etienne et Anne-Marie Schmitt habitent à Nançois-le-Grand dans la Meuse, sous une latitude pas forcément adaptée à une plante originaire du Mexique. En fait ils avaient reçu cet agave américain en cadeau en 1976 ou 1977, ils ne savent plus exactement. Ce qui est certain c'est qu'ils s'en sont occupé pour éviter qu'il ne gèle et cela lui a plutôt réussi.
Il grandit de cinq centimètres chaque jour
Jusqu'à cette année 2021, la plante n'avait jamais développé son appareil reproducteur caractéristique : la hampe florale. C'est elle qui porte les fleurs et qui pousse à une vitesse incroyable. "Il est passé de 2 mètres à plus de 5 mètres 50 en moins de deux mois" explique Etienne Schmitt. Sa petit fille, Claire, l'a photographié début juin : "on n'imaginait pas qu'il allait pousser aussi vite".
Ce développement est un phénomène tout à fait naturel ; il annonce la floraison de l'agave, mais aussi sa mort par épuisement car il ne fleurit qu'une seule fois dans son existence.
Une plante rare dans le Nord-Est de la France
L'agave américain est une plante qui préfère les climats chauds et secs. "Il est courant de le retrouver au bord de la Méditerranée ou sur le littoral Atlantique" explique Aurélien Bour, responsable scientifique de la collection botanique tropicale au jardin Jean-Marie Pelt de Nancy. "C'est en revanche rare de la trouver dans une région comme la Lorraine, car c'est une espèce très sensible au gel et qui ne supporte pas l'humidité".
"Dans le sud de la France et dans le nord de l'Afrique cette plante est même considérée comme envahissante" ajoute Aurélien Bour. Et que l'on se rassure, ce n'est pas au réchauffement climatique que l'on doit la survie de l'agave de Nançois-le-Grand, mais bien aux soins attentifs d'Etienne et Anne-Marie Schmitt.
"Chaque automne nous l'extrayons de terre puis nous le rentrons au sous-sol dans un pot pour le protéger du gel. Et au printemps nous le ressortons pour le replanter dans le jardin devant la maison". Une opération qui s'est alourdie au fil des ans, puisque le tout petit agave des années soixante-dix est devenu une plante massive de 3 mètres de diamètre et de 350 kilos. "Aujourd'hui on fait ça au tracteur avec le chargeur frontal, sinon c'est impossible !".
Une triste fin annoncée
Malheureusement il ne sera pas possible d'observer ce phénomène très longtemps, car dans le développement normal de l'agave américain la floraison annonce sa fin. Il va progressivement se dessécher et sa hampe tombera emportée par le vent. "Ce sera presqu'un soulagement" explique Etienne Schmitt "car c'était un gros travail de le mettre à l'abri l'hiver. Rendez-vous compte il pèse entre 350 et 400 kilos".