Meuse : oui, conduire une voiture électrique à la campagne, c'est possible et pertinent

En 2019, plus de 40.000 véhicules à 100 % électriques ont été immatriculés en France. C'est près de 2 % des véhicules particuliers. Et si a priori le choix de la voiture électrique ne semble pas sompatible avec la vie en milieu rural, les choses changent, petit à petit.

Entre 2011 et 2020, la quantité de véhicules 100 % électriques, immatriculés en France, a été multiplié par plus de 45. Une décennie en arrière, 2.626 voitures composaient le marché français. Et en 2020, ce sont plus de 110.000 véhicules tout électrique qui ont été vendus. Si les villes et les grands axes routiers semblent munis de suffisamment de bornes de rechargement, la campagne, elle, au premier abord, paraît moins prête pour accueillir ces véhicules. Et pourtant...

Les villes, premières cibles des véhicules électriques

Dans un marché de l’automobile français en difficulté, avec un nouveau confinement et une limite de déplacement à 10 km maximum, la vente de véhicules se réduit. Alors, forcément, celle des voitures électriques devrait, elle aussi, être impactée par la crise. Pourtant, nous constatons que de plus en plus de ces véhicules parcourent les rues de nos villes. Mais en est-il de même pour la campagne ?

Aujourd’hui avec les autonomies qu’on propose, ça fait éclater un peu ses frontières.

Xavier Bauer, chef des ventes de Renault St-Dié Group Bymycar

Pour Xavier Bauer, chef des ventes de Renault St-Dié Group Bymycar : "Il faut être franc, la première destination des voitures électriques, c’était quand même l’usage urbain et périurbain". Selon Hervé Lalue, directeur du garage Citroën à Verdun, l’utilisation des voitures électriques en campagne : "C’est moins une évidence qu’en ville où les déplacements se font sur de petites distances. Mais, pour autant, il y a quelques clients, notamment en seconde voiture, qui peuvent se laisser tenter". Un avis partagé par son confrère vosgien : "Ce n’est généralement pas le véhicule principal. Mais aujourd’hui avec les autonomies que l’on propose, ça fait éclater un peu ces frontières".

Pourtant, la réalité parvient parfois à déjouer les pronostics : "Au mois de janvier 2021, à Saint-Dié, nous avons vendu plus de Zoé que de Clio, c’est vous dire. Attention, c’est un mois isolé, mais il y a eu un engouement à cette période. Ici, où nous sommes plus ruraux, on arrive à avoir une performance commerciale sur Zoé, qui est plus forte que certaines concessions en centre-ville".

L'électrique est donc bien une réalité en zone rurale et plus uniquement dans le secteur urbain.

L’autonomie, au centre de la transformation

"La réticence numéro 1, ça reste l’autonomie évidemment". Hervé Lalue le sait, l’autonomie est, bien souvent, ce qui fait hésiter les acheteurs pour passer à l’électrique.
Actuellement, sur le marché français, les voitures tout électrique offrent jusqu’à 450 km d’autonomie selon les modèles. Un plus pour Xavier Bauer : "L’autonomie de voiture est en train de progresser fortement. On a démarré avec une Zoé à 120 km d’autonomie. Il fallait être bien accroché pour la vendre! Aujourd’hui, on est presque à 400 km. Avec de plus grandes autonomies, il y aura moins de réticences". 

Stéphane Lagnel, habite Bar-le-Duc. Il souhaite franchir le cap. Mais avant de passer au tout-électrique, ce Meusien a préféré couper la poire en deux : "J’utilise une voiture hybride (mi-électrique, mi-thermique, ndlr). Je suis persuadé que l’électrique en milieu urbain, c’est quelque chose d’utile et faisable. En rural, je voulais d’abord tester avec une hybride pour voir les possibilités, la viabilité. Je constate que je suis plus tranquille d'esprit, parce que je n’ai pas à me préoccuper de la recharge. Pour l’instant, j’ai la possibilité d’avoir l’accompagnement du thermique".

Selon Xavier Bauer, la peur des usagers est essentiellement fondée sur le risque lié au tout-électrique sur les longs trajets, comme ceux des vacances. "Dès que ça excède 500, 600 km, la voiture électrique peut leur poser problème pour une question d’autonomie". Mais pour une utilisation quotidienne en terre vosgienne, la géographie du territoire permet de trouver une parade... Naturelle : "On a la particularité d’être un secteur assez montagneux. On pourrait se dire qu’un véhicule, comme une Zoé, va consommer plus, quand vous grimpez un col. Mais il a aussi l’avantage de récupérer de l’énergie quand vous le descendez". 

La question des bornes de recharge est donc au coeur de l'équation.

Une quantité de bornes électriques encore perfectible

"L’État a fait en sorte que les gens achètent des voitures électriques. Donc les bornes commencent à pousser. Le problème, c’est que les infrastructures ne sont pas encore au top", selon Stéphane Tumminello, utilisateur d’une voiture 100 % électrique à Merviller, dans le sud-est de la Meurthe-et-Moselle.

"Il y a toujours une chose qui fait que vous arrivez sur une borne qui ne marche pas. Vous avez, soit un problème de connexion de la box, soit la borne est hors service. Dans ce cas, il faut appeler l’opérateur. Qui va alors envoyer un technicien. Mais celui-ci ne va pas venir que pour une borne. Il ne se déplacera que lorsque plusieurs ne fonctionneront plus". 

Pour Stéphane Lagnel, l'avis est quelque peu différent : "Je trouve que la Meuse est plutôt bien fournie en bornes électriques de recharge. On peut toujours dire que ce n’est pas optimum, vous n’allez pas en trouver partout, c’est vrai, mais c’est pas mal. Ne pas oublier qu'un déplacement en électrique, ça se prépare. Si vous prenez des voitures qui font 350 km, vous arrivez à gérer". Il existe toutefois des cartes des différentes bornes, sur l’ensemble du territoire national, pour préparer au mieux vos trajets comme Chargemap ou bornes-recharge.net.

Dans les territoires très ruraux, l’accessibilité à la recharge électrique est plus difficile aussi en raison du manque d’investissement dans de nouvelles bornes. Dont le coût est important.
"Pour des communes de taille moyenne, comme les nôtres, ce sont des investissements lourds", explique Xavier Bauer. "Une borne de recharge rapide, c’est presque 15.000 euros. Et les pouvoirs publics mettent du temps à les réaliser. Mais à St-Dié, c’est sûr qu’il faudrait plus de bornes de recharge, ça nous aiderait à vendre plus de véhicules électriques."

Toutefois, d'autres solutions existent pour refaire "le plein" de son véhicule, voiture ou utilitaire. Des supermarchés, de plus en plus nombreux, proposent des bornes de rechargement, utilisable le temps des courses. "Certaines moyennes ou grandes surfaces surfent là-dessus. A l'image des magasins de l'enseigne Lidl qui proposent systématiquement une borne de recharge rapide. Pour eux, c’est un argument pour faire venir du monde", explique Xavier Bauer.

Recharges domestiques, idéales pour le monde rural

La solution de recharge quotidienne "idéale", c'est, bien sûr, la borne personnelle. Pas obligatoire, elle est quand même souvent indispensable. Que l'on vive à la ville ou à la campagne.
"Le nombre de bornes étant insuffisant, à chaque vente, on se fait un devoir de proposer, au client, une solution de recharge à domicile.​ ​​​​En grande ville, la décision d'acheter un véhicule électrique est parfois compliquée pour celui qui habite dans un immeuble, sans garage ou parking attitré. L’idéal, c’est d’avoir son garage ou sa zone de rechargement personnelle. Pour pouvoir y installer un dispositif adapté".
Il en existe de différentes marques, explique Hervé Lalue, qui évoque la wallbox (littéralement "boîte au mur"), un modèle parmi d'autres. Acheté en même temps que le véhicule, il coûte entre 500 et 1.500 euros. Il permet à la fois une charge plus sûre et plus rapide qu'une simple prise électrique.

Si le client ne peut pas recharger de chez lui, c’est très compliquer en secteur rural. Le maillage de bornes est tellement faible, ça va le mettre en situation de stress et ça va être compliqué.

Xavier Bauer

Pour Xavier Bauer, "en centre-ville, les clients qui habitent en appartement doivent obtenir le feu vert de leur copropriété pour faire installer une borne, individuelle ou collective. En milieu rural, la grande majorité des gens ont un garage ou un parking individuel devant chez eux. Ils peuvent plus facilement avoir une solution de recharge autonome, à la maison. C’est vraiment la clé, à la campagne, si le client ne peut pas recharger chez lui, cela peut s'avérer compliqué de le faire en dehors. Le maillage de bornes est souvent faible et ça peut le mettre en situation de stress".
Hervé Lalue rebondit : "En général, les gens qui achètent une électrique s’équipent pour charger depuis chez eux". 

Selon le site Automobile-propre, plus de 80 % des propriétaires d’une voiture électrique font ce choix d'une prise dédiée à domicile. Comme Stéphane Tumminello : "Cela a vraiment un intérêt, c’est plus rapide et pas plus embêtant".

Conducteurs conquis par l’électrique 

Les bornes domestiques permettent aux conducteurs ruraux de véhicules électriques de rester autonomes.
A la campagne, la voiture électrique est largement suffisante, explique Stéphane Tumminello : "Aller en ville, chercher les gamins à l’école, faire les courses, je ne repasserai plus à la thermiqueJe prends ma voiture régulièrement. Je vais à Lunéville deux ou trois fois par semaine. Je l’ai eu neuve en février 2019 et j’en suis à 46.000 km, soit 23.000 kilomètres par an".

La conduite d'une voiture électrique est différente de celle d'une voiture thermique, "mais il est facile de s’y adapter" selon le Barisien Stéphane Lagnel. "Cela demande un peu de réflexion, de préparation, on ne fait pas ça "à l’arrache". Il faut aussi bien apprendre à conduire, de façon plus souple".

Et Stéphane Tumminello en est même persuadé : "Plus d'autonomie des véhicules, plus d'infrastrutures pour recharger, tout cela va ouvrir la perspective d'achat de voitures électriques. On n'en est encore qu’au début. Il faut accepter ces petits désagréments pour continuer d’avancer".
Et cela que l'on vive en ville, où à la campagne. Où il est finalement tout à fait possible d'investir dans un véhicule électrique.
 

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