Coronavirus: confiné en Roumanie, il raconte son quotidien

Manuel, un Meusien né à Bar-Le-Duc file des jours heureux en Roumanie malgré le confinement dû au covid19. Voilà 5 ans qu'il est installé à Cluj-Napoca en Transylvanie, un pôle économique important. 

Manuel a 36 ans, il vit et travaille en Roumanie depuis maintenant cinq ans, à Cluj-Napoca une ville de 500.000 habitants au Nord du pays. Comme en France, il vit confiné et nous raconte.

- Comment se passe votre confinement?
"- Je fais comme tout le monde, je respecte les règles, j’ai la chance de travailler en télétravail pour une entreprise française qui officie dans la sous-traitance pour des experts comptables français. Ici la population a eu l’habitude de se priver alors contrairement aux Français, ils s’adaptent et sont assez disciplinés."

Attendre à la poste durant trois heures, ici c’est normal.
- Manuel

 

Prison ferme

"Ici les règles de confinement sont respectées. Il faut dire que les sanctions peuvent être lourdes et peuvent aller jusqu’à cinq ans de prison ferme. Les années communistes ne sont pas très loin, c’est l’armée qui fait respecter le confinement aux cotés des services de police. Le couvre-feu a été décrété de 22h à 6 heures du matin. Comme en France, les Roumains sont invités à rester chez eux, sauf pour faire des courses de première nécessité ou se rendre au travail. Les personnes âgées de plus de 65 ans ne sont autorisées à quitter leur domicile qu’entre 11 heures et 13 heures et que pour des besoins de base. Comme en France une attestation doit être remplie pour chaque déplacement."

- Qu'en est-il du port du masque?
"- C’est comme en France, au début on nous a dit que cela ne servait à rien et maintenant on nous encourage à les fabriquer nous-même. Ici on désinfecte les rues et tous les halls d’immeubles. Même si ça ne sert pas forcement à grand-chose, ça rassure les gens."

"La situation dans les hôpitaux est catastrophique. Ici il n’y a rien, c’est terrible. Beaucoup de médecins sont partis ailleurs avant la crise et aujourd’hui beaucoup démissionnent pour dénoncer le manque de moyens: pas de gants, pas de masques ni même de désinfectants. Le système est gangrené par la corruption. Tout est vérolé. Quand par exemple un hôpital reçoit une dotation de matériel, des masques ou autre, ce sont les soignants qui les chargent dans leur voiture personnelle pour les revendre ou les donner à leurs proches! C’est pour eux la seule manière de s’en sortir, ils n’ont pas confiance en l’Etat."

Manuel explique que l’inquiétude grandit à l’approche de la Pâques orthodoxe, une fête très importante. "Le gouvernement craint que certains roumains vivants à l’étranger rentrent au pays pour voir leur famille. Toutes les personnes qui arrivent en Roumanie seront placées en quarantaine."

Crainte d'une crise sociale

A Cluj-Napona, le taux de chômage avant la crise sanitaire était de 1 %, explique le Meusien expatrié. Le salaire moyen y est de 500 euros et le prix du litre de carburant est quasiment identique à celui affiché en France.
"Certains sont au chômage partiel en ce moment mais pour beaucoup, il n'y a pas de travail donc pas de salaire ni d'indemnité. On s’attend à une très forte inflation dans les mois à venir."

Depuis quelques jours les prix flambent, le kilo de pomme de terre a triplé. Il est passé de 3 Leus, soit 60 cents le kilo à environ 2 euros 80.
-Manuel

"J’ai sous ma responsabilités une trentaine de salariés", précise Manuel. "Ce sont toutes des femmes qui parlent parfaitement le français et toutes n’ont jamais autant travaillé de leur vie pour espérer garder leur emploi et sauver leur entreprise. Afin que les crises sociale et financière ne soient pas pire que la crise sanitaire."
 
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