Une vente d'art contemporain dans un hangar meusien : maître Cappelaere, officier vendeur à Bar-le-Duc, veut démontrer la vitalité du marché de l'art dans la France profonde. De fait, les amateurs locaux ont fait le déplacement ce dimanche 29 septembre. Mais le marché mondial n'est pas bien loin...
La salle de vente ne paye pas de mine: un cube gris parmi d'autres dans la ZA de Fains-Véel, en banlieue de Bar-le-Duc. C'est pourtant là, entre le marchand de pneus et le loueur de tractopelles, que s'étaient donné rendez-vous Auguste Rodin, Henri Matisse, Andy Warhol et quelques autres grands noms de l'art moderne et contemporain. Pas des oeuvres majeures, certes, mais de quoi exciter l'appétit de collectionneurs dans le monde entier.
Ceux qui sont dans la salle viennent plus modestement de Verdun, Bar-le-Duc ou Jarny. Ils iront vers des artistes moins cotés : il y a au catalogue des bronzes d'Ipousteguy, le sculpteur de Dun-sur-Meuse, le local de l'étape. Des graffeurs comme Ero ou M.Chat. Toffoli, le peintre des salles d'attente. Une dizaine d'oeuvres très colorées du Suédois Bengt Lindström...
"Prix new-yorkais"
Arrivent les premiers dessins de Giacometti, Matisse ou Miro. La salle s'échauffe mais c'est au téléphone, et sur Internet, que les enchères montent. "Frédéric, vous avez Londres en ligne ?" lance, gourmand, maître Cappelaere. "Huit mille... qui au-delà de huit mille ?... A ce prix-là c'est les soldes !..."Le nu de Giacometti n'est pas authentifié à 100%. "On garantit, en cas de problème on rembourse", rassure Frédéric Chanoit. Expert à l'hôtel Drouot, l'homme est habitué des ventes à Bordeaux ou Lille, mais c'est sa première sur Bar-le-Duc. Il se félicite du succès de la place meusienne : "On a eu des prix new-yorkais, des prix conformes au marché international". Le lot le plus convoité, un grand pastel de Pierre Klossowki, partira en Allemagne pour 140.000 euros.
Les Lorrains assistent aux matches en spectateurs : "C'est de la spéculation, ils achètent juste une signature" grogne Claude. En fin de vente, il repart avec un bronze d'Ipousteguy dans le coffre de sa Mégane. "C'était un copain".
Pierre, lui, n'embarque qu'une partie de ses emplettes. Il faudra revenir avec une camionnette pour chercher les deux tableaux africains.
Cette vente exceptionnelle était issue à 90% d'une seule collection, un particulier domicilié en région parisienne. Bien entendu, la salle meusienne ne fait pas que dans l'oeuvre d'art, il faut bien vivre. A la vente suivante, c'est un lot de camions et d'engins de chantier, "suite à cessation d'activité", qui seront mis aux enchères.