Le maire de Cléry-le-Grand (Meuse), est encore sous le choc. L'élu de ce village de 89 habitants, a été violemment agressé après être intervenu pour un dépôt sauvage. Ce mercredi 4 octobre 2023, il reprend le chemin de sa mairie le cœur lourd et le visage tuméfié.
Les blessures sont encore visibles. Sous l’œil droit du maire de la ville, âgé de 68 ans, une contusion.
Vendredi dernier, vers 10h30, Philippe Chardin se fait agresser, verbalement et physiquement, par un habitant du village. "Je lui ai demandé de déplacer sa benne, placée contre le mur de l’église, sur un terrain communal". L’agriculteur quadragénaire refuse d’obtempérer. L’échange devient tendu, le maire brandit la menace d’une amende. Après des menaces verbales et une course-poursuite, le propriétaire de la benne assène au maire un violent coup de poing, et le roue de coup, une fois à terre.
"Lui est reparti, moi j’ai cherché une maison pour m’essuyer, j’ai appelé les gendarmes, je suis remonté en haut du village à la mairie, puis j’ai attendu l’arrivée de la police", raconte Philippe Chardin.
L’auteur des faits n’en était pas à sa première mise en garde, il avait déjà écopé d’une amende pour encombrement de l’espace public."Il mettait des carcasses de voitures, des vieux véhicules inopérants, c’était un encombrement de l’espace public avec toute sorte de matériel qui n’avait rien à faire ici", explique le maire.
"Il y avait du matériel pas assuré, donc ça comportait des risques. Et puis, impossible de tondre, d’entretenir les espaces verts, c’était infernal", ajoute-t-il
Six mois de prison
L’agresseur a été interpellé, puis jugé en comparution immédiate le 2 octobre au tribunal correctionnel de Verdun. Son casier judiciaire est déjà entaché de deux condamnations pour des violences, commises entre 2016 et 2019. Il écope, pour cette agression, de douze mois de prison dont six fermes. Il devra indemniser la victime, suivre des soins et a interdiction d’entrer en contact avec elle.
Philippe Chardin a quant à lui passé deux jours à l’hôpital ; il s’en sort avec deux fractures au visage."J'ai reçu au moins 250 messages de soutien, du plus haut de l'État jusqu'aux habitants du village", confie-t-il."Ça fait chaud au cœur, on se sent plus fort dans ces moments, quand on ne comprend pas ce qui nous arrive, ça nous remet un peu d’aplomb pour assurer nos responsabilités", poursuit l'élu.
Aujourd’hui, le maire n’a toujours pas retrouvé son acuité visuelle, mais après huit jours d’ITT (Interruption temporaire de travail), il reprend le chemin de la mairie, fermement décidé à aller au bout de son deuxième mandat. "Je dois assumer ma mission jusqu’au bout, je ne démissionnerai pas", assure l'élu.