Le soir de la fête des morts, jeudi 31 octobre 2024, une quarantaine d'exploitants agricoles mosellans a souhaité un joyeux Halloween aux sous-préfets de Sarreguemines et de Sarrebourg. Sous la bannière des Jeunes agriculteurs (JA), ils entendaient parler du cauchemar qu'ils vivent tous les jours. Tour d'horizon d'une année en enfer avec Marc Bodo, le secrétaire général des JA 57.
Pas de fumier sur les murs de la sous-préfecture de Sarreguemines jeudi 31 octobre 2024 (la machine était en panne...) mais une colère bien réelle des Jeunes agriculteurs (JA). Une quarantaine d'entre eux est allée souhaiter un joyeux Halloween aux services de l'Etat pour évoquer leur cauchemar quotidien.
Dans l'enfer de l'administration
Ils le disent tous, la forte mobilisation du début d'année n'a servi à rien. Les exploitants agricoles croulent toujours sous la paperasserie administrative et continuent de subir des réglementations idiotes : "On avait des revendications mais on n'a rien eu de concret. Des promesses mais rien de neuf. La dissolution puis l'attente d'un nouveau gouvernement ont tout bloqué. La loi d'orientation agricole n'a pas pu être votée et là, le gouvernement est sur le vote du budget. Ça va prendre du temps..." selon Marc Bodo. Mais du temps, ils n'en ont pas.
2024, annus horribilis
"C'est une année catastrophique ! Les anciens n'ont jamais vu ça ! En 40 ans, on n'a jamais vu des moissons aussi mauvaises. Le fourrage est de mauvaise qualité et encore, quand on réussit à récolter... On a l'impression qu'il a plu du 18 octobre 2023 au 18 octobre 2024 !" renchérit le jeune agriculteur.
2024, annus horribilis, et pas que pour les récoltes. "Élevages, maraîchages et autres, toutes les productions sont impactées". Comme si tous les fléaux de la création s'étaient abattus sur un secteur aujourd'hui pris à la gorge.
La fièvre au corps
Et comme un malheur n'arrive jamais seul, la fièvre catarrhale qui touche les éleveurs ovins et bovins est venue faire monter un peu plus la température d'une filière déjà sous pression.
"On n'en veut pas au préfet. Il fait ce qu'il peut. Il est à notre écoute. Mais on a l'impression que l'Etat nous abandonne totalement. La région a débloqué une enveloppe de 9 millions d'euros pour les jeunes agriculteurs installés après 2020. C'est bien. Mais pour les autres ? 100 000 euros ont été débloqués pour la FCO (Fièvre catarrhale). Rapporté à l'ensemble des éleveurs du Grand Est, on va pouvoir se payer une baguette..."
Au bord du gouffre
"Macron avait promis des prix planchers. Si l'Etat ne met pas la main à la poche, des exploitations vont arrêter. Y'a des factures qu'on n'arrivera pas à payer. Ce que l'on craint le plus, c'est l'aspect psychologique. On n'est pas à l'abri de drames... Vous savez, quand vous travaillez 70h par semaine et que vous gagnez rien du tout... Faut pas oublier qu'il y a des familles derrière..."
Après l'action menée contre les radars routiers dans la nuit du 22 au 23 Octobre et celle du 31 Octobre, les JA de Moselle promettent de nouvelles actions d'ici 15 jours s'ils n'obtiennent pas des mesures concrètes et effectives."On prendra nos dispositions" indique simplement leur secrétaire général.