Le procès sur l'explosion d'un vapocraqueur, le 15 juillet 2009 sur la plateforme pétrochimique Total de Carling, s'est ouvert ce lundi 29 février. Deux responsables de l'entreprise sont poursuivis au tribunal correctionnel de Sarreguemines pour homicides et blessures involontaires.

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C'est une petite femme frêle qui est venue de Cherbourg, en Normandie, pour assister au procès pendant une semaine. La première fois que Véronique a fait le voyage, c'était le 15 juillet 2009. Elle venait retrouver son fils Maximilien, 21 ans, qui terminait sa formation au sein d'un fleuron de l'industrie française.

"Il était à l'école de Total... il avait commencé en 2008... on venait le retrouver pour partir en vacances. Le train est arrivé à 14h30. Et à 15h, c'était l'explosion..."

... L'angoisse de l'attente aux portes de l'usine, et la terrible nouvelle. Maximilien et Jérôme (28 ans) ont été tués dans la déflagration qui a fait plusieurs blessés.

La première journée d'audience a permis de comprendre pourquoi les victimes et les familles ont dû attendre si longtemps pour ce procès. Le dossier, très technique, s'empile en quatre volumineux classeurs sur la table du président Schneider. Et déjà, le premier incident d'audience a trait au rôle des experts. L'avocat de Total Pétrochimie demande qu'un ingénieur de la firme, cité comme témoin (n'assistant pas au débat), soit requalifié comme expert "pour rétablir l'équilibre" face aux deux experts mandatés par le tribunal, émettant un doute quant à leur objectivité... La cour lui donne droit cependant, pour pouvoir discuter "point par point" tous les éléments du dossier.

Mais beaucoup de gens dans la salle peuvent se targuer d'expertise. "Un vapocraqueur, je peux vous en construire un", lance Véronique. En six ans d'instruction, la maman de Maximilien a eu le temps d'éplucher les rapports des experts, de l'Inspection du Travail, de la DRIRE... Et les anciens de Total Carling, nombreux à l'audience, ont le sentiment d'en savoir plus que leurs patrons sur le fonctionnement de cette usine à gaz.

Le vapo pour les nuls

Cette première journée a donc essentiellement été consacrée à l'étude du vapocraqueur, ensemble de douze fours où le naphta (du pétrole grossièrement raffiné) est "craqué" sous l'action de la vapeur d'eau en différentes molécules utilisables par l'industrie. Première étape dans le processus, le "vapo" est pour la pétrochimie, l'équivalent d'un haut-fourneau en sidérurgie. 
Le dernier vapocraqueur de Carling s'est arrêté l'an dernier. L'usine travaille désormais à partir de composants produits ailleurs.
Le tribunal s'est attardé sur les "surchauffeurs", où la vapeur d'eau est portée à 550 degrés avant d'être injectée dans le vapocraqueur proprement dit.
C'est l'un des deux surchauffeurs qui a explosé au cours d'une tentative de rallumage, ce 15 juillet 2009. Tout le problème est de connaître l'enchaînement des faits qui ont conduit au drame.
La première journée d'audience ©F3 LORRAINE

 

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