Féminicide : "Il faut en finir avec le mythe du crime passionnel", pour Osez le féminisme ! en Moselle

Depuis le 1er janvier 2019, 126 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou de leur ex-conjoint. Pour interpeller la population et les pouvoirs publics, des membres du collectif mosellan "Osez le féminisme !" ont organisé une action simultanée dans plusieurs villes de Lorraine. 
 

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Catherine, membre du collectif "Osez le féminisme ! 57"

Pourquoi avoir organisé cette action simultanée ?
- Le 1er octobre, nous nous sommes réunies à Metz pour préparer une action unitaire dénonçant les féminicides. La réunion a rencontré beaucoup de succès. Cela nous a surprises. Nous étions une quarantaine de personnes qui venaient de Metz, Thionville, Mondelange…
Les mois précédents, nous étions plusieurs à avoir vu ce type de slogans dans d’autres villes de France. En discutant, nous nous sommes dit que nous pouvions faire trois équipes dans trois endroits différents : Metz, Thionville, et dans plusieurs villes de la vallée de l’Orne (Maizières-lès-Metz, Mondelange, Hagondange, Rosselange) pour coller des affiches.

Comment vous êtes-vous organisées en amont ?
- Nous nous sommes données rendez-vous dans un local assez grand pour nous accueillir puis nous avons fabriqué les affiches. Nous nous sommes réparties sur le terrain en fonction de notre lieu d’habitation. On a fait trois équipes le même soir pour que cela ait plus d’impact. Nous étions 12 à Thionville, 12 dans la vallée de l’Orme et 15 à Metz.

Comment sélectionnez-vous les différents endroits de la ville où vous allez mettre ces slogans ?
- Comme les pancartes sont très grandes, on ne pouvait pas les coller sur des panneaux officiels. Nous les avons donc collées à des endroits non autorisés… Nous souhaitions également qu’ils soient visibles pour le plus grand nombre.

Que dénoncez-vous ?
- Ce qui nous révolte le plus ? Entendre tous les trois jours qu’une nouvelle femme a été tuée. Depuis que nous avons été sensibilisées à la notion de féminicide, cela devient insupportable. Nous voulons éveiller les consciences, secouer le monde politique et l’inaction du gouvernement. Le gouvernement a déclaré que les violences faites aux femmes est la grande cause du quinquennat. Ce n’est pas vrai. C’est beaucoup de paroles pour peu d’actes. Les "Grenelle" contre les violences faites aux femmes n’ont pas donné grand-chose. Pour l’instant, il n’y a rien eu de concret en terme de moyens financiers ou de formation professionnelle car on manque de formations dédiées dans les commissariats et les hôpitaux. Les délégués à la violence, ce n’est que du vent.

Que voulez-vous concrètement ?
- Nous voulons plus de moyens de la part du gouvernement et plus d’argent attribué aux différentes associations. Nous voulons également qu’un homme politique condamné pour des violences soit écarté de la vie politique. Nous souhaiterions aussi que les médias cessent de parler de crime passionnel, de mari jaloux et éconduit. Il faut en finir avec le mythe du crime romantique.

Que préparez-vous prochainement ?
- Nous préparons une manifestation à Metz le samedi 23 octobre, pour la journée mondiale de la lutte contre les violences faites aux femmes du lundi 25 octobre. Au niveau politique, nous réfléchissons... comment interpeller les candidats lors des élections municipales pour savoir ce qu’ils comptent faire dans leurs villes pour accompagner les femmes victimes de violences.

Avez-vous envie de converger avec d’autres associations ou collectifs ?
- Le 25 novembre 2018, nous nous étions regroupées avec des partis politiques, des syndicats et différentes associations. Nous souhaitons renouveler cela cette année. Par exemple, nous avons proposé à Nous Toutes 57 de s’intégrer à notre démarche.

Pourquoi cet engagement ?
- On a toutes été confrontées à des situations de violences que ce soit personnellement ou par le biais d'amies et de proches. Ce qui m’a le plus étonnée dans notre action de jeudi 30 octobre, c’est la grande diversité des personnes ! C’était intergénérationnel, il y avait une jeune fille de 14 ans, des grands-mères… Il y avait également toutes les origines sociales et culturelles. Nous sommes unies malgré nos différences ! C’est notre plus grande force.

Et les hommes, dans tout ça ? Il y en avait ?
- Quelques-uns ! Deux à trois dans chaque ville. Plusieurs sont des compagnons de femmes qui étaient présentes. D’autres sont venus naturellement. Il y avait deux étudiants et des hommes entre 30 et 40 ans.
 

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