Lui-même atteint d’une pathologie lourde, la maladie de Lyme, Jean-Aimé Rugiero a décidé de venir en aide aux soignants en reversant 50 centimes d’euros par bière qu’il commercialise. Les clients de ce brasseur artisanal le soutiennent.
Difficile de mettre un pied devant l’autre. Son atelier est devenu un entrepôt de stockage, à moins que ça ne soit l’inverse. "Il est onze heures, et je devrais déjà être parti livrer à 8 heures" explique le brasseur, tout en jonglant avec la trentaine de sortes de bières qu’il doit emballer. Le souffle court, ému, il explique sa démarche : "j’ai une maladie particulièrement handicapante, je connais la valeur du travail des soignants, c’était une évidence pour moi de faire quelque chose pour eux".
Les deux premières semaines de confinement ont été un calvaire pour l’artisan de Saint-Avold : la plupart de ses commandes ont été annulées, 40 000 euros envolés. Un coup dur, "mais du coup, j’ai du stock, alors j’ai décidé de le commercialiser avec une étiquette spéciale, qui indique clairement qu’une partie du produit de la vente sera reversé aux soignants, et ça marche, les particuliers comme la grande distribution m’en ont commandé immédiatement" confie Jean-Aimé.
Mission locale
Le patron et brasseur assume sa démarche, "même si elle fait grincer les dents de mes confrères, je me fais allumer sur les réseaux sociaux". Ses salariés ont repris le travail, tous viennent de la Mission Locale, et ont été formés par Jean-Aimé.Il espère récolter au moins 1000 euros, le double si tout se passe comme prévu. Son réseau est local, mais il va aussi livrer en Meurthe-et-Moselle : "j’ai des clients qui ne prennent que quelques bouteilles, mais ça compte ! 1 euro, c’est un masque pour un soignant, toute aide est la bienvenue". Son utilitaire se remplit à vue d’oeil, sur chaque carton, le nom du client, des hypermarchés, des épiceries, des particuliers. Et une pensée pour les soignants qui ont soif : "j’ai fait un carton pour les soignants d’un EHPAD dans le coin, je vais passer leur déposer tout à l’heure, je suis sûr que ça va leur remonter le moral".