Naissance rare à Saint-Avold : la survie miraculeuse de la petite jumelle pouliche

C'est une naissance qui ne s'est pas déroulée comme prévu. Le 7 novembre 2019, dans l'élevage de chevaux de Sandra à Macheren près de saint-Avold en Moselle, la jument Estudianta a mis bas par deux fois. Une jument, des jumelles ! Récit d'un carnet rose exceptionnel.

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Une surprise inattendue

Jeudi 7 novembre 2019. L'élevage du Sabot Espagnol de Macheren est heureux de vous annoncer la naissance de Judi FS, 50 kilos et de sa soeur jumelle Joyera FS, 12 kilos. La maman et les petites font l'objet des meilleurs soins de la part de toute l'équipe qui se réjouit de cette double naissance exceptionnelle et inattendue. 

Ce message aurait pu faire l'objet d'un avis de naissance dans le journal local tant la nouvelle est exceptionnelle. Les cas de gémellités équines restent rares et il arrive malheureusement souvent qu'un des deux poulains soit mort ou momifié -c'est le terme- à la naissance. C'est pourtant ce qui est arrivé à l'élevage Au sabot espagnol de Macheren.
Ce 7 novembre Sandra Flavenot ne s'attendait pas à voir arriver des jumelles. Eleveuse depuis 25 ans en Moselle, elle va régulièrement acheter des juments en Espagne. Elle a rapporté Estudianta lors de son dernier voyage. La jument de Pure race Espagnole (PRE) était déjà pleine. Sa première échographie, réalisée avant la vente, n'a rien révélé d'extraordinaire. Les juments vivent là-bas de manière un peu plus sauvage qu'en élevage traditionnel et il est difficile de leur faire suivre des examens approfondis. Alors, quand elle se rend au parc, avec sa belle-fille, pour la mise bas d'Estudianta, elle s'attend à une naissance tout à fait ordinaire. 

Elle a fait très vite le premier mais elle s'est tout de suite recouchée. Je me suis dit qu'est ce qui se passe?
- Sandra Flavenot, éleveuse de chevaux à Macheren.

Tout s'est passé très vite et un second poulain ou plutôt une seconde pouliche est sortie. Elle se trouvait dans une poche totalement fermée. Et celle-ci était trop petite pour que le poulain soit viable. Très vite Sandra et sa belle-fille arrachent la poche pour dégager le poulain. Sandra s'exclame alors :

Elle est entière!
- Sandra Flavenot, éleveuse

Il faut alors aller très très vite. L'événement est si rare que l'éleveuse fait appel à sa vétérinaire. Le docteur Mathilde Bourely prodigue ses premiers conseils: d'abord un massage vigoureux pour la réchauffer et ensuite ramener la pouliche au chaud, à l'intérieur. Il fait 3°C ce soir-là, la pouliche ne survivrait pas à cette froidure. 
Sitôt dit, sitôt fait, les deux pouliches sont embarquées dans un camion et emportées à la maison. Elles sont installées près de la cheminée. Leur première nuit se passera au chaud.

Des débuts difficiles

Les préoccupations de l'éleveuse sont de deux natures: comment faire pour alimenter la plus petite des deux pouliches et comment faire pour ne pas rompre le lien mère-fille?
Joyera est tellement petite qu'elle ne peut pas atteindre seule les mamelles de sa mère. Et même en tentant de trouver un stratagème pour l'aider, elle n'a pas la force physique nécessaire pour tirer le lait de la mamelle, elle n'a pas le réflexe de succion. Il est décidé de tirer le lait et surtout le colostrum d'Estudianta pour les donner au biberon à la toute jeune pouliche. 
Mais le risque c'est qu'elle prenne ses parents nourriciers humains pour ses vrais parents. Il faut impérativement renforcer le lien entre la jument et sa petite. 
Alors le marathon commence: toutes les deux heures, les trois enfants de Sandra et leurs compagnons emmènent Joyera de la maison vers le box de sa mère. La jument accepte sa petite, laisse les éleveurs la déposer près d'elle. 

C'était exceptionnel ! On lui posait la petite sur le ventre et elle ne bougeait pas du tout. On aurait dit qu'elle savait qu'elle pouvait survivre et elle lui a donné toutes les chances de vivre.
- Sandra Flavenot, éleveuse

Pour parfaire le travail de rapprochement entre la mère et la fille, un petit box a finalement été installé dans le box partagé par la mère et la plus forte des jumelles. Il ne fallait pas prendre le risque que Joyera, encore très faible puisse être bousculée par l'une ou l'autre. Petit à petit, et sous la surveillance des éleveurs d'abord, le petit box de protection a été retiré et les trois juments ont pu être laissées ensemble.

Une remarquable envie de vivre

L'écart de maturité entre les jumelles est flagrant. C'est comme si l'une avait pris toutes les forces, laissant l'autre à son triste sort. 
Ce qui a frappé la vétérinaire  c'est l'incroyable volonté de vivre de la très faible pouliche. 

Dès qu'on s'approchait d'elle, elle montrait une petite résistance. En résistant, elle nous prouvait sa volonté de rester en bonne santé. ce n'est pas toujours le cas chez les jeunes poulains faibles. 
- Dr Mathilde Bourely, vétérinaire. 

La vétérinaire n'en revient toujours pas. Vous imaginez, "cette petite pouliche qui vient des montagnes espagnoles, qui atterrit quelque part en Lorraine, dans le froid, près d'un étang, qui n'a pas pu tirer complètement profit de la phase de grossesse en raison de la présence de sa soeur jumelle, qui réussit à survivre, là où la plupart des jumeaux meurent avant la naissance, c'est exceptionnel. Dans ma carrière je crois que je ne verrai cela qu'une seule fois." Elle ajoute en s'extasiant :

Et puis elle était bien finie, elle était belle, comme sa soeur mais en tout petit. Elle était comme un gros chat!
- Mathilde Bourely, vétérinaire

De son côté, la mère aussi a été fragilisée par cette grossesse gémellaire. Les juments, d'un manière générale, ne sont pas adaptée pour porter deux poulains à la fois. Quand cela arrive, les vétérinaires ont parfois recours à l'avortement du plus faible des jumeaux, pour préserver la mère. Aussi les soins de la vétérinaire ont dû être prodigués aux deux femelles, la pouliche et la jument. 
Aujourd'hui les trois héroïnes de l'élevage sont toutes en très bonne santé et demandent beaucoup moins de surveillance. C'est la vétérinaire qui l'affirme: la plus grande des jumelles Judi FS est le fleuron de l'élevage, elle est très belle. Quant à la plus petite, Joyera FS, c'est un peu la mascotte: elle bénéficie d'un traitement de faveur et peut se promener à sa guise dans l'élevage, elle sort de son box en toute impunité. 

J'avoue, je ne peux pas me rendre à l'élevage sans aller lui rendre visite, c'est aussi ma mascotte!
- Mathilde Bourely, vétérinaire. 

En ce début d'année 2020, les trois chevaux se portent bien. Elles vont régulièrement au parc ensemble. La mère a accepté la situation inaccoutumée, les éleveurs et la vétérinaire se sont donnés à fond pour vivre ensemble cette belle histoire. Et les commentaires, nombreux, sur la page Facebook de l'élevage montrent à quel point les amateurs de chevaux ont été touchés par l'aventure.
 

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