Hayange : les trois offres de reprise examinées par le Conseil économique et social de Liberty Steel

Ce jeudi 17 juin 2021, la direction française de Liberty Steel a présenté aux organisations syndicales les offres de reprise de ses sites sidérurgiques d’Hayange (Moselle) et de Saint-Saulve (Nord). Il n’en reste que trois, après le retrait de celle des aciéries de Vénétie.

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Les organisations syndicales de l’usine Liberty Steel d'Hayange l’avaient exigé lors du dernier Conseil économique et social : elles voulaient examiner avec leurs conseils les offres de reprise d’Hayange dans le détail. "On a notre mot à dire, hors de question que ça se fasse sans nous" clamait notamment la CFDT (majoritaire).

La direction a donc présenté jeudi 17 juin 2021 les offres qui lui sont parvenues, pour la reprise du site de Saint-Saulve (Nord) qui fournit en matière première celui de la vallée de la Fensch spécialisé dans le laminage de rails, notamment pour la SNCF, son premier client.

Premier accroc pour les représentants du personnel mosellans : les documents sont arrivés en retard. "On ne les a eus que mardi, et la plupart sont en anglais, alors que nos collègues de Saint-Saulve les ont depuis une semaine, comment est-ce qu’on peut travailler sereinement en si peu de temps ?" fulmine un vieux syndicaliste.

Les aciéries de Vénétie ont retiré leur offre de reprise. Il ne reste donc que trois candidats, qui ont présenté leurs projets en visio-conférence aux représentants du personnel ce matin. 45 minutes de présentation, suivies de questions-réponses. Saarstahl a débuté, suivi d'ArcelorMittal et de Beltram.

ArcelorMittal

L’ancien numéro 1 mondial de l’acier apparait comme le favori naturel. Notamment parce qu’il possède des solutions industrielles clés en main pour Saint-Saulve. L’ancienne aciérie Ascoval, sauvée à grands renforts de prêts publics par le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, peine à monter en charge. L’Etat, qui doit donner son aval à la reprise, est donc particulièrement soucieux de trouver un avenir industriel à l’usine du Nord.

C’est pour cette raison que les offres qui ne concernaient que le site d’Hayange ont été écartées d’emblée par la direction. Mais les offres des trois repreneurs font le même constat : le volume actuel de production d’Ascoval est très loin de lui permettre d’atteindre l’équilibre financier.

Les repreneurs doivent donc intégrer dans leur business plan une augmentation progressive de la capacité de production, et un aval conséquent. "ArcelorMittal espère qu’Ascoval puisse fournir entre 600.000 et 700.000 tonnes par an, ce qui est très ambitieux" estime un bon connaisseur du dossier. ArcelorMittal pourrait ainsi approvisionner ses sites de laminage de Rodange (Luxembourg) et de Gandrange (Moselle) avec des blooms et des billettes coulés par Ascoval.

Selon nos informations, le projet d’alimentation du train à fil de la vallée de l’Orne par Saint-Saulve aurait déjà été présenté aux organisations syndicales de Gandrange. "Mais franchement ils ne se sont pas bien vendus ce matin" glisse un syndicaliste lorrain présent à la visio-conférence, "ils nous ont beaucoup parlé de taxe carbone, et pas beaucoup de ce dont on a besoin concrètement pour péreniser notre activité".

Saarstahl

Le sidérurgiste sarrois partagerait la même volonté d’établir des synergies avec ses installations existantes. Selon différents scénarios, il pourrait alimenter à 100% le laminoir à rails d’Hayange, mais aussi son train de Nauweiler/Bürbach, spécialisé dans les demi-produits pour l’automobile. Saarstahl est également en capacité de fournir Hayange avec ses propres blooms, puisqu’il en vend déjà à l’usine de la vallée de la Fensch.

Le groupe allemand injecterait également 30 millions d’euros d’investissements en Moselle, jugés indispensables par les organisations syndicales locales. "Ils nous ont fait bonne impression, leurs propositions sont claires et cohérentes" explique Djamal Hamdani, administrateur CFDT de Liberty Steel Hayange.

Beltrame

Le groupe italien promettrait d’alimenter entièrement le laminoir d’Hayange avec de l’acier électrique en provenance du Nord, à hauteur de 350.000 tonnes par an. Il espère également fournir ses autres sites de laminage avec au moins 100.000 tonnes de Saint-Saulve. "Ils ont fait beaucoup de promesses, notamment en matière d'investissements, mais ils ne veulent pas reprendre la dette sociale, c'est un peu gênant" selon un autre syndicaliste présent.

L’emploi ?

Beltrame garantirait l’emploi pendant deux ans, Saarstahl et ArcelorMittal sans conditions. Point commun à toutes les offres : elles réclameraient un abandon total ou partiel de la dette sociale des deux usines.

Les modalités de remboursement des aides publiques apportées en urgence à Ascoval seraient également variables. Pour mémoire, le site de Saint-Saulve a perçu en prêt 38,5 millions d’euros de l’Etat, 12,5 millions de la Région Hauts-de-France, et 10,4 millions de la métropole de Valenciennes. Au total, la dette d’Ascoval dépasserait les 100 millions d’euros. Celle d’Hayange serait inférieure à 20 millions d’euros.

"Sur le papier, les offres sont équivalentes en terme de projets industriels. Socialement, Saarstahl apparait un peu meilleur, mais on attend des précisions sur les accords en vigueur chez nous. On doit les rencontrer la semaine prochaine" précise Djamal Hamdani au sortir de la réunion.

Seule certitude : les trois industriels ont revu leurs copies par rapport aux offres déposées. Plus question de rachat pour l'euro symbolique. Tous mettraient sur la table un million d'euros au moins pour chaque site, et des promesses d'investissements.

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