Lors d’un comité social et économique extraordinaire lundi 7 juin 2021, la direction française a présenté les offres de reprise des usines Liberty Steel d’Hayange et de Saint Saulve (Nord). Les syndicats ont demandé à rencontrer les postulants.
Sept groupes financiers et industriels sont officiellement engagés dans une course de vitesse qui précisera l'avenir des sites sidérurgiques d'Hayange et de Saint-Saulve, aujourd'hui propriétés du magnat anglo-indien Sanjeev Gupta et de son groupe Liberty Steel. Selon nos informations trois ne répondent pas aux doléances du ministère de l’Economie qui a son mot à dire : le laminage des rails est considéré comme une activité stratégique pour la France.
L'offre du groupe financier Greybull serait écartée car même si elle englobe le rachat des deux sites, elle présente le handicap majeur de provenir d’un ancien propriétaire de l’usine d’Hayange (2016-2019) qui n’a pas laissé un bon souvenir de sa gouvernance… Deux autres seraient sur la touche car elles ne concerneraient que l’usine mosellane: celle du groupe indien Jindal et celle du groupe espagnol Sidenor.
Bercy veut coûte que coûte privilégier la vente commune des deux sites d’Hayange et de Saint-Saulve. Bruno Le Maire entend rester fidèle à sa promesse faite de "ne pas laisser tomber les salariés", mais elle prive les installations de la vallée de la Fensch du contenu de deux offres, balayées d’un revers de manche.
Les quatre fantastiques
La direction française a donc évoqué les quatre offres qu’elle juge conformes aux intérêts de l’entreprise, et des doléances gouvernementales. Celle du local de l’étape, le sarrois Saarstahl, est jugée la moins bonne du lot, car elle contiendrait une demande de co-investissement de l’Etat français à hauteur de 50 millions d’euros. "L'offre des Allemands est identique à celle qu'ils ont mis sur la table l'an dernier, alors qu'on aurait pu attendre qu'ils l'améliorent" s'étonne un bon connaisseur du dossier. Le groupe sidérurgique allemand voudrait reprendre chacun des sites pour un euro symbolique.
Même proposition ou presque pour Beltrame. Pour un euro, le groupe italien promet d’injecter 50 à 60 millions d’euros d’investissements dans les deux usines. Même montant ou presque pour l’autre transalpin des Aciéries de Venise qui fait la même proposition d'investissement, mais l'offre est un peu mieux considérée par la bonne santé financière de ce petit groupe sidérurgique qui propose 23 millions d’euros pour les deux usines lorraine et nordiste.
L’euro symbolique, c’est également l’offre de l’ex numéro un mondial de l’acier ArcelorMittal qui investirait 75 à 80 millions d’euros sur les deux sites, en garantissant l’emploi. L’ancien propriétaire historique de l’usine d’Hayange jusqu’en 1999 tient la côte, c’est le plus puissant et le mieux armé industriellement.
Motivation et compétences
Les syndicats réunis ce matin ont demandé à rencontrer les quatre candidats à la reprise. Ils seront entendus demain mardi 8 juin par Bercy. Ils attendent dorénavant les offres finalisées complètes, annocées pour le 15 juin, "avec un CSE extra entre le 20 et le 25 juin" selon la CFDT.
"Le CSE de ce matin a beaucoup tourné autour d’Ascoval, mais nos inquiétudes restent entières" estime un représentant du personnel qui s’interroge : "quel est notre intérêt ? Etre vendu avec ou sans Ascoval ? Et qui va garantir le maintien des compétences ? On en a perdu beaucoup depuis quelques années avec les reventes successives, des salariés expérimentés se sont démotivés et sont partis ailleurs. Le nouveau propriétaire devra en tenir compte pour maintenir la qualité de nos produits".