Moselle : un label bas carbone pour reconstituer les forêts dégradées par le changement climatique

Mis en place en 2019, le label bas carbone permet aux entreprises de compenser leurs émissions de CO2 en finançant des plantations. Pour l’ONF, c’est l’opportunité de reconstituer des forêts très dégradées par le réchauffement climatique. Illustration dans la forêt de Moyeuvre en Moselle.

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C’est un poumon vert qui subit les affres du changement climatique. En forêt de Moyeuvre (21 km2), aux portes la vallée de la Fensch en Moselle, de nombreux épicéas décimés par la crise des scolytes ont dû être abattus. Les hêtres, essence dominante, subissent aussi difficilement les épisodes de sécheresse. L’ONF (Office national des forêts) qui gère la plus grande partie du domaine a besoin de reconstituer la forêt et pour cela, elle a besoin de trouver des financements.

L’opportunité du label bas carbone

Mis en place par le ministère de la transition écologique en 2019, le label bas carbone permet à des entreprises de compenser leurs émissions de Co2 en finançant des plantations. C’est ce qu’a fait l’entreprise luxembourgeoise Eaglestone, une première pour une société du Grand-Duché voisin, qui a financé 18 hectares de plantations en forêt de Moyeuvre pour 130.000 euros. C’est à ce jour, la parcelle labellisée la plus importante du Grand Est.

La principale essence plantée en octobre 2021 est le chêne sessile. 15.000 de ces chênes ont été plantés aux côtés de merisiers, cormiers et alisiers torminal. "C’est un arbre plus résistant au changement climatique que l’épicéa qui existait sur cette parcelle auparavant. C'est une essence longévive qui produit du bois d'oeuvre de grande qualité pour un stockage de carbone optimum " explique Yoann Crunel, responsable territorial ONF dans le Thionvillois.

A terme, la plantation Eaglestone doit permettre de compenser les 2.900 tonnes de Co2 émises par le projet immobilier The Bridge, un immeuble de 4.300 m2 qui sera construit dans Luxembourg ville.

Pour l’entreprise luxembourgeoise qui a voulu cette compensation, il s’agit d’afficher une forme d’exemplarité auprès des futurs acheteurs. "Nous avons conçu ce bâtiment dans un esprit bas carbone, tant au niveau des matériaux que de l’énergie verte qui sera utilisée. Mais il nous restait encore des tonnes de Co2 à compenser. Nous avons été intéressés par le label bas carbone de l’ONF et son aspect réglementaire qui nous permet de labelliser notre immeuble bas carbone sans faire de greenwashing", précise Jean-François Bocci, directeur technique du groupe Eaglestone.

155 hectares labellisés dans le Grand Est

Au total, 30 projets de label bas carbone ont été identifiés dans la grande région et 14 ont déjà été montés. Cela représente 155 hectares de terres forestières déjà labélisées contre 427 dans la totalité de l’hexagone. Une part importante car les forêts du Grand Est sont les forêts françaises les plus impactées par le réchauffement climatique. Les sapins, les épicéas et les hêtres sont les plus touchés. Les spécialistes estiment qu’il faudrait reconstituer 1.000 hectares de forêt par an dans la grande région.

En forêt de Moyeuvre, une autre parcelle est labelisée bas carbone. Il s'agit d'une plantation de 13 hectares financée par la présidence française à l'Union Européenne. Il s'agit cette fois de compenser les émissions de Co2 des déplacements accrus liés à cette présidence, aux transports et aux évènements associés.

Une compensation carbone qui fait débat

Le fait de compenser ses émissions de Co2 en plantant des arbres fait l’objet de critiques. Cette compensation fait parfois office de droit à polluer et certaines entreprises profitent de ces compensations pour consommer toujours plus. Autre problème : le suivi de croissance des plantations n’est pas toujours au rendez-vous en particulier dans les pays du sud où de nombreux programmes de replantation existent.

Dans ce paysage, l’ONF se veut vertueuse avec un label très réglementé. Pour Sylvie Faussurier, cheffe de projet Label bas carbone à l’ONF Grand Est, les entreprises sont triées sur le volet : "il faut qu’il y ait déjà une démarche environnementale avant de demander la compensation carbone. Tous les dossiers ne sont pas validés et il y a un vrai suivi des plantations".

Ce que confirme Yoann Crunel : "nous inspectons régulièrement les parcelles et si certains plants meurent, ils peuvent être remplacés. Les cinq premières années sont les plus difficiles, si ces essences peuvent être résistantes au changement climatique, il faut quand même de la pluie pour que ces jeunes plants puissent grandir".

La certification label bas carbone est validée par un expert indépendant au bout de cinq ans après examen de la plantation. C’est seulement à ce moment-là que la compensation en Co2 devient effective.

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