Les personnels des Ehpad appartenant au groupe "Avec", qui possède une dizaine d’établissements en Moselle, risquent de ne plus pouvoir travailler 12 heures par jour. Les salariés pâtissent d’un désaccord entre la direction et les syndicats. La situation pourrait aboutir à une vague de démission.

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Ils veulent continuer à travailler 12 heures. Les aides soignants et infirmiers des Ehpad du groupe Avec, qui possède une dizaine d'établissements dans le Grand Est, risquent de perdre, le 30 novembre 2024, la possibilité de travailler 12 heures par jour, sur une période de deux ou trois jours dans la semaine.

Un impact majeur sur les résidents

En cause, un désaccord entre la direction et les syndicats. "On fait actuellement des postes de 12 heures sur la base du volontariat. On a peur. Le suivi du résident et son bien-être ne sera plus de la même qualité. On va passer de deux ou trois jours de travail par semaine à cinq ou six jours, ce n’est pas possible, le niveau de fatigue et le niveau d’attention ne seront pas du tout pareil”, déplore Flora Gastaldi, aide-soignante à la Tour de Heu à Ennery, en Moselle. Des propos partagés par une majorité de ses collègues.

Ce mardi 5 novembre 2024, une vingtaine d’entre eux s’est rassemblée pour faire entendre leur voix contre les postes de 7h. "Le problème, c’est l’inconfort sur nos postes de travail et une moins bonne prise en charge pour le résident, qui n’a rien demandé", explique une infirmière de l’établissement.

En plus de leurs inquiétudes pour le bien-être des résidents, l’équipe de soignants redoute aussi une baisse de leur qualité de vie. "On craint également un impact sur notre vie privée. J’ai trois enfants, le mode de garde va devenir compliqué. On va payer très cher tout ce qui concerne les nourrices, les crèches ou autre, ce n’est pas possible", s’inquiète Flora Gastaldi.

Un bras de fer entre la direction et les syndicats

La direction, qui soutient les salariés dans leur lutte, espère obtenir une issue favorable avec les syndicats, le 30 novembre prochain. "Nous avons quand même des gens qui sont là pour manifester parce qu’ils sont bien quelque part. N’importe qui peut comprendre qu’avoir quatre jours dans sa vie personnelle, c’est important", explique Sandra Staudt, directrice des opérations au sein du groupe Avec avant d’ajouter : "L’une de nos missions est de maintenir l’autonomie des gens. Donc pour maintenir cette autonomie, le mieux c’est de prendre le temps avec les personnes âgées, leur permettre de marcher jusqu’à la salle à manger par exemple et de ne pas utiliser le fauteuil roulant, parce qu'on doit se dépêcher. Ça, en poste de 12 heures, c’est possible”.

Représenter quelqu'un, ce n’est pas le mettre sous tutelle

Sandra Staudt

Directrice des opérations du groupe Avec

Comme les soignants, la direction demande aux syndicats une meilleure écoute des salariés. "Nous avons peu d’accidents du travail, pas d'arrêts maladie de façon excessive et nous avons une pyramide des âges qui est importante. Si le choix de ces personnes, c'est de travailler en 12 heures, accordons-leur. J’aimerais que les syndicats écoutent celles et ceux pour qui ils ont pris un engagement de les représenter. Et représenter quelqu'un, ce n’est pas le mettre sous tutelle", souligne Sandra Staudt.

"Ils se trompent de revendication", répond de son côté Jacques Maréchal, secrétaire à la CGT Moselle, l’un des syndicats ayant refusé de signer l’accord. "Nous nous sommes opposés à cet accord qui n’est pas un bon accord. Il vaut mieux travailler huit heures dans de bonnes conditions. Douze heures, sur le long terme ça ne marche pas. C’est une question à la fois de santé pour les salariés et aussi pour la qualité de la prise en charge des résidents", poursuit-il. 

Les soignants, eux, restent sur le qui-vive. Dans l'un des Ehpad du groupe, une dizaine de lettres de démissions a déjà été posée. Elles sont prêtes à être signées si l’accord n’est pas validé. 

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