"Je ne vais pas enlever mon soutien-gorge", privée de parloir avec son client, cette avocate dénonce

Une jeune avocate contrainte de renoncer au parloir avec son client à cause d’un soutien-gorge qui sonne au portique de sécurité et des agents de sécurité qui refusent d’appliquer les règles prévues dans cette situation. L’incident s’est déroulé au centre pénitentiaire de Metz-Queuleu, en Moselle, le 5 juillet dernier.

"Je ne vais pas enlever mon soutien-gorge." Cette phrase a été prononcée par Maître Mélina Lamrhari, jeune avocate, inscrite au barreau de Nancy, vendredi 5 juillet 2024, au niveau du portique de sécurité pour accéder aux parloirs du centre pénitentiaire Metz-Queuleu. Elle s'est vue refuser l'entrée au motif que les arceaux de son soutien-gorge faisaient sonner le portique.

"J'ai été confrontée à deux agents, mais vraiment désagréables et fermés à toute discussion. Je leur ai demandé d'appliquer les règles prévues dans ce cas précis. J’ai demandé qu’un agent féminin de l’administration procède à la palpation. J’ai aussi demandé que soit utilisé le détecteur manuel. Ils ont refusé. J’ai demandé à voir le directeur de l’établissement, mais il était absent."

Un protocole existe 

L’avocate a voulu rendre public cet incident, car elle estime que ces deux agents de sécurité n’ont pas respecté les règles en vigueur dans l’administration pénitentiaire. Comme le rappelle cet article de la Gazette judiciaire, en 2021, "le directeur de l’administration pénitentiaire, Laurent Ridel, a diffusé aux directeurs interrégionaux des services pénitentiaires une note précisant les règles encadrant les visites des avocats en établissements pénitentiaires. Il rappelle le protocole applicable, dans lequel il est exclu de demander à un avocat ou une avocate de se dévêtir." Il décrit les modalités de contrôles telles que réclamées par Me Lamrhari le 5 juillet aux deux agents de sécurité.

Un problème récurrent en France

Le fait qu’elle soit femme et jeune peut-il être une des raisons de ce comportement ? "En tout cas, ils m'ont empêché de faire mon travail du fait de leur mauvaise volonté. J’avais fait 45 minutes de route depuis Nancy pour aller voir un client. J’ai fait demi-tour sans pouvoir effectuer mon travail".

La même mésaventure lui est déjà arrivée à la prison d’Écrouves, près de Toul. On retrouve la trace d’histoires similaires ailleurs. En 2017, "L’avocate pénaliste Elise Arfi vient rendre visite à l’un de ses clients à la maison d’arrêt pour hommes de Fresnes". Elle est contrainte de retirer son soutien-gorge pour pouvoir entrer. "J’ai dû ensuite traverser la prison où circulent du personnel et des détenus seins nus sous un chemisier léger, je me sentais très mal à l’aise. Finalement, j’ai pu le remettre aux toilettes avant d’aller au parloir. Mais cet incident m’a secouée, j’étais au bord des larmes".

Même scénario, en 2015, "une avocate du barreau de Grenoble se rend à la maison d’arrêt de Villefranche-sur-Saône". Elle aussi est contrainte d’aller retirer son soutien-gorge avant de revenir sans.

Selon Mediapart, cela fait déjà au moins une décennie que des femmes avocates "signalent des retraits de soutien-gorge imposés par des surveillants quand elles se rendent en prison."

Maître Mélina Lamrhari, elle, a porté l’affaire à la connaissance du bâtonnier du barreau de Nancy et aux membres du conseil de l’ordre. La direction de la prison a reconnu "que les règles applicables n'avaient pas été respectées", d’après l’avocate. Quelles suites seront données à cette affaire ? Pour l’heure, Maître Lamrhari souhaite dénoncer les faits pour que cela cesse.

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