Après "Guido", le mosellan Roland Marcuola publie un deuxième roman "Tête de nœud" (aux éditions L’Harmattan). Il retrouve son héros, un petit garçon fils d’immigré italien, dans une cité ouvrière de Sérémange-Erzange.
"Pour vous répondre j’ai dû retirer Rubber soul des Beatles de la platine", nous explique-t-il. Roland Marcuola. Cet ancien instituteur devenu metteur en scène de théâtre, continue de se nourrir de sa jeunesse des années 50 et 60 dans les cités ouvrières du Val de Fensch.
Il y a près de deux ans, il avait laissé Guido, son "fils de macaroni" à la fin des années 50 dans sa cité ouvrière de Sérémange-Erzange.
Dans "Tête de nœud", il retrouve son petit Nicolas rital en plein tumulte. Des conflits Guido en connaît deux: Celui de la grande histoire, la guerre d’Algérie qui fait rage et dont les échos arrivent jusqu’au Val de Fensch. Et puis il y a le conflit dans sa tête. Celui-là s’appelle l’adolescence.
"La suite n’étais pas prévue du tout mais j’ai eu tellement de retour de gens qui me disaient qu’ils restaient sur leur faim. J’ai eu envie de le faire grandir. C’est un vrai bonheur de se savoir attendu", raconte Roland Marcuola.
Cités multicuturelles
Guido a 15 ans et est toujours amoureux de Jeannette, la petite polonaise, mais aussi de quatre garçons dans le vent, dont il a repéré la pochette dans la vitrine de chez Worminger à Hayange. Un coup de cœur : "Le seul truc qui ne collait pas c’est qu’ils sautaient comme des malades. Jamais tu sautes comme ça quand t’es habillé en dimanche. Si tu t’écrases dans la boue en retombant, tu te fais arranger par ta mère en rentrant ".
Les Beatles c'est la bande-son de toute ma vie. Ils m'ont ouvert les oreilles à plein d'autres musiques, notamment le jazz.
Avec la langue enfantine dont il se délecte, Roland Marcuola continue son voyage entre l’histoire de son quartier d’enfance et celle des années 60.
"Tête de nœud" c’est Mamed, le meilleur copain de Guido, son ami "à la vie à la vie". Il est affublé de ce surnom à cause de ses lunettes de bigleux. Le père de Mamed vient du bled. "Paraît que ça bardait là-bas. Ici on lui foutait la paix. Presque. Il y avait juste quelques couillons qui l’appelait bicot. Il laissait couler « c’est des bicons » qu’il disait et c’est vrai ça résume bien."
L’auteur s’explique : "C’est toujours la petite histoire dans la grande. C’est aussi à cause de ce que j’ai vécu que j’ai une profonde aversion contre le racisme. Parce que dans les cités ouvrières on grandissait avec des polonais, des portugais, des algériens. On entendait des mots comme bicot dans la bouche des adultes mais quand on avait un môme en face ça n’avait pas d’importance."
Les Beazart’s
Comme l’ouragan Beatles est passé par la cité, Guido et Mamed veulent monter un groupe de rock. Seul problème : Jeannette, l’amoureuse, prend des cours de guitare classique et trouve que "She loves you" ce n’est pas de la grande musique. Alors, ils trouvent un compromis. Leur groupe s’appellera les Beazart’s, mélange de Beatles et de Mozart. "Sur la photo qui était en fait un dessin on voyait Mozart avec un perruque toute blanche. J’ai fait remarquer que c’était peut-être un point commun avec les Beatles parce qu’on disait que les cheveux long c’était des perruques." C’est bien connu, en musique, le succès ne tient qu’à un cheveu.
Mais la grande histoire va rattraper leurs rêves d’adolescents…
Roland Marcuola est déjà en train d’écrire un troisième tome à leur histoire. Et espère, surtout, revoir bientôt ses pièces jouées sur scène.