Metz : et si nos lampadaires produisaient plus d’électricité qu’ils n’en consomment ?

La nouvelle lampeled connectée, créée par la start-up mosellane Green Tech Innovations, n’est pas seulement une avancée technologique. C’est surtout une révolution écologique qui va permettre aux communes de faire de très grosses économies d’énergie. Un bon plan pour la planète.

Dans leur petit bureau de l’espace de co-working de Bliida à Metz, David Chquiry et Naoufal Amar , les deux concepteurs, continuent de peaufiner leur nouveau bébé.
Une lampe led, qui ne se contente pas de faire baisser la facture de 70% comme ses consoeurs, les leds classiques, dont certaines sont déjà installées dans nos villes. Car la lampe de la start-up Green Tech Innnovations va beaucoup plus loin : elle permet d’effacer totalement les factures d’électricité, voire même de générer de nouvelles rentrées d’argent. Un concept qui a fait mouche lors du grand salon mondial de la High Tech à Las Vegas mi-janvier 2021.

Une double innovation

A première vue, à part son design un peu futuriste, la lampe led de Green Tech Innovations ressemble à une simple led. Mais ne vous y trompez pas, après trois ans de gestation dans l’incubateur de Bliida à Metz, c’est un petit bijou technologique et écologique qui a fini par éclore.

Sur la casquette plastique, plusieurs rangées de panneaux solaires très performants. Grâce à un système de réverbération et de doubles cellules, ces panneaux produisent deux fois plus d’électricité, ce qui permet à la lampe d’avoir une grande autonomie,  même dans notre région pourtant peu ensoleillée. Ainsi, l’hiver, l’autonomie de la batterie est de quatre jours, et de seize jours en été.

Mais la principale innovation réside dans la carte électronique.
Les deux ingénieurs y ont introduit de l’intelligence artificielle, ce  qui rend la lampe totalement autonome. Elle est ainsi capable de s’adapter, toute seule, à toutes les situations pour économiser à chaque instant l’énergie, tout en garantissant un éclairage optimal, de jour comme de nuit, et même par temps de brouillard. La lampe collecte en temps réel tout un tas d’informations et de données  (météo, charge de la batterie, intensité, présence de gens dans la rue, etc…), les analyse et calcule toute seule quelle est la meilleure option pour l’éclairage.

Grâce à l'intelligence artificielle, fini les coupures d'électricité la nuit pour économiser.

Naoufal Amar, co-concepteur de Green Tech Innovations

Fini donc les coupures d’électricité la nuit pour économiser, car la lampe réduit d’elle-même l’intensité en fonction de la luminosité, de la charge de la batterie, et de la présence ou non de gens dans la rue. Elle est même capable grâce à des détecteurs de remonter la puissance de la lampe en une seconde si un habitant passe, afin de lui permettre d’être bien éclairé. Une vraie révolution !

Produire de l'électricité au lieu d'en consommer

Entre les panneaux solaires deux fois plus efficaces et l’intelligence artificielle, on comprend mieux pourquoi il sera désormais possible de produire de l’électricité avec des lampadaires urbains.
Selon David Chquiry, concepteur, une étude faite sur la ville de Strasbourg permettrait de récupérer près de 30 euros par lampe et par an… Sur 90.000 point lumineux, cela commence à faire une belle rentrée d’argent (2,7 millions d’euros) ! Au moment où la suppression de la taxe d’habitation pose des problèmes de recettes aux communes, il ne fait aucun doute que cette lampe fera des adeptes. D’autant plus qu’il n’est pas nécessaire de remplacer le poteau, ni les câblages, pour poser cette lampe, qui se visse tout simplement en haut du mât déjà existant. Ce qui réduit considérablement les frais de génie civil.

On a calculé qu'une lampe peut rapporter à Strasbourg, 30 euros par an. Sur 90.000 points lumineux, cela fait 2,7 millions d'euros de nouvelles recettes.

David Chquiry, co-concepteur de Green Tech Innovations

La durée de vie d’une lampe est de 25 ans. Sa coque est presque totalement recyclable, ainsi l’ont voulu ses concepteurs, en faisant différents tests dans le Fab Lab de Bliida, avec des imprimantes 3D. Son prix évolue autour de 2.000 euros. Son seul point faible : le recyclage de sa batterie en lithium. Mais David Chquiry et Naoufal Amar sont déjà en train de travailler sur de nouvelles batteries plus performantes et  moins polluantes en carbone. Ils espèrent sortir le premier modèle d’ici 36 mois. Cerise sur le gâteau, il n’est pas nécessaire de remplacer tous les anciens lampadaires. Car les lampes peuvent se connecter avec ses voisines pour les alimenter.

Avec autant d’atouts, le concept a fait beaucoup d’adeptes.
A commencer par la Région Grand-Est qui soutient financièrement le projet, et a permis à Green Tech Innovations de se faire connaître au niveau mondial, via le salon high tech de Las Vegas qui se déroulait du 13 au 16 janvier 2021. Les Etats-Unis et le Canada, dont les parcs de lampadaires sont très obsolètes et très gourmands en électricité, sont d’ores et déjà intéressés. Un rendez-vous incontournable qui a également permis aux concepteurs de trouver des partenaires pour fabriquer les cartes électroniques… En Alsace.

Une première dans le Pays Haut

Mais c’est en Lorraine, dans le Pays-Haut que les nouvelles lampes Green de la Start-up Green Tech Innovations vont faire leur première expérience grandeur nature.
La communauté de Communes du Pays Haut Val d’Alzette va en installer près de 500 sur ses 40 communes. Un partenariat qui se fait via Engie, qui a décroché le marché. Près de 4.600 leds à installer pour remplacer les vieux lampadaires obsolètes. Julien Vian, directeur général des services, qui a porté le dossier, est très content. Non seulement il espère faire disparaître la facture d’électricité de l’éclairage public rapidement : 450.000 euros, soit 10% du budget.

On espère faire disparaître la facture d'électricité de 450.000 euros qui pèse 10% du budget.

Julien Vian, Directeur général des services Communauté de communes du Pays Haut Val d'Alzette

Mais il a calculé que l’investissement serait rentabilisé en huit ans, ce qui est extrêmement court. Par ailleurs, les lampes de Green Tech Innovations vont lui permettre de recueillir tout un tas de données, et d’imaginer d’autres applications couplées sur les lampes, comme des caméras, ou des bornes de défibrillateurs… Bref le début de la smart city à Audun-le-Tiche et dans les 40 communes voisines.

En attendant, de partir au Canada en mars conquérir de nouveaux marchés, les concepteurs de Green Tech continuent d’améliorer leur modèle, et travaillent déjà sur de nouveaux design. Sachant que la moitié l’éclairage public en France est obsolète, et qu’il consomme 5,7 TWh par an -soit l’équivalent d’un réacteur nucléaire-, les lampes connectées intelligentes de la start up mosellane sont promises à un bel avenir !

 

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