Près d’un million en audience pour les premières semaines de vie de Dakota et Carolina, les deux oursonnes noires nées en février 2020 à Sainte-Croix. Avec la crise sanitaire, le parc animalier de Rhodes s’est tourné à fond vers les réseaux sociaux. Et la vie des bêtes passionne.
"En un an, on a gagné trois ans d’avance sur le digital", explique Clément Leroux, le directeur communication de Sainte-Croix. Pendant l’année 2020 rythmée par les fermetures et réouvertures, le parc animalier a décidé de ne pas se laisser abattre et de continuer à communiquer avec ses visiteurs à travers les réseaux sociaux.
Des capsules vidéos avec des portraits de soigneurs pendant le premier confinement, les coulisses des naissances en immersion dans les enclos, des "lives" Facebook depuis le deuxième confinement avec nourrissages en direct et explications sur le mode de vie des animaux, le personnel du parc et les pensionnaires se sont reconvertis en influenceurs.
On a presque créé notre propre média. C’est l’occasion de pousser les portes, de montrer les coulisses
"On s’est demandé si on continuait en chômage partiel et puis on s’est dit qu’on allait utiliser la puissance de nos réseaux sociaux et nos 150.000 abonnés pour continuer à garder le lien avec nos visiteurs. On s'est fixé une ligne éditoriale. On a presque créé notre propre média. C’est l’occasion de pousser les portes, de montrer les coulisses. On a moins le temps de le faire d’habitude."
Sainte-Croix a même été le premier parc animalier en France à s’aventurer sur Tik tok, le réseau social des ados, à coup de vidéos de pandas roux, de lémuriens ou de rennes qui prenent leur goûter sur fond de musiques de Noël. "On a découvert que des visiteurs qui ont séjourné au parc y postaient des vidéos qui faisaient des millions de vues", explique Clément Leroux.
Pédagogie
Dans la catégorie mignons, prêts à rivaliser avec des chatons, il y a les chiens de prairie du parc. Ces cousins américains des marmottes, bien plus expressifs, sont une trentaine au parc. Le dernier "live" Facebook, leur a été consacré. Aux explications, Damien Rovera, soigneur spécialisé dans les petits mammifères. Il part armé d’une bassine pleine de pissenlits. Et c’est aussi l’occasion de faire de la pédagogie auprès du grand public.
"Ils font partie des nouveaux animaux de compagnie. Heureusement, ça passe un peu de mode. Le problème, c’est qu’ils vivent en colonie et que chez eux les gens vont prendre seulement un ou deux individus. Il y a même des sites internet qui préconisent un enclos de deux mètres carrés seulement alors que ce sont des animaux qui ont besoin d’espace."
Pour Camille Muller, qui s’occupe des ours, "c’est important pour les soigneurs de communiquer leur passion des animaux et de partager des petits moments de vie avec le public."
Il paraît même que certains pensionnaires du parc auraient hâte de retrouver le public. C’est le cas par exemple des ratons laveurs, très curieux. "Quand on va les voir en ce moment, ils sont encore plus demandeurs avec nous", explique Camille.
Dakota et Carolina, influenceuses vedettes
Dakota et Carolina ne sont pas des jeunes femmes en maillot de bain aux visages filtrés que l’on voit d’habitude sur les réseaux sociaux. Ce sont deux petites oursonnes noires qui sont nées au parc dans la nuit du 1er au 2 février 2020. Leur naissance filmée avec une caméra de nuit dans le lodge où leur maman avait été installée, leur premier examen médical à deux mois, les premiers jeux en extérieur, les vidéos de leurs premières semaines de vies ont cumulées près d’un million de vues.
Il y a peu de temps, Dakota, Carolina et leur maman ont été remises en contact avec le reste du groupe d'ours noirs, d'abord la femelle la plus âgée, puis leur papa.
Vers une réouverture en mai ?
Selon les premières informations que s’échangent les parcs, Sainte-Croix espère pouvoir rouvrir ses hébergements dès le 3 mai avec un protocole sanitaire strict (pas de restaurant, uniquement du "room service"). Les réservations sont déjà complètes à 60% pour le mois de mai.
Pour l’accès au parc entier, ils espèrent un relâchement des mesures mi-mai, même avec une jauge de visiteurs limitée à 35%. Ils devraient en savoir plus dans les prochains jours.
Une saison 2020 "compliquée mais positive"
2019 avait été une année record pour le parc, fondé en en 1980 par un agriculteur passionné du pays de Sarrebourg. Ils avaient cumulé 358 000 entrées. La saison 2020 a débuté avec deux mois de fermeture au printemps. Malgré tout, le parc animalier a accueilli 276 000 visiteurs sur l’année, soit une baisse de seulement 22% par rapport à 2019.
Le nombre de visiteurs individuels est resté constant. Ce sont les sorties scolaires et la billetterie des groupes et des comités d’entreprise qui ont surtout été touchées par la crise sanitaire.
La raison de ce maintien : les 120 hectares du parc et le besoin de reconnexion de la nature.