Mutilations : les éleveurs et propriétaires de chevaux s'organisent pour faire face

Face aux cas de chevaux mutilés qui se multiplient en France, éleveurs et propriétaires de chevaux sont de plus en plus inquiets. A chacun sa méthode pour lutter contre ces actes de cruauté mais souvent, on privilégie la mise à l'abri des animaux et l'intensification des surveillances. 

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Au centre équestre de Saint-Avold en Moselle, la mesure est radicale. Hormis une petite sortie d’une à deux heures chaque jour, séjour obligatoire dans les boxes pour la cinquantaine de chevaux qui résident dans ce lieu située à la lisière de la forêt d’Oderfang. "Je ne dors pas trop bien en ce moment" avoue Jérémie Hettinger, bénévole en charge du gardiennage des lieux, "je suis inquiet. C’est déjà pas facile en temps normal de surveiller cet espace qui est grand mais là, aller voir alors qu’il y a des gens potentiellement dangereux, ça ne me met pas trop en confiance. Les propriétaires aussi sont inquiets. C’est une situation très anxiogène car les malfaiteurs ne reculent devant rien."

C’est une situation très anxiogène car les malfaiteurs ne reculent devant rien.

Jérémie Hettinger, chargé de gardiennage au Centre équestre

A cette époque de l’année, les chevaux profitent encore du beau temps et séjournent normalement dehors. Mais cette année, en raison de la multiplication des agressions contre les chevaux sur tout le territoire, c’est une toute autre histoire. "C’est vrai qu’à la fin de l’été, les chevaux adorent courir à l’air libre" poursuit Jérémie, "mais on a préféré les rentrer tous même si ça nous procure davantage de travail. Côté surveillance, j’effectue une première ronde le soir, puis une ou plusieurs la nuit aussi, de façon aléatoire… comme ça, dès que je me réveille."

C’est une forme de terrorisme animalier.

Jean-Pierre Burger, professeur d'équitation

Le choix du centre équestre de Saint-Avold est loin d’être un cas isolé. D’autres propriétaires Lorrains ont même fait le choix d’installer des caméras et de faire appel à d’autres moyens de surveillances comme des brigades canines. "C’est une forme de terrorisme animalier" analyse Jean-Pierre Burger, professeur d'équitation et enseignant itinérant qui intervient auprès de nombreux centres équestres lorrains, "on ne sait pas d’où ça vient mais on voit bien le résultat. Et c’est terrible ! On évite d’en parler toute la journée mais l’inquiétude est générale pour les cavaliers mais aussi les propriétaires car les agressions ont lieu un peu partout en France."

Ces derniers mois, plus d'une trentaine de cas dans plus d'une dizaine de départements ont été recensés. Et les questions sont toujours aussi nombreuses. "Le cheval est le meilleur ami de l’homme. C’est un animal pacifique et on est tous révolté par ce qui se passe" poursuit Jean-Pierre Burger, "on ne comprend pas. Que recherchent ces personnes à travers leurs actes ? Est-ce un jeu, un rite… On se pose des questions. Et pour les forces de l'ordre, c’est extrêmement compliqué à gérer car les éleveurs ont de grandes étendues de pâtures 100 à 150 ha, c’est quasiment impossible de faire de la surveillance ou des tours de garde efficaces."
Céder à une forme de paranoïa, c’est aussi le danger. Mélissa, propriétaire d’une jument en Moselle, en est bien consciente. Et pour elle, "malgré la peur", hors de question d’enfermer sa protégée dans un boxe. "Je n’ai pas fait le choix de la rentrer plus tôt. J’estime que je la priverais de sa liberté. Je suis inquiète, bien évidemment. Mais je viens la voir chaque jour, quand je viens voir ma jument. Je ne comprends vraiment pas comment on peut faire du mal à un animal aussi brave, gentil et pacifiste. Je ne comprends pas J’essaye de ne pas trop y penser mais je n’ai qu’une seule hâte : qu’on mette la main sur ces personnes afin d’être tranquille." Lors d’un déplacement vendredi 28 août dans un centre équestre de Saône-et-Loire où l’oreille d’un cheval a été coupée, le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie a promis "la mobilisation de tous les services pour que justice passe."
 
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