Prêtre soupçonné d'abus de faiblesse sur des paroissiennes, un avocat demande le réexamen de plusieurs plaintes

Entre 2015 et 2020, cinq plaintes ont été déposées contre un abbé de Moselle pour abus de faiblesse sur personne vulnérable. Profil des plaignantes : des paroissiennes âgées, veuves et relativement fortunées. Les plaintes sont classées sans suite mais un avocat relance le dossier.

Entre 2015 et 2020, cinq plaintes sont déposées contre un abbé exerçant en Moselle-Est par des paroissiennes, leurs familles ou l'organisme de tutelle chargé de s'occuper d'elles. Elles sont toutes classées sans suite par le parquet de Sarreguemines (Moselle).

"Un classement sans suite du parquet ne signifie pas la fin de l'enquête pénale", explique l'avocat Thomas Hellenbrand, qui a demandé le réexamen de plusieurs plaintes pour abus de faiblesses sur des paroissiennes âgées, déposées ces dernières années contre un prêtre toujours en poste mais initialement classées sans suite.

"Ma cliente est une dame d'un certain âge" poursuit l'avocat messin, "elle s'exprime avec tout le sérieux et toute la désapprobation qu'elle peut avoir à l'égard du comportement qu'elle estime coupable d'un homme d'Église. Elle estime qu'il a commis un abus de faiblesse".

Le procureur général de Metz, François Pérain, a indiqué à l'AFP ce dimanche 12 novembre 2023 être toujours "en attente d'explications complémentaires du procureur de Sarreguemines", à qui il compte "demander le regroupement de toutes les procédures" concernant l'homme d'Église pour "faire un point global".

Toujours en poste

"Bien évidemment, tout le monde, quelles que soient ses fonctions, bénéficie de la présomption d'innocence" ajoute Thomas Hellenbrand, "maintenant, il me semble que de son côté, les autorités cléricales devraient aussi faire attention et ne pas exposer des croyants aux potentiels méfaits d'un membre de l'Église". Car l'abbé D. a été installé comme nouveau curé à l'église Saint-André du Sablon à Metz en septembre dernier, en se gardant "d'évoquer la mauvaise réputation qui le précède depuis une dizaine d'années, même si elle peine à sortir des murs de l'Église. Certaines paroisses se sont cependant officiellement déjà opposées à sa venue", rapporte Le Parisien.

Ce qui m'inquiète, c'est que cet homme d'Église n'a jamais été écarté des fidèles malgré ces accusations

Thomas Hellenbrand avocat

"Ce qui m'inquiète, c'est que cet homme d'Église n'a jamais été écarté des fidèles malgré ces accusations. Comme toujours dans l'Église, une fois qu'ils font partie du sérail, on les garde" s'interroge Thomas Hellenbrand, "pour la personne que je représente, j'avais alerté l'évêché. On m'a dit grosso modo : "bien sûr bien sûr", "mais on a fait ce qu'il fallait" alors qu'en fait, on confie une nouvelle paroisse à l'intéressé. Cette ambiguïté m'a semblé particulièrement choquante".

L'une des plaintes déposée en février 2020 pour abus de faiblesse sur une paroissienne, a fait l'objet cet été d'une demande de réexamen auprès du procureur général de Metz. Me Thomas Hellenbrand a aussi saisi de cette affaire le Tribunal pénal canonique national à Paris.

Interrogé, l'évêché de Metz confirme avoir "eu connaissance de deux plaintes", permettant de diligenter en août 2019 une "enquête préliminaire canonique". "Mais faute d'éléments suffisants et caractérisés, aucun procès canonique n'a suivi", précise l'évêché.
Pourtant, l'Église avait été informée de la situation bien plus tôt, par le biais l'une lettre, envoyée en janvier 2016 à l'évêque de Metz de l'époque, Mgr Lagleize, pour dénoncer l'attitude du prêtre.

"Il s'est introduit dans notre famille comme un gourou", écrivait le fils d'une paroissienne, évoquant comment le curé avait par exemple acquis en 2014 la nue-propriété d'un chalet par falsification de signatures, en profitant de la vulnérabilité de la victime, ou s'était fait remettre 10.000 euros en liquide.

Interrogé sur ces plaintes, l'abbé n'a pas souhaité s'exprimer puisque "rien du tout n'a été prouvé", selon lui. (Avec AFP)

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