Projet de sauvetage de la culture confinée : un grand flou artistique

Le Président de la République et le ministre de la Culture ont annoncé  mercredi 6 mai les aides au secteur ainsi que la réouverture dès le 11 mai des lieux de culture comme certains musées. Mais qu'en pensent les professionnels? Exemple à Metz.

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Depuis le début de la crise du coronavirus, la culture a paru être la grande oubliée du gouvernement tant au niveau de la communication que des mesures concrètes annoncées pour ce secteur.

D'annulations de festivals en reports de spectacles, d'arrêts de tournages en fermetures de sites culturels, les professionnels du secteur ont tiré à plusieurs reprises le signal d'alarme: lettres ouvertes, tribunes, pétitions...le ''silence'' de l'exécutif et en premier lieu du ministre de la culture, Franck Riester ont été pointé du doigt.
C'est dire si les annonces du mercredi 6 mai étaient attendues.

C'est le Président de la République lui-même, après de longs échanges en matinée avec des professionnels du secteur qui a tracé à la mi-journée les grandes lignes du plan d'aide.

Voici les principales annonces:

  • Création d'un fonds d'indemnisation pour  les tournages annulés. Les séries,  les tournages de cinéma  à l'arrêt actuellement devraient bénéficier ''au cas par cas'' de ce fonds géré en concertation par l'état, les assureurs et les professionnels.
  • Les droits des intermittents du spectacle prolongés jusqu'à l'année prochaine. C'était une des principales demandes de la profession; permettre qu'une année blanche soit décrétée, afin que les intermittents du spectacle soient couverts par l’assurance-chômage durant cette période. De fait les intermittents devront réaliser leurs 507 heures (minimum requis donnant ouverture à indemnisation) annuelles d'ici au mois d'août 2021. Le temps que l'activité redémarre.
  • Un grand programme de commandes publiques pour relancer la production. L'Etat devrait lancer un grand programme de commandes pour donner des signes encourageants et permettre à tout un secteur de redémarrer. Ceci inclurait également des missions dans les écoles où les artistes sont invités à se rendre pour des missions qui seraient rémunérées par l'Etat.

"Qu'on met le paquet, que ce soit les métiers d'art, les spectacles vivants, la littérature, les arts plastiques...Je pense en particulier aux créateurs de moins de 30 ans"
-Emmanuel Macron

 Le chef de l'Etat a indiqué que le 11 mai certains lieux de culture comme les librairies, disquaires, médiathèques, galeries d'arts, certains musées pourraient rouvrir à condition de pouvoir gérer les flux de visiteurs.
A la fin du mois de mai, il sera peut-être possible d'aller plus loin dans le déconfinement.

Les concerts, événements et festivals de plus de 5.000 personnes sont interdits jusque fin août

A la suite du chef de l'Etat, le ministre de la Culture, Franck Riester a précisé l'ensemble des mesures et dispositifs évoqués ainsi que le calendrier.
Toutes ces annonces sont-elles de nature à rassurer les professionnels? Nous avons posé la question à Amandine Truffy qui dirige une compagnie théâtrale, Pardes Rimonim, à Metz.

Si la mesure concernant les intermittents satisfait aux demandes de la profession le reste parait pour l'instant assez flou.

Absence de conceration

Un exemple concret? Le chef de l'Etat  a évoqué la possibilité de faire venir  les artistes dans les écoles, une façon de faire entrer la culture dans les classes et de donner des contrats aux professionnels.
Effet d'annonce et improvisation totale selon Amandine Truffy qui précise que ''les artistes sont depuis longtemps dans les écoles à travers des ateliers notamment''. 
Pour la seule ville de Metz près de 30 artistes en résidence qui ne pourront pas, toujours selon la comédienne,  poursuivre le travail entamé dans les écoles.

"Comment voulez-vous que les artistes qui ne pourront pas terminer le travail déjà entrepris dans les écoles, en commencent un autre et dans quelles conditions? Alors même que les directeurs d'écoles leurs ont signifié à juste titre qu'en vertu de leur  protocole sanitaire ils ne pourront plus les accueillir?"

Il s'agit bien d'un effet d'annonce, sans aucune concertation préalable avec les organisations syndicales de nos professions.
- Amandine Truffy  
 

Autre point abordé par le chef de l'Etat et par le ministre de la culture, la possibilité pour les professionnels de ''réinvestir '' des lieux culturels pour y travailler, pour le moment sans public bien sûr. Là encore l'artiste dramaturge et commédienne, membre de la délégation Grand Est du Syndicat National des Entreprises Artistiques et Culturelles, le Syndeac pointe un effet d'annnonce sans concertation préalable et au final un certain flou artistique, car rien pour l'instant n'indique de quelle façon les professionnels du spectacle peuvent se remettre au travail et que les organisations syndicales n'ont pas été conviées à une réflexion d'ensemble sur les conditions d'une reprise.

Encore une fois nous apprenons les choses d'en haut.
 

- Amandine Truffy, Compagnie Pardes Rimonim

 
L'artiste Amandine Truffy, réagit aux annonces d'Emmanuel Macron pour la culture ©France 3 Lorraine

Flou, absence de consultation et injonctions contradictoires, les acteurs du spectacle vivant comme Amandine Truffy regrettent, hormis les mesures pour les intermittents, que le projet de sauvetage de la culture soit encore ''si vague''.

Le président de la République et le ministre de la culture Franck Riester ont également annoncé la réouverture de lieux culturels comme certains musées par exemple. En France outre les 48 musées nationaux gérés par l'Etat, il en existe plus de 1.200, la plupart gérés par les collectivités locales. 

Voile à peine levé 

A Metz, c'est le cas du Musée de la Cour d'Or qui dépend de Metz-Métropole.
Fermé depuis le 13 mars à 17 h,  le musée pourrait donc rouvrir mais ''certainement pas le 11 mai, ni même le 18 ou le 24'' selon son directeur Philippe Brunella.
En effet les conditions de la réouverture de l'établissement ''souhaitée et souhaitable par tous'' sont soumises au préalable à un plan de reprise de l'activité.

Une équipe restreinte y travaille d'ailleurs, qui devra soumettre aux organisations syndicales et au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT)  ce plan définissant les conditions de fonctionnement dans le cadre de la pandémie.
Décision sera ensuite prise par la métropole quant à la réouverture, qui pourrait intervenir selon certaines sources au mois de juin.
Philippe Brunella, qui travaille à ce plan, estime qu'un lieu comme le musée de la cour d'or offrira avec ses 6000 mètres carrés de circuits d'exposition toutes les garanties nécessaires à la distanciation.

Le directeur de musée se  félicite que le chef de l'Etat et le ministre de la culture aient annoncé la perspective de la réouverture progressive des lieux de culture lorsque c'est possible.

''L'ouverture des musées et autres centre culturels comme Pompidou-Metz va permettre aux citoyens de sortir en petits comités, et d'avoir à nouveau un rapport au beau, à l'Histoire au patrimoine... Et de faire baisser -un peu- le niveau d'anxiété générale''.
-Philippe Brunella, directeur du Musée de la Cour d'Or


Le voile est levé -pas assez pour de nombreux acteurs culturels- sur les grandes orientations du plan pour la Culture, secteur très impacté par cette crise, pour ne pas dire sinistré.
Reste à présent à appliquer des mesures concrètes car le diable comme on le sait se cache toujours dans les détails.

 
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