REPLAY - Municipales 2020 : ce qu’il faut retenir du débat à Metz

Ce mercredi 24 juin à 18h, les candidats à l'élection municipale de Metz se sont réunis sur le plateau de France 3 Lorraine pour débattre pendant 40 minutes.

A Metz, le second tour de l’élection municipale prendra la forme d’une triangulaire ce dimanche 28 juin. La dynamique est du côté de la liste LR de François Grosdidier, qui est arrivée en tête du 1er tour, avec 29,8% des voix, devant la liste EELV de Xavier Bouvet (25%), et la liste RN de Françoise Grolet (11,8%).

Les thèmes de l’attractivité et de l’emploi ont été abordés, ainsi que l’environnement, la vie culturelle et sportive, mais aussi l’Europe. Voilà ce qu’il faut en retenir.

Abstention record

Le scrutin, en pleine crise sanitaire, a peu mobilisé les Messins, bien moins que dans les autres préfectures de Lorraine. Moins d'un électeur sur trois a voté (31,4%). D’entrée, sur ce sujet, la candidate Françoise Grolet du Rassemblement National souligne "le discrédit qui frappe la politique" dénonçant "les choix désastreux des partis qui se sont succédés au pouvoir, droite comme gauche, que mes concurrents représentent" entamant le débat sur un registre contestataire, qu’elle ne quittera pas. François Grosdidier rétorque que "les élections municipales ne sont pas le positionnement d’un parti". De son côté, le candidat d’EELV soutenu par le maire sortant Dominique Gros (PS) souligne "la catastrophe des sables mouvants de l’abstention" ne relevant pas la pique de Françoise Grolet.

Surfaces commerciales en périphérie

Si l’attractivité du centre-ville est un thème cher aux trois candidats, les solutions qu’ils proposent pour redynamiser le cœur de ville divergent. Xavier Bouvet fait de sa lutte contre l’expansion des surfaces commerciales en périphérie, son cheval de bataille. Le candidat LR, lui, insiste pour "ne pas se barricader en centre-ville, ne pas rendre prohibitif l’accès en voiture" tout en se défendant de n’avoir pas pu empêcher le développement des zones commerciales en périphérie en tant que vice-président de la métropole. Françoise Grolet, quant à elle, propose "la priorité locale", dans la logique de son parti, en "soutenant nos entreprises, nos artisans et commerçants dans les achats publics". Elle propose également de rendre gratuit le stationnement en centre-ville jusqu’à la fin de l’année.

Emplois

Sur l’emploi, François Grosdidier s’étonne d’avoir un taux de chômage anormalement haut alors qu’il y a deux marchés du travail, en France et au Luxembourg. Il propose donc de développer la logistique transfrontalière. Le candidat écologiste parle "d’accompagner l’industrie automobile dans sa transition vers le non thermique, mais aussi de nouvelles filières dans le traitement des déchets". Il en profite pour déplorer l’extension commerciale qui serait "une économie cannibale d’emplois". Françoise Grolet décide encore sur ce point d’attaquer ses deux concurrents en dénonçant "les responsabilités des deux partis (LR et PS) dans la destruction de l’emploi public" et en profite donc pour rappeler régulièrement le soutien du maire sortant PS à Xavier Bouvet et la présence de neuf anciens adjoints PS parmi ses colistiers. "La liste Bouvet, c’est une des plus fortes hausses de la taxe foncière en France, +42%. François Grosdidier a été le maire de Woippy, une des villes les plus endettées de France" renchérit-elle sur la fiscalité. Si Xavier Bouvet, encore une fois, esquive l’attaque, le candidat LR quant à lui, réplique en défendant son bilan "la ville de Woippy a redémarré avec un formidable dynamisme démocratique par des investissements massifs ». Il essaie ensuite de replacer le duel entre lui et le candidat des Verts, les deux principaux favoris de ce deuxième tour, en dénonçant l’attitude "cocasse" de Xavier Bouvet, qui aurait été "responsable du départ d’un hôpital qu’on a empêché de s’étendre, ou encore de commerces".

Trois candidats verts

Là encore, les trois candidats se targuent d’un programme vert. Mais du côté RN, on dénonce le dogmatisme et l’idéologie anti-voiture dont se défend tout à fait la tête de liste de gauche : "On est menacé de thrombose, il faut fluidifier les artères" martèle t-il en modérant ses propos, rappelant qu’il se positionne "contre toute action anti-voiture s'il n’y a pas d’efforts très nets en faveur des bus, des vélos, et des piétons ». Xavier Bouvet veut "densifier le réseau de transport, le rendre plus tardif et favoriser les mobilités douces". La candidate RN, de son côté, veut "une tolérance zéro contre les rodéos sauvages et le stationnement gênant" et accuse "l’augmentation du ticket de bus et la suppression du dépose-minute pour construire le siège de Metz Métropole". François Grosdidier, qui joue la carte du rassemblement au milieu de l’échiquier politique (la liste DVC conduite par Béatrice Agamennone s’est ralliée à lui), se dit éloigné de la vision de "l’ultra gauche et l’ultra droite" accusant comme sa concurrente à sa droite "la politique d’interdiction de la voiture qui est un cadeau aux commerces des périphéries". Se positionnant comme le candidat du "rassemblement", il récuse alors sur le plateau "le tout collectif et le tout individuel" et souhaite une troisième ligne métis "qui ne doit pas être fait à la hache" en proposant notamment des navettes fluviales sur la Moselle.

Passe d’arme alors entre les deux favoris. Xavier Bouvet reproche au candidat LR de s’en prendre à lui avec véhémence alors qu'il n'a pas exercé de mandat, qu'il n’avait qu’un rôle consultatif et aucun pouvoir en tant que directeur de l’agence Inspire Metz tandis que le candidat de droite "a exercé la totalité des mandats sur les territoires mosellans depuis trente ans [maire, sénateur, député, métropole]". Et François Grosdidier de lui rétorquer : "le dauphin du maire de Metz, qui a été son collaborateur pendant une décennie, n’était d’accord avec rien de ce qu’a fait le maire de Metz ? Ça c'est cocasse".

La candidate RN, en manque de confrontation depuis quelques minutes, s’invite alors dans la joute en reprochant au candidat LR "d’oublier ses responsabilité à Metz métropole". A François Grosdidier qui s’insurge alors, Françoise Grolet lui assène "d’être à la limite du sexisme" et "de s’en prendre toujours à une femme". Ce à quoi répond l’ancien maire de Woippy, "vous m’attaquez depuis le début, je vous réponds."

Verdir le centre-ville

Car en effet, la candidate RN qui lorgne sans doute sur l’électorat de son concurrent LR continue de renvoyer systématiquement les deux autres candidats à leur bilan : "ils ont soutenu le bétonnage de zones par exemple de Muse amphithéâtre et l’extension du technopôle à Grigy". "L’écologie n’est pas qu’une pompe à fric ou à électeurs" martèle Françoise Grolet, proposant une large place à la nature dans la ville avec des jardins pour les familles, les écoles et le nettoyage des berges de la Moselle et de la Seille. Xavier Bouvet, qui a dit par ailleurs regretter l’extension du Technopôle, avance ses propositions sur les jardins familiaux, sans répondre aux attaques frontales de la candidate RN.

Par contre, François Grosdidier affirmant que "le RN est le parti le plus climato-sceptique" enchaîne avec une longue tirade défendant son bilan puis rejoignant ses concurrents sur la place importante qui doit être attribuée aux espaces verts dans le centre : "il faut qu’on ait un jardin public à moins de 500 mètres de chaque habitation".

Culture et sports

"La question sportive, c’est la question du vivre-ensemble, de la santé publique, du lien social, de la cohésion dans la cité, de la compétition et de l’attractivité" déclame Xavier Bouvet dans une tirade toute politicienne, "encore faut-il établir les règles du jeu". Le candidat de gauche propose d’instaurer des subventions sur trois années pour permettre aux clubs une visibilité et pour "ne pas être sous la menace du couperet chaque année". Françoise Gourlet se dit "tout à fait d’accord" avec cette proposition qui doit être "valable aussi pour les associations". Ayant visiblement choisi son adversaire de la soirée, elle en profite pour rappeler que "le sport ne peut être dissocié du communautarisme qui affaiblit la concorde républicaine" et de glisser vers un autre sujet qui lui tenait manifestement à cœur : "le financement culturel et cultuel d’une mosquée à Woippy" sous le mandat municipal de François Grosdidier.

"Permettre aux musulmans de pratiquer leur culte comme tous les autres" répond rapidement l’actuel sénateur avant de s’enflammer sur le sport et la culture, "facteurs d’épanouissement personnel, de concorde, d’émotions partagées quand on est tous derrière nos équipes ou qu’on partage de grands événements culturels. Ça commence par les enfants et le retour à la semaine des quatre jours". Le candidat LR appelle également à "ne pas réduire les subventions d’associations".

Sur ce thème, le candidat de gauche rappelle les "grandes vitrines et locomotives culturelles de Metz" mais appelle à être "attentif au tissu artistique dont les librairies indépendantes font partie" et dont il propose de les exonérer de la contribution foncière. Françoise Grolet appelle de son côté à créer un pôle seniors dans chaque quartier de la ville avant d’appeler "à l’inverse d’une culture élitiste bobo, à faire briller l’identité de Metz dans les festivités populaires".

L’Europe

Approchant la fin du débat, les tirades élogieuses sur la ville mosellane se multiplient. "Une ville formidable, qui doit rayonner en Europe, ou je veux voir autant de bateaux que de gondoles à Venise" lâche François Grosdidier. "Metz est française et européenne, avec plusieurs couches d’écritures historiques, romane, germanique, comme un palimpseste" déclame de son côté Xavier Bouvet. Françoise Grolet déplore quant à elle d’avoir vu Metz"perdre le rôle de capitale régionale" et espère retrouver le rôle de "ville carrefour et européenne".

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