L’artiste franco-sarrois Patrick Jungfleisch expose la première grande rétrospective de son œuvre à la galerie Zimmerling & Jungfleisch de Sarrebruck jusqu’au 23 février 2019. Issu du monde du graffiti, son travail se tourne désormais vers l’abstraction.
« Je m’en remets beaucoup au hasard, j’essaye de donner du mouvement et de la dynamique, mais j’aime aussi ne pas contrôler tout ce qui se passe sur la toile »
Il vient de poser ses pinceaux dans son nouvel atelier, situé à seulement quelques dizaines de mètres de sa galerie. Au sol, une immense toile prête à absorber l’acrylique. A la manière de Jackson Pollock, auquel il ressemble même un peu physiquement, Patrick Jungfleisch projette la peinture sur le support, en tournant régulièrement autour. Son pinceau est un balai bricolé pour l’occasion. Les gestes sont vifs, assurés.
« J’ai toujours peur d’en faire trop, là je vais laisser la toile sécher, et on verra dans quelques jours comment ça va évoluer : elle ne va pas rester comme ça, je vais ensuite la retravailler à la bombe »
La bombe de peinture a longtemps été son médium préféré. Issu du monde du graffiti, adepte des murs et des friches, il est reconnu depuis les années 90 en Sarre et en Allemagne comme un des pionniers de ce qu’on appelle aujourd’hui le street-art.
Ancien professeur d’arts plastiques, il a participé aux lancements des expositions Urban Art à la Völklinger Hütte, l’ancienne usine sidérurgique reconverti en lieu d’expositions. Grâce à son réseau, Patrick Jungfleisch a permis au site d’accueillir les plus grands noms du genre, dont l’américain Shepard Fairey ou le parisien Space Invader.
Il garde un goût amer de cette collaboration : l’institution a profité de ses connaissances pour faire de ses expositions des références en Europe, mais elle l’a remercié dès qu’elle a estimé ne plus avoir besoin de lui.
Pas revanchard, mais déterminé, Patrick Jungfleisch a poursuivi dans sa voie en créant il y a quelques années sa propre galerie à Sarrebruck, avec un associé.
« Le monde du graffiti est un milieu où tout le monde se connaît, et essaye de s’entraider :
et dont je comprenais la démarche qui consiste à faire entrer des œuvres issues de la rue dans le cadre des galeries et des musées »j’ai toujours voulu exposer d’autres artistes que j’appréciais,
L’artiste-galeriste a déjà investi plusieurs centaines de milliers d’euros dans sa galerie, située dans un ancien atelier de réparation de bus, à deux pas de la gare de Sarrebruck.
Il a rendez-vous prochainement avec un investisseur qui est prêt à investir pour développer son activité à l’étranger notamment : Sarrebruck reste une petite ville, où les collectionneurs se comptent sur les doigts d’une main. Grâce à cet investisseur, Patrick espère ouvrir des galeries à Paris, New York, où il passe plusieurs mois par an, et en Chine où se trouve désormais le plus important marché de l’art contemporain. Du passé le graffiti ?
« Contrairement à ce que pense le grand public, le monde du graffiti est un milieu très conservateur, rigide, avec des règles et des écoles, des tabous… C’est pas du tout comme ça que je vois les choses désormais, j’ai besoin de liberté et je la trouve dans l’abstraction »
Above, l’exposition de Patrick Jungfleisch se tient jusqu’au 23 février 2019 dans sa galerie, au 27d EuropaAllee de Sarrebruck.