Un bateau laboratoire allemand sillonne les rivières Moselle et Sarre pour détecter les polluants cancérogènes. Une opération sanitaire exceptionnelle effectuée dans le cadre de la coopération transfrontalière
Un bateau laboratoire allemand sillonne la Moselle et la Sarre afin de détecter les polluants cancérogènes présents dans les eaux des deux rivières. Une opération sanitaire effectuée dans le cadre de la coopération transfrontalière entre la France, l'Allemagne et le Luxembourg. Prêté à l'Agence de l'eau Rhin-Meuse par les ministères de l’environnement de Rhénanie du Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat, le Max Prüss va effectuer les 5 et 6 mai 2023, des prélèvements de moules d'eau douce entre les villes d'Apach (Moselle) et Custines (Meurthe-et-Moselle).
L’eau n’a pas de frontière. Nous sommes tous à l’amont et à l’aval de quelqu’un, donc nous travaillons ensemble pour faire des diagnostics partagés
Miguel Nicolaï, expert en toxicologie à l'Agence de l’eau Rhin-Meuse
Les moules zébrées, indicatrices de la qualité des eaux
Les moules zébrées présentes dans les deux cours d'eau sont des coquillages bivalves filtrants. Elles sont considérées par les scientifiques comme de précieux bioindicateurs sur l'état sanitaire des eaux. Le Max Prüss est équipé d'un grappin afin de prélever des pierres d'enrochement des berges sur lesquelles sont accrochées les moules d'eau douce.
Elles sont immédiatement étudiées dans le laboratoire flottant qui dispose de tout l'équipement nécessaire aux analyses. Les scientifiques recherchent les polluants, en particulier ceux de la famille des HAP (Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques) classés comme cancérogènes.
En plus de mieux connaitre l'état de santé des deux rivières, cette campagne de prélèvement et d'analyses de ces précieux auxiliaires scientifiques vise un second but. Il s'agit pour les chercheurs de l'université de Lorraine embarqués à bord du Max Prüss de comprendre comment ces organismes s'adaptent aux changements d'état du milieu dans lequel ils sont immergés.
C'est la mission de Sandrine Pain-Devin, enseignant-chercheur au laboratoire interdisiplinaire des environnements continentaux : " je prélève un organe en particulier qui va nous servir à suivre la réponse biologique de ces organismes vis-à-vis d’une éventuelle contamination chimique."
Les résultats des analyses seront connus dans un an. Le temps de comprendre les raisons de la présence ou non de polluants dans les coquillages filtrants qui peuplent nos deux cours d'eau, ainsi que leurs mécanismes d'adaptation.