Ligue de protection des oiseaux, L214 ou encore Atmo… les associations de protection de l'environnement ou des animaux ont décidé de rentrer dans le débat politique aux élections municipales 2020. Une façon pour elles de donner de la voix à des causes qu'elles défendent depuis des années.
Toutes partagent le même constat. Les combats qu'elles mènent depuis des années, voire des décennies, trouvent échos auprès de l'opinion publique. Ce qui leur a donné une idée. Entrer dans le débat démocratique à l'approche des élections municipales 2020, et toucher ceux qui façonnent la vie politique : les élus. Les associations de protection de l'environnement, comme Atmo Grand Est, ou de protection des animaux comme L214 et la Ligue de protection des oiseaux de Champagne-Ardenne, s'immiscent dans les affaires de la cité.
"On propose nos services aux futurs candidats"
Que ce soit pour protéger les animaux ou l'environnement, les futurs édiles ont le pouvoir de faire changer certaines choses. Le tout, sans mettre en danger le budget de la commune. "Comme changer les pratiques de fauche, expose Aurélien Deschats, chargé de mission à la LPO Champagne-Ardenne. En laissant les herbes hautes, cela laisse des graines pour les oiseaux qui peuvent se nourrir."Il faut dire que l'écologie a le vent en poupe. Dans un sondage Odoxa CGI pour Franceinfo publié en décembre dernier, l'environnement et la lutte contre la pollution étaient placés en deuxième position des préoccupations des Français aux élections municipales. À Reims notamment, les affiches de tous les candidats se sont verdies. L'occasion pour les associations de venir leur proposer leur expertise. "En tant qu'association, on ne veut pas rentrer dans le débat droite/gauche, explique David Rozenfarb, d'Atmo Grand Est, qui alerte sur la pollution de l'air. On veut faire passer un message, se faire connaître." Et Aurélien Deschats, chargé de mission à la LPO d'ajouter, après avoir rappelé que des espèces locales disparaissent à petit feu.
On veut une prise de conscience. On a l'impression que l'opinion publique évolue beaucoup plus vite que nos élus sur la question de la biodiversité. Notre intérêt n'est pas dans le clivage. Il faut que tout le monde aille dans le même sens.
- Aurélien Deschats, chargé de mission à la LPO Champagne-Ardenne.
Atmo et la LPO l'affirment, pas question de contraindre les candidats. Les deux associations le constatent, elles sont là pour aiguiller les candidats, leur apporter conseil et expertise. Un peu comme un cabinet de conseil, mais gratuit. "On voit bien que certains candidats y croient plus que d'autres, concède Aurélien Deschats. Mais du moment qu'à l'arrivée, on voit les résultats, c'est tout ce qui nous importe."
Des associations qui s'appuient sur des sondages
Pour faire comprendre aux candidats leur nécessité, les structures s'arment d'arguments et de sondages. De quoi prouver leur légitimité. Par exemple, L214 a commandé une enquête Ifop selon laquelle 7 Français sur 10 trouvent important que les futurs maires incluent la protection animale dans leur programme. La LPO a également sollicité son sondage Ifop en mars 2018. Il en ressort que "85% des Français pensent que l'Etat et les élus n'ont pas pris conscience de la gravité de la situation en matière de biodiversité et ne font pas ce qu'il faut." Du côté d'Atmo, l'association environnementale a lancé un questionnaire en ligne pour sensibiliser citoyens et élus à la problématique de la pollution atmosphérique. Si Atmo n'a pas encore été sollicitée par des futurs élus, elle a enregistré de nombreuses recherches de la part d'internautes rémois, troyens, chalonnais et carolos.Si la LPO et Atmo proposent leurs services aux candidats, L214 préfère s'assurer que les futurs élus qui s'engagent respectent leur parole. "On souhaite mobiliser l'expertise des candidats et des élus, explique Erwin Schildknecht, chargé d'affaires politiques. Surtout, on veut qu'ils s'engagent à prendre des mesures fortes et à s'intéresser à ces sujets-là." En novembre 2019, L214 répertoriait toutes les compétences des maires en matière de protection animale : interdiction de cirques avec des animaux, des menus végétariens dans les cantines scolaires ou encore la stérilisation des chats errants.
Pour l'heure, seul le socialiste Eric Quénard à Reims a signé la charte de L214. Côté LPO, on affirme que des candidats de Saint-Dizier et Châlons-en-Champagne les ont approchés, ainsi que des villages. En espérant que leurs conseils ne se transforment pas en éternelles promesses, dont on sait bien qu'elles n'engagent que ceux qui y croient.