Une partie des fonctionnaires de tout le pays est descendue manifester dans les rues, ce mardi 19 mars. Elle réclame une revalorisation des traitements (revenus) des personnes travaillant en hôpital, en mairie, ou encore dans les écoles. Une mobilisation mitigée en Champagne-Ardenne.
Rendez-vous était donné ce mardi 19 mars 2024. Un appel national à la grève a été lancé par les syndicats auprès des fonctionnaires d'État, territoriaux, et hospitaliers.
Le mouvement n'a pas été très suivi. À Reims (Marne), 300 personnes ont protesté devant la sous-préfecture. Isabelle Griffon, journaliste de France 3 Champagne-Ardenne, a tendu le micro à Yohan Odivart, enseignant membre du Syndicat national des enseignements de second degré Fédération syndicale unitaire (Snes-FSU). "Au niveau de la fonction publique, les salaires sont gelés depuis très longtemps. Il y a eu une petite hausse qui ne compense même pas la hausse de l'inflation continue."
"On revendique une augmentation des salaires, mais plus généralement, des moyens pour que la fonction publique puisse dignement servir le public. Au niveau de l'Éducation nationale en particulier, en réponse à ce gel des salaires, on nous a proposé l'année dernière un pacte enseignant. Il était censé nous faire gagner plus, mais à condition de travailler plus, au détriment des élèves et du service. Car des professeurs qui ont plus de charge de travail, ce sont des professeurs qui ont moins de temps à consacrer à chaque élève."
Il regrette d'autant plus que "les réformes avancées vont dans le même sens : augmenter la charge de travail, mais en réalité diminuer la qualité du service public. C'est pour ça qu'on demande plus de moyens aujourd'hui. Car on a de plus en plus d'enseignants, notamment les plus jeunes, qui se posent la question de comment finir le mois. On a de plus en plus de démissions, et on n'a pas assez de jeunes qui veulent passer les concours. Tout simplement parce que commencer à 1,5 smic à bac+5, bizarrement, ça n'attire personne... C'est pour ça que c'est important de revaloriser les salaires, pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions, sans devoir se poser des questions de gestion de notre budget, alors que la priorité, ce sont les élèves."
L'attractivité en berne
Du côté de Charleville-Mézières (Ardennes), 250 manifestantes et manifestants se trouvaient sous les fenêtres du centre hospitalier Manchester. Sébastien Valente, reporter, a interrogé Jérémy Doucet, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT) au sein de l'hôpital. "On se mobilise pour les salaires."
"On dénonce le fait que les salaires soient insuffisants. On a du mal à en vivre. Les conséquences qui en découlent sont déplorables pour le service public à l'hôpital. L'attractivité est en baisse : on a du mal à attirer les jeunes et on a du mal à garder les anciens."
On a du mal à attirer les jeunes et on a du mal à garder les anciens.
Jérémy Doucet, secrétaire général de la CGT au sein de l'hôpital Manchester de Charleville-Mézières
"On n'est pas assez nombreux à l'hôpital. La situation crée des pénuries de personnel. En exerçant à flux tendus, on peut tout juste assurer le service et on a des conditions de travail déplorables; nos conditions d'accueil des patients le sont également. Manque de moyens financiers et manque de moyens humains : tout est lié. On ne peut pas répondre aux besoins de la population dignement : il faut prendre soin des soignants pour qu'on puisse prodiguer des soins de qualité."
Jérémy Doucet regrette "des délais de prise en charge qui augmentent", citant les images vues et revues de "brancards dans les couloirs" et de "salles d'attente archi-pleines". Et rappelle le gel du point d'indice du traitement des fonctionnaires, sur lequel le gouvernement est revenu récemment sans toutefois apporter satisfaction au regard de la forte inflation.